-
Anjela Duval
Anjela Duval née en 1905 au Vieux-Marché, près de Plouaret (Côtes-du-Nord) et morte en 1981 à Lannion est une poétesse bretonne. Elle est la fille unique d'une famille de cultivateurs, et avait repris la ferme. C'est une paysanne pauvre et simple qui écrit ses poèmes après sa rude journée de travail aux champs sur un cahier d'écolière. Elle lisait le breton depuis très jeune, mais ne s'est mise à l'écrire que dans les années 1960. Elle n'a fréquenté l'école, chez les sœurs dans la commune voisine de Trégrom, que de huit à douze ans (1917). Elle maniait assez bien le français, alors qu'elle avait appris le catéchisme en breton, comme c'était alors la règle.
Gilles Servat lui consacra une chanson justement intitulée Traoñ an Dour. Gilles Servat raconte que quand on lui disait que l'on comprenait le breton sans le parler, elle répondait pour plaisanter : « comme mon chien… ».
Ses œuvres complètes (sous le titre Oberenn glok), ont paru en 2000. Tirées en 1000 exemplaires et rapidement épuisées, elles ont été rééditées en 2005, à l’occasion du centième anniversaire de sa naissance.
Le carême des oiseaux
Nous nous déplaçons en groupes
À raser le sol :
Nos ailes sont flasques et sans force.
Nous avons froid, que nos ventres sont légers !
Nous les pauvres oiseaux sans grenier.
— Un hiver âpre depuis des semaines.
La terre a gelé, et l’eau.
Nos pattes s’engourdissent sur la branche
Où que le regard porte
Rien nulle part !… Il faut mourir.
… En tournoyant par-dessus,
Nous avons vu dans un coin de la cour
Une vieille motte : pleine de pépins.
Hélas !… Le marc est gelé.
— Brrr… Allons jusqu’au tas de paille.
Ô joie !… De l’avoine noire. Du grain roux.
Que les poules ont oubliés ?
Qu’on a répandus pour nous ?
Un enfant ? un vieux ? une femme charitable ?
— Cœur généreux, merci à vous !…
Nous épluchons le grain à la hâte
En sautillant, en piaillant…
— Une ombre ? Le chat noir ?… Méfiance !
Ffrrou… Cherchons fortune ailleurs.Anjela Duval
et, si vous connaissez le breton :
Koraiz an evned
Kantren ‘reomp a vagadoù,
‘N ur darnijal izel-izel :
Laosk ha dinerzh hon divaskell.
Riv hon eus, ha skañv hor c’hofoù !
Ni evned paour hep grignoloù.
— Goañv start ‘baoe sizhunvezhioù.
Skornet an douar hag an dour.
Klerañ ‘ra hon treid war ar skourr
Ne vern war be tu treiñ hor sell
Netra nep lec’h !… Ret ‘vo mervel.
… En ur droidellat a-us,
E korn ar porzh hor beus merzet
Ur gozh voudenn : Enni zo splus.
Siwazh !… Ar markoù zo kleret.
— Brrr… Eomp ‘trezek ar bern plouz.
O joa !… Kerc’h du. Edennoù rous.
Ankouazhet aze gant ar yer ?
Pe skuilhet ‘vidomp a-ratozh ?
Bugel ?… Den kozh ?… Maouez tener ?…
— Kalon vrokus ; warnoc’h bennozh !…
Diblusket eo ar greun gant mall
‘N ur biklammat, en ur wikal…
— Ur skeud ?… Ar c’hazh du !… Evezhiañs !…
Frrrou… D’ul lec’h all da glask hor chañs.
-
Commentaires