• Federico Garcia LORCA (quatre ballades jaunes)

     

     

     

     

     

     

    QUATRE BALLADES JAUNES

    La terre était
    jaune.

    Lisière d’eau,
    pastoureau.

    Ni lune blanche
    ni étoile ne brillaient.

    Lisière d’eau,
    pastoureau.

    Une vendangeuse brune
    cueillait les larmes de la vigne.

    Lisière d’eau, pastoureau.

     

     

    Federico Garcia LORCA


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  • Paul Eluard (pour vivre ici)

     

     

     

     

     

    Pour vivre ici

    Je fis un feu, l’azur m’ayant abandonné,
    Un feu pour être son ami,
    Un feu pour m’introduire dans la nuit d’hiver,
    Un feu pour vivre mieux.

    Je lui donnai ce que le jour m’avait donné :
    Les forêts, les buissons, les champs de blé, les vignes,
    Les nids et leurs oiseaux, les maisons et leurs clés,
    Les insectes, les fleurs, les fourrures, les fêtes.

    Je vécus au seul bruit des flammes crépitantes,
    Au seul parfum de leur chaleur ;
    J’étais comme un bateau coulant dans l’eau fermée,
    Comme un mort je n’avais qu’un unique élément.

     

    Paul ÉLUARD


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  • Dritero AGOLLI (Le vent)

     

     

     

     

     

    LE VENT

    Dans le vent les arbres se serrent et rapprochent leurs branches,
    Dans le vent les arbres cherchent à se tenir chaud.
    Mais nous deux ?
    Que nous sommes donc loin l’un de l’autre !
    Quel vent pourra nous rapprocher, je ne sais…

     

     

    Dritero AGOLLI


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  • Pierre Reverdy (Air)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Pierre Reverdy par Modigliani

     

    AIR

    Oubli
    porte fermée

    Sur la terre inclinée
    Un arbre tremble
    Et seul Un oiseau chante
    Sur le toit
    Il n’y a plus de lumière
    Que le soleil

    Et les signes que font tes doigts

     

     

    Pierre REVERDY


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  • Julos Beaucarne, né le 27 juin 1936 à Écaussinnes (Belgique) et mort le 18 septembre 2021, est un artiste (conteur, poète, comédien, écrivain, chanteur, sculpteur) belge, chantant en français et en wallon. Il vivait à Tourinnes-la-Grosse en Brabant wallon (Belgique).

     

    "La mort fait voyager son monde
    Tu vas plus vite que le son
    T'es partout sur la terre ronde
    T'es devenu une chanson"

     

     


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  • Edith Sodergran (Chanson...)Édith Södergran est une poétesse finlandaise d'expression suédoise née en 1892 et morte en 1923. Sa popularité en Scandinavie ne cesse de s'accroître. Elle est considérée aujourd'hui comme l'un des plus grands poètes scandinaves de ce siècle.

     

     

     

     

     

     

    CHANSON VENUE DU NUAGE

    Là-haut dans les nuages vit tout ce qu’il me faut :
    Mes doutes sûrs comme grand jour, mes certitudes promptes comme éclair,
    Et dans les nuages j’habite moi-même
    — Blanche dans le soleil aveuglant,
    Dans un bonheur inaccessible, faisant adieu de la main
    Adieu, vertes forêts de mon enfance.
    Il y a là des monstres qui hurlent —
    Je ne poserai jamais plus mon pied sur la terre.
    Un aigle m’a emportée sur ses ailes —
    Loin du monde
    J’ai la paix.
    Là-haut dans les nuages je suis assise et chante —
    En bas sur la terre dégoutte le ricanement vif-argent —
    Y croissent l’herbe-à-chaudron et les fleurs vole-en-l’air.

     

    Édith SODERGRAN


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  • Charles Beaudelaire (L'albatros)

     

     

     

     

     

    L’ALBATROS

    Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
    Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
    Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
    Le navire glissant sur les gouffres amers.

    À peine les ont-ils déposés sur les planches,
    Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
    Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
    Comme des avirons traîner à coté d’eux.

    Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
    Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !
    L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
    L’autre mime, en boitant l’infirme qui volait !

    Le Poète est semblable au prince des nuées
    Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
    Exilé sur le sol au milieu des huées,
    Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.

     

    Charles BAUDELAIRE


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  • Claude Roy (les 4 éléments)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    L'air c'est rafraîchissant
    Le feu c'est dévorant
    La terre c'est tournant
    L'eau - c'est tout différent
    L'air c'est toujours du vent
    Le feu c'est toujours bougeant
    La terre c'est toujours vivant
    L'eau - c'est tout différent
    L'air c'est toujours changeant
    Le feu c'est toujours mangeant
    La terre c'est toujours germant
    L'eau - c'est tout différent
    Et combien davantage encore ces drôles d'hommes espèces de vivants
    Qui ne se croient jamais dans leur vrai élément.

     

    Claude Roy


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  • Esther Granek (Evasion)

     

     

     

     

     

    Évasion

     

    Et je serai face à la mer
    qui viendra baigner les galets.
    Caresses d’eau, de vent et d’air.
    Et de lumière. D’immensité.

    Et en moi sera le désert.
    N’y entrera que ciel léger.
    Et je serai face à la mer
    qui viendra battre les rochers.

    Giflant. Cinglant. Usant la pierre.
    Frappant. S’infiltrant. Déchaînée.
    Et en moi sera le désert.
    N’y entrera ciel tourmenté.

    Et je serai face à la mer,
    statue de chair et cœur de bois.
    Et me ferai désert en moi.
    Qu’importera l’heure. Sombre ou claire …

     

    Esther Granek


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  • http://ekladata.com/pozBBvG9aJZiyOT7gLjjAQl3F4I.jpg

    La vague

     

    Pour se faufiler
    Dans l’étroit canal
    Qui menait au port avant les bassins,

     

    Elles se pressaient, tes vagues,
    Lors de la marée,
    Elles se bousculaient.

     

    Elles avaient besoin
    Que l’interminable
    Soit fini pour elles.

     

    Eugène Guillevic


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