• Ilire Zajmi : Valse de minuit

     

     

     

     

     

    Ce soir je me fiche du Monde
    des lumières éteintes sur les gratte-ciel
    pour la gloire et la banlieue des putes

     

    Cette nuit je me fiche de l'Art
    des amateurs d’art artistes peintres
    qui traversent un trauma artistique
    Au cinquième étage de la folie

     

    Ce soir je veux clignoter
    Comme la feuille sur l'arbre
    et glisser dans tes mains
    que tu m’aimes avec frénésie
    et me prennes dans ce lit
    Adonis de mon plateau magique.

     

    Cette nuit je veux être brûlée vive
    danser nue sur le miroir
    ce soir je me fiche des autres
    Je veux danser la valse sans fin du bonheur.

     

     Ilire Zajmi


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  • Pierre Béarn : La langouste

     

     

     

     

     

     

    Une Langouste était amoureuse

     

    Près des rochers de Douarnenez

    une langouste était éprise

    d’un loup de mer de grande race.

    Ce fut un concert de Ho-La !

    Cent poissons les montraient du doigt.

    Puis tous enfin les admirèrent

    car le spectacle qu’ils offraient

    l’un sur l’autre en caracolant

    était vraiment sensationnel.

    Mais un matin plus de langouste

    car elle était née infidèle

    sachant prendre mais sans donner.

    Fort attristé le loup de mer

    se mit quand même à la chercher

    et très vite, mais quelle horreur !

    il la découvrit prisonnière

    dans un casier de marinier

    sur un haut-fond des mortes eaux.

    – Que fais-tu là ma bien aimée

    ce piège est trop grossier pour toi.

    – Je le sais bien, dit la langouste

    mais le pêcheur est beau garçon.

    Tout d’abord le loup de mer

    crut à une plaisanterie

    mais le casier disparut

    emportant sa bien aimée.

     

     

    Pierre Béarn


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  • Le pont Mirabeau

     

     

     

     

     

     

     

     

    Sous le pont Mirabeau coule la Seine

                 Et nos amours

    Faut-il qu’il m’en souvienne

    La joie venait toujours après la peine

     

    Vienne la nuit sonne l’heure

    Les jours s’en vont je demeure

     

    Les mains dans les mains restons face à face

                 Tandis que sous

    Le pont de nos bras passe

    Des éternels regards l’onde si lasse

     

    Vienne la nuit sonne l’heure

    Les jours s’en vont je demeure

     

    L’amour s’en va comme cette eau courante

                 L’amour s’en va

    Comme la vie est lente

    Et comme l’Espérance est violente

     

    Vienne la nuit sonne l’heure

    Les jours s’en vont je demeure

     

    Passent les jours et passent les semaines

                 Ni temps passé

    Ni les amours reviennent

    Sous le pont Mirabeau coule la Seine

     

    Vienne la nuit sonne l’heure

    Les jours s’en vont je demeure

     

     

    Guillaume Apollinaire


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  • Marie de France : "Ni vous sans moi"

    Marie de France (1160-1210) est une poétesse de la « Renaissance du XIIe siècle », la première femme de lettres en Occident à écrire en langue vulgaire. Elle appartient à la seconde génération des auteurs qui ont inventé l'amour courtois.

     

     

    D'eux deux il en fut ainsi
    Comme il en est du chèvrefeuille
    Qui au coudrier se prend:
    Quand il s'est enlacé et pris
    Et tout autour du fût s'est mis,
    Ensemble ils peuvent bien durer;
    Qui les veut ensuite désunir
    Fait tôt le coudrier mourir
    Et le chèvrefeuille avec lui.
    - Belle amie, ainsi est de nous:
    Ni vous sans moi, ni moi sans vous.

     

    Marie de France


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  • Paul Verlaine : "Green"

     

     

     

     

     

    Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches,

    Et puis voici mon cœur, qui ne bat que pour vous,

    Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches

    Et qu’à vos yeux si beaux l’humble présent soit doux.

     

    J’arrive tout couvert encore de rosée

    Que le vent du matin vient glacer à mon front.

    Souffrez que ma fatigue, à vos pieds reposée,

    Rêve des chers instants qui la délasseront.

     

    Sur votre jeune sein laissez rouler ma tête

    Toute sonore encor de vos derniers baisers ;

    Laissez-la s’apaiser de la bonne tempête,

    Et que je dorme un peu puisque vous reposez.

     

     

    Paul Verlaine


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  • Baudelaire : "Inviation au voyage"

     

     

     

     

      Mon enfant, ma sœur,

      Songe à la douceur

    D’aller là-bas vivre ensemble !

      Aimer à loisir,

      Aimer et mourir

    Au pays qui te ressemble !

      Les soleils mouillés

      De ces ciels brouillés

    Pour mon esprit ont les charmes

      Si mystérieux

      De tes traîtres yeux,

    Brillant à travers leurs larmes.

     

    Là, tout n’est qu’ordre et beauté,

    Luxe, calme et volupté.

     

    Des meubles luisants,

      Polis par les ans,

    Décoreraient notre chambre ;

      Les plus rares fleurs

      Mêlant leurs odeurs

    Aux vagues senteurs de l’ambre,

      Les riches plafonds,

      Les miroirs profonds,

    La splendeur orientale,

      Tout y parlerait

      À l’âme en secret

    Sa douce langue natale.

     

    Là, tout n’est qu’ordre et beauté,

    Luxe, calme et volupté.

     

      Vois sur ces canaux

      Dormir ces vaisseaux

    Dont l’humeur est vagabonde ;

      C’est pour assouvir

      Ton moindre désir

    Qu’ils viennent du bout du monde.

      — Les soleils couchants

      Revêtent les champs,

    Les canaux, la ville entière,

      D’hyacinthe et d’or ;

      Le monde s’endort

    Dans une chaude lumière.

     

    Là, tout n’est qu’ordre et beauté,

    Luxe, calme et volupté.

     

     

    Charles Baudelaire


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  • Herménégilde Chiasson : "Dans la rue..."Considéré comme le père de la modernité acadienne, le poète Herménégilde Chiasson (1946-  ) est aussi dramaturge, cinéaste et artiste visuel. Son regard poétique original et singulier fait de lui l’un des plus grands poètes du Canada français.

     

    dans la rue une jeune femme

    une rose rouge à la main

    s’avance en souriant

    un passant distrait l’accroche

    la fleur tombe sur le pavé

    le sourire déserte le visage

    je me précipite

    à genoux sur le trottoir

     

    nos mains se touchent

    elle se relève lentement

    son rire a la fraîcheur du vent

    elle reprend la rose et la marche

    la tache rouge s’éloigne

    je voudrais la rejoindre

     

     

    Herménégilde Chiasson


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