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Ce soir je me fiche du Monde
des lumières éteintes sur les gratte-ciel
pour la gloire et la banlieue des putesCette nuit je me fiche de l'Art
des amateurs d’art artistes peintres
qui traversent un trauma artistique
Au cinquième étage de la folieCe soir je veux clignoter
Comme la feuille sur l'arbre
et glisser dans tes mains
que tu m’aimes avec frénésie
et me prennes dans ce lit
Adonis de mon plateau magique.Cette nuit je veux être brûlée vive
danser nue sur le miroir
ce soir je me fiche des autres
Je veux danser la valse sans fin du bonheur.Ilire Zajmi
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Une Langouste était amoureuse
Près des rochers de Douarnenez
une langouste était éprise
d’un loup de mer de grande race.
Ce fut un concert de Ho-La !
Cent poissons les montraient du doigt.
Puis tous enfin les admirèrent
car le spectacle qu’ils offraient
l’un sur l’autre en caracolant
était vraiment sensationnel.
Mais un matin plus de langouste
car elle était née infidèle
sachant prendre mais sans donner.
Fort attristé le loup de mer
se mit quand même à la chercher
et très vite, mais quelle horreur !
il la découvrit prisonnière
dans un casier de marinier
sur un haut-fond des mortes eaux.
– Que fais-tu là ma bien aimée
ce piège est trop grossier pour toi.
– Je le sais bien, dit la langouste
mais le pêcheur est beau garçon.
Tout d’abord le loup de mer
crut à une plaisanterie
mais le casier disparut
emportant sa bien aimée.
Pierre Béarn
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Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l’onde si lasse
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
L’amour s’en va comme cette eau courante
L’amour s’en va
Comme la vie est lente
Et comme l’Espérance est violente
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
Guillaume Apollinaire
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Marie de France (1160-1210) est une poétesse de la « Renaissance du XIIe siècle », la première femme de lettres en Occident à écrire en langue vulgaire. Elle appartient à la seconde génération des auteurs qui ont inventé l'amour courtois.
D'eux deux il en fut ainsi
Comme il en est du chèvrefeuille
Qui au coudrier se prend:
Quand il s'est enlacé et pris
Et tout autour du fût s'est mis,
Ensemble ils peuvent bien durer;
Qui les veut ensuite désunir
Fait tôt le coudrier mourir
Et le chèvrefeuille avec lui.
- Belle amie, ainsi est de nous:
Ni vous sans moi, ni moi sans vous.Marie de France
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Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches,
Et puis voici mon cœur, qui ne bat que pour vous,
Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches
Et qu’à vos yeux si beaux l’humble présent soit doux.
J’arrive tout couvert encore de rosée
Que le vent du matin vient glacer à mon front.
Souffrez que ma fatigue, à vos pieds reposée,
Rêve des chers instants qui la délasseront.
Sur votre jeune sein laissez rouler ma tête
Toute sonore encor de vos derniers baisers ;
Laissez-la s’apaiser de la bonne tempête,
Et que je dorme un peu puisque vous reposez.
Paul Verlaine
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Mon enfant, ma sœur,
Songe à la douceur
D’aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.
Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre ;
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l’ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
À l’âme en secret
Sa douce langue natale.
Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l’humeur est vagabonde ;
C’est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu’ils viennent du bout du monde.
— Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D’hyacinthe et d’or ;
Le monde s’endort
Dans une chaude lumière.
Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Charles Baudelaire
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Considéré comme le père de la modernité acadienne, le poète Herménégilde Chiasson (1946- ) est aussi dramaturge, cinéaste et artiste visuel. Son regard poétique original et singulier fait de lui l’un des plus grands poètes du Canada français.
dans la rue une jeune femme
une rose rouge à la main
s’avance en souriant
un passant distrait l’accroche
la fleur tombe sur le pavé
le sourire déserte le visage
je me précipite
à genoux sur le trottoir
nos mains se touchent
elle se relève lentement
son rire a la fraîcheur du vent
elle reprend la rose et la marche
la tache rouge s’éloigne
je voudrais la rejoindre
Herménégilde Chiasson
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