• "Vacances", Esther Granek

     

     

     

     

     

     

     

    Tiède est le vent
    Chaud est le temps
    Fraîche est ta peau
    Doux, le moment

    Blanc est le pain
    Bleu est le ciel
    Rouge est le vin
    D’or est le miel

    Odeurs de mer
    Embruns, senteurs
    Parfums de terre
    D’algues, de fleurs

    Gai est ton rire
    Plaisant ton teint
    Bons, les chemins
    Pour nous conduire

    Lumière sans voile
    Jours à chanter
    Millions d’étoiles
    Nuits à danser

    Légers, nos dires
    Claires, nos voix
    Lourd, le désir
    Pesants, nos bras

    Tiède est le vent
    Chaud est le temps
    Fraîche est ta peau
    Doux, le moment

    Doux le moment…
    Doux le moment…

     

    Esther Granek


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    Il fera longtemps clair ce soir, les jours allongent.

    La rumeur du jour vif se disperse et s’enfuit,

    Et les arbres, surpris de ne pas voir la nuit,

    Demeurent éveillés dans le soir blanc, et songent...

     

    Les marronniers, sur l’air plein d’or et de lourdeur,

    Répandent leurs parfums et semblent les étendre ;

    On n’ose pas marcher ni remuer l’air tendre

    De peur de déranger le sommeil des odeurs.

     

    De lointains roulements arrivent de la ville...

    La poussière qu’un peu de brise soulevait,

    Quittant l’arbre mouvant et las qu’elle revêt,

    Redescend doucement sur les chemins tranquilles ;

     

    Nous avons tous les jours l’habitude de voir

    Cette route si simple et si souvent suivie,

    Et pourtant quelque chose est changé dans la vie ;

    Nous n’aurons plus jamais notre âme de ce soir...

     

    Anna de Noailles


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  • "Les genoux de Jany", Armand RobinIllustration: Pal Szinyei Merse

     

     

     

     

     

     

    Pour dormir ou ne pas dormir jour et nuit
    Je pose ma tête sur les genoux de Jany.

    L’ombre la lumière le jour la nuit
    Sont sous ma tête les genoux de Jany.

    Le printemps l’hiver jour et nuit
    Je les pose avec ma tête sur les genoux de Jany.

    La fauvette blonde est pour moi Jany
    La hulotte inaperçue est pour moi Jany.

    L’été l’automne jour et nuit c’est Jany
    Dix années puis même toute ma vie c’est Jany.

    Les saisons les oiseaux les floraisons varient
    La neige le beau temps l’onde et le vin varient.

    Je n’ai pas le janvier le juillet qui varie
    Je n’ai pas la neige le beau temps la vie qui varie.

    S’il y a sans saisons sans neige et vent sans jour et nuit
    S’il y a l’hôtellerie nommée outre-vie

    On m’y verra dormir ou ne pas dormir
    On m’y verra mourir ou ne pas mourir

    Sur les genoux de Jany.

     

    Armand Robin

     


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  • "L'été", Lou Mishel

     

     

     

     

     

     

    Les bras déployés aux bourgeons décorés
    Annonce l'arrivée de l'été.....
    Celui dans lequel, nous allons nous lancer
    Les pieds nus sur l'herbe nouvelle
    Se laisseront gambader en montrant les aisselles
    Dénudées et charnelles

    Ouvrons la porte au printemps qui l'annonce
    De ses boucles d'or fleuries aux songes
    Que nous ferons les yeux grands ouverts
    Sur l'horizon d'un bleu outre vers
    Du poète inspiré
    Par nos éclats de rire déployés
    Sur le vent frôlant nos pieds
    Et nos cheveux battant les flots
    Des rêveries de folles "barjos"

    Le soleil nous fera chanter
    Du lever du jour à la nuit tombée
    Et sous la lune arrivée
    Nous nous endormirons l'âme apaisée
    Impatientes de nous retrouver
    Au nouveau jour de l'été

     

    Lou Mishel


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  • "L'été s'en fout", Léo Ferré

     

     

     

     

     

     

    De cette rose d'églantine
    Qui pleure sous la main câline
    Et qui rosit d'un peu de sang
    Le blé complice de
    Saint-Jean
    De ces yeux qui cherchent fortune
    Dans le ciel con comme la lune
    De ces poitrines vent debout
    De
    Saint-Tropez à qui sait où

    l'été s'en fout

    De ces cheveux qui font misaine
    A la voiture américaine
    De ce soleil qui tant et tant
    Vous met du crêpe dans le sang
    De cette sève de cactus
    Qui coule au pied du
    Mont
    Vénus
    De ces nuits qui n'ont pas de bout
    Et qui vous pénètrent jusqu'où

    l'été s'en fout

    De ce chagrin de chlorophylle
    Qui se prépare loin des villes
    De ce septembre paresseux
    Qui se remue au coin des cieux
    De cet automne adolescent
    Comme une fille de quinze ans
    Se défeuillant jusques au bout
    Pour faire une litière au loup

    l'été s'en fout

    De ce galbe de la vallée
    De ce mouvement des marées
    De cette ligne d'horizon
    Où ne rime plus la raison
    De ces planètes bienheureuses
    Où jase un jazz de nébuleuses
    De cet ange ou de cette gouape
    Enfin qui de sapin nous sape

    l'été s'en tape

     

    Léo Ferré


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  • "Bonheur de l'été"  de Rainer Maria Rilke

     

     

     

     

     

     

     

     

    Ô bonheur de l'été : le carillon tinte
    puisque dimanche est en vue ;
    et la chaleur qui travaille sent l'absinthe
    autour de la vigne crépue.
    Même à la forte torpeur les ondes alertes
    courent le long du chemin.
    Dans cette franche contrée, aux forces ouvertes,
    comme le dimanche est certain !

     

    Rainer Maria Rilke


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  • "Un soir d'été" de Guillaume Apollinaire

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Le Rhin
    Qui coule
    Un train
    Qui roule

    Des nixes blanches
    Sont en prière
    Dans la bruyère

    Toutes les filles
    À la fontaine
    J’ai tant de peine

    J’ai tant d’amour
    Dit la plus belle
    Qu’il soit fidèle

    Et moi je l’aime
    Dit sa marraine
    J’ai la migraine

    À la fontaine
    J’ai tant de haine.

     

    Guillaume Apollinaire


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  • "L'été" de Charles Cros

     

     

     

     

     

     

     

     

    C'est l'été. Le soleil darde
    Ses rayons intarissables
    Sur l'étranger qui s'attarde
    Au milieu des vastes sables.

    Comme une liqueur subtile
    Baignant l'horizon sans borne,
    L'air qui du sol chaud distille
    Fait trembloter le roc morne.

    Le bois des arbres éclate.
    Le tigre rayé, l'hyène,
    Tirant leur langue écarlate,
    Cherchent de l'eau dans la plaine.

    Les éléphants vont en troupe,
    Broyant sous leurs pieds les haies
    Et soulevant de leur croupe
    Les branchages des futaies.

    Il n'est pas de grotte creuse
    Où la chaleur ne pénètre.
    Aucune vallée ombreuse
    Où de l'herbe puisse naître.

    Au jardin, sous un toit lisse
    De bambou, Sitâ sommeille :
    Une moue effleure et plisse
    Parfois sa lèvre vermeille.

    Sous la gaze, d'or rayée,
    Où son beau corps s'enveloppe,
    En s'étirant, l'ennuyée
    Ouvre ses yeux d'antilope.

    Mais elle attend, sous ce voile
    Qui trahit sa beauté nue,
    Qu'au ciel la première étoile
    Annonce la nuit venue.

    Déjà le soleil s'incline
    Et dans la mer murmurante
    Va, derrière la colline,
    Mirer sa splendeur mourante.

    Et la nature brûlée
    Respire enfin. La nuit brune
    Revêt sa robe étoilée,
    Et, calme, apparaît la lune.

     

    Charles Cros


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  • "C'est l'été" de Prévert

     

     

     

     

     

     

     

    C'est l'été, de jeunes garçons, des enfants, font le tour des alignements de Carnac en racontant aux touristes le mystère des pierres levées.

    Bien sûr, ils ont appris cela par cœur, mais leur voix monocorde et chantante garde le charme secret du rêve éveillé, comme s'ils y croyaient, comme s'ils y
    étaient.

    Le même charme que celui des petites filles qui vendent les colliers de coquillages au pied du phare d'Eckmùhl, ou qui disent devant les rochers de Saint-Guénolé, la triste
    histoire d'un préfet ou d'un sous-préfet emporté par une lame de fond avec sa petite famille, un jour de grande marée.

    La Bretagne, la poésie c'est le même pays, celui de Sévy Valner qui ressemble à ces enfants.

    Est-il poète simplement parce qu'il est jeune ou surtout parce qu'il est Breton?

    Sans l'avoir entendue il a déjà répondu à la question.

    « Il suffit peut-être de le demander à la nuit, quand elle se drape d'un linceul vert-de-gris et parle à travers l'oubli. »

     

    Jacques Prévert


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  • Une série autour de l'été

    Les "images" de Eugène Guillevic m'ont conduit en été...

    Voici donc dans les jours qui viennent une série de poème autour de l'été


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