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Je voudrais mourir dans un endroit gratuitSans menu affiché sur la porteSans activité poterieSans voisins qui délirentSans couloir blanc nauséeuxDans un endroit calme,Où personne ne s'affaire à sauver personneOù chacun accomplit amoureusement ses ritesOù l'on joue aux échecs dans l'herbe molleSans s'occuper des gens qui partentOu qui arriventUn endroit ouvertOù l'on entend les bruits qu'on affectionneOù l'on porte à sa bouche les goûts familiersOù chacun comprend ce qui arrive et le fêtePar quelque suprême paix tout à coup gagnéeOù les vivants font des siestes tranquilles étendus au-dessus des mortsOù les morts rassurés sentent peser sur eux le corps chaud des vivantsEt les âmes de tous commencent des parties de pétanqueAvec des rires de vent frais
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Hé..psst..psst...oui vous, vous qui passez sur le chemin, arrêtez vous le temps d'une pause !
Je sais, je suis un peu délabré, la mousse s'accroche à mes pierres et me maintient le long du chemin. Jadis, je m'érigeais fièrement, c'est moi qui maintient, qui contient, qui délimite le chemin.
Et puis le temps a passé, je me suis modelé sous l'assaut répété des intempéries, des souliers scrachetés qui aiment à sauter sur mes pierres et défier les lois de l'équilibre. Je me fonds depuis lors dans le paysage et j'apprécie tout particulièrement le mélange avec les éléments naturels qui me feraient presque paraître vivants !!!
Nathalie A.
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Tu vois ce que je suis devenu. De ma grandeur passée, il ne reste que ça : même pas un mètre de tronc, dépouillé de toutes mes branches ou presque. Je suis là, un arbre tronqué, tordu , amputé mais toujours vivant.
Je me sens à ma place, important même dans ce coin de jardin. Près de moi allongés comme des chiots près de leur mère, comme des enfants même près de leur mère : mes branches abattues, coupées, regroupées. On dirait bien une famille n'est-ce pas ? Dispersée mais toujours visible, toujours vivante au delà du temps et de toutes les secousses.
Chantal
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Quand les ombres s’étaleront sur l’horizontal de nos jours
Quand la terre se recueillera pour une hymne au silence
Quand je tisonnerai le feu qui lentement s’éteint
Ce jour- là nos rêves voyageront sur l’écharpe du vent
… emportant les refrains de la vie qui s’invite
Alors peut-être que le bleu du ciel aura couleur de toi
…et qu’une goutte de lumière chantera les étés oubliés
Roselyne B
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C'est un homme qui marche dans le jardin. Le ciel est bleu, le vent semble souffler juste un tout petit peu dans les bambous.
Il a des bottes qui paraissent un peu grandes, s'est-il trompé quand il a acheté cette paire qui paraît bien propre ? Le chapeau un peu de travers, la bio bêche sur l'épaule.
A-t-il consulté « l'agenda du jardinier » avant d'organiser sa journée ?
C'est comme s'il était un chat qui se déplace, à l'affût de la moindre taupe qui oserait montrer le bout de son museau. Tout paraît lumineux, calme, harmonieux.
Le voilà qui s'arrête, les bras tendus prêt à bondir ; la terre se serait-elle soulevée ? La bio bêche se trouve lancée, fichée sur un petit monticule ; la taupe, enfin, je crois, je pense que ça ne peut être qu'une taupe, n'a pas dû souffrir : au pied du cerisier, là voilà à moitié enterrée.
De ma fenêtre, j'assiste à ce drôle de spectacle qui raconte simplement ce qui peut arriver à une « bestiole » un peu trop confiante.
Le voilà, le jardinier qui tombe à genoux- je me frotte les yeux- ses bras en croix, il a l'air de psalmodier... C'est la première fois que je le vois comme ça.
M'aurait-il vue hier, dans la même posture, implorant les daturas pour qu'ils fleurissent enfin ?
Je me demande si cet homme dans le jardin n'a pas quelque chose de moi.
Chantal P.
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Je me souviens de l’odeur du chien de mon grand-père, revenant tout ruisselant de son escapade sous la pluie.
Odeur de chien mouillé racontant sa joie de patauger dans les flaques, de se rouler dans l’herbe, de gratter la terre à la poursuite d’un petit mammifère apeuré.
Odeur à la fois désagréable car piquante et entêtante mais tellement synonyme de liberté.
Nez au vent, chemins et champs étaient à lui. Même pas froid, même pas peur, il vivait les éléments.
L’odeur de ces moments humides étaient bannis du dedans de la maison.
Pas le droit à la liberté à l’intérieur ! Ça pue, ça gêne, ça agresse.
Alors, queue entre les pattes, chien mouillé repartait au-dehors, vite regagné par la joie des gouttelettes retrouvées.
Céline M.
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Quand les étoiles couronneront l’étendue de mes rêves et que les cigales s’amuseront dans l’écharpe de mes souvenirs
Quand le pot au feu mijotera à nouveau sur le réchaud lâchement abandonné dans le rebus de la consommation
Quand le seuil de notre maison verra les semelles joyeuses des visiteurs marteler les écrits de nos vies et que les sourires franchiront les presses de nos lèvres
Quand du dehors et du dedans, quand de toi et de moi fuseront des mots ressuscités d’entre les lignes, ce jour-là des gerbes de vie dessineront un hymne joyeux sur la palette des souvenirs.
Alors peut-être un monde nouveau ensoleillera l’univers comme au matin du monde ancien. Ce monde ancien qui s’en va à reculons chassé à coups de gongs sonores.
Alors peut-être un nouveau jardin d’Eden renaîtra.
Annick C.
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Textes et enregistrement réalisés lors de l'atelier d'écriture du 01/10/2022 à la maison de la vie rurale.
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Quand j’étais sur la terre
Sous-locataire
D’un kilo de futur
Des monsieurs incomplets-veston m’ont invité
À une grande déceptionMaintenant je ne pleure plus
Je ramasse des vies
Pour le jour J
Et dans mon cœur-bunker
Je frappe monnaie à ton effigieVa-t’en pas
Dehors les chemins sont coulants
Les serments de roséeVa-t’en pas
Dehors y a des silences bondés
D’autobus tombés
Sur le dosEt vaniteux qu’ils sont
Aux bouquets de clés
Aux bijoux de panique
Ils vont t’asseoir dans un bureau
Pendant qu’ici
Il fait beauIls perceront l’écran
Pour t’offrir une carrière
Où noyer ton enfant«Ils briseront les lois
Les cadenas
Et les os»Va-t’en pas
Dehors y a des orgies
Jusqu’au fond des batteriesVa-t’en pas
Dehors j’ai vu un ciel si dur
Que tombaient les oiseauxTu sais que je lis
Sous les robes du temps
Et dans les lignes du ciment
Toi tu as des yeux
Qui trahissent le sort
Tu mérites l’amourMaintenant que tu vois
Ce qui n’existe pas
Et si tu veux venir
Neptune me guide
Où j’ai semé des larmes
Mes armes sont en fleursVa-t’en pas
Moi j’ai tant d’amis
Je peux pas les compterVa-t’en pas
J’ai autant d’amis
Que mille MexicoVa-t’en pas
Richard Desjardins
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