• Dans une région obscure

     

     

     

     

     

     

    J’aimerais que mes souvenirs qui clignotent souvent
    soient munis d’un interrupteur
    afin que je puisse au besoin les rallumer après les avoir
    éteints un certain temps.

    EOM WON-TAE  (poète né en 1955 à Daegu, en Corée du Sud)

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  • Jean-Pierre Verheggen

    Jean-Pierre Verheggen est un écrivain et poète belge décédé le 8 novembre dernier. Il a posé sur le monde un rire joyeux et moqueur avec remaniement de la langue, calembours, dérision et trivialité.


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  • Thomas Vinau

    Extrait du dernier recueil de Thomas Vinau,
    "Debout dans les fleurs sales, 365 poèmes à déployer" (Le Castor Astral).

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  • Chez soi (Paul Fournel)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    La maison de pierres grises

    est posée sur un bout de pré vert

    posé sur la dune

    posée sur la plage

    posée sur la mer

    posée sur le globe

    les vaches peu attachées

    au bronzage

    et aux galops d'écume

    viennent à la maison

    l'une d'elles est couchée

    en travers de la porte d'entrée

    occupée à remâcher

    de vieilles délices

    il faut la pousser du pied

    car la porte d'entrée

    sert aussi à sortir

     

    Paul Fournel


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  • La mer (Arthur Teboul)

     

     

     

     

     

     

    Elle a mis ses bras
    Autour de son cou
    La mer
    Il l’a embrassé
    Elle avait un goût
    De sel
    Elle a mis ses bras
    Il a ployé
    Sous son aile
    Elle a dit je crois
    Je sais du décor
    L’envers

    Elle a dit
    Suis-moi
    Suis-moi

    Fût-elle promise
    La terre attendra demain
    Ou après-demain
    Elle a dit
    Suis-moi

    Elle a mis ses bas
    Lui ses paumes sur ses hanches
    Il ne savait pas
    Comment bien tenter sa chance

    Des filets ses bas
    Des filets
    Appâts peau d’azur et blanche
    Sur la rive flotte
    Le grand drapeau
    De l’Europe
    Étoiles sourdes comme les heures
    Vous aussi êtes douze sœurs
    Étoiles sourdes comme les heures
    Vous aussi êtes douze sœurs
    Qui passez votre tour

    Tendez-lui vos branches
    Tendez-lui vos branches !
    Jette une prière à la mer

    À la mer
    Lance une dernière alarme !
    Jette une prière à la mer
    À la mer
    Lance une dernière alarme !
    Toi Dieu qui le voit
    Et ne parle pas
    Est-il normal
    D’aller au ciel par le bas ?
    Est-ce vouloir mal
    Qu’essayer de vivre ?
    Envoie les anges du Livre !
    Mais jurons et prières
    Lancés à l’azur

    Retombent comme des pierres
    Dans l’eau froide et blême
    Dans l’eau incertaine
    De la mer
    Une grande paresse
    A tout assourdi
    C’est cruel quand on y pense

    Le soleil caresse
    La chair attendrie
    Des enfants qui font la planche

    Il y a un monde fou
    Sur la plage aujourd’hui
    Pourtant ce n’est pas
    Dimanche

    Chut
    Ne faites pas de bruit
    Là un enfant dort
    Sous un grand drap d’or

    Elle a mis ses bras
    Autour de son cou
    La mer.


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  • Je voudrais mourir dans un endroit gratuit
    Sans menu affiché sur la porte
    Sans activité poterie
    Sans voisins qui délirent
    Sans couloir blanc nauséeux
    Sans papier à signer pour sortir
    Dans un endroit calme,
    Où personne ne s'affaire à sauver personne
    Où chacun accomplit amoureusement ses rites
    Où l'on joue aux échecs dans l'herbe molle
    Sans s'occuper des gens qui partent
    Ou qui arrivent
    Un endroit ouvert
    Où l'on entend les bruits qu'on affectionne
    Où l'on porte à sa bouche les goûts familiers
    Où chacun comprend ce qui arrive et le fête
    Par quelque suprême paix tout à coup gagnée
    Où les vivants font des siestes tranquilles étendus au-dessus des morts
    Où les morts rassurés sentent peser sur eux le corps chaud des vivants
    Et les âmes de tous commencent des parties de pétanque
    Avec des rires de vent frais
     
    Artistes : Karolina Hjorth - Riitta Iconen
     
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  • Quand j’étais sur la terre
    Sous-locataire
    D’un kilo de futur
    Des monsieurs incomplets-veston m’ont invité
    À une grande déception

    Maintenant je ne pleure plus
    Je ramasse des vies
    Pour le jour J
    Et dans mon cœur-bunker
    Je frappe monnaie à ton effigie

    Va-t’en pas
    Dehors les chemins sont coulants
    Les serments de rosée

    Va-t’en pas
    Dehors y a des silences bondés
    D’autobus tombés
    Sur le dos

    Et vaniteux qu’ils sont
    Aux bouquets de clés
    Aux bijoux de panique
    Ils vont t’asseoir dans un bureau
    Pendant qu’ici
    Il fait beau

    Ils perceront l’écran
    Pour t’offrir une carrière
    Où noyer ton enfant

    «Ils briseront les lois
    Les cadenas
    Et les os»

    Va-t’en pas
    Dehors y a des orgies
    Jusqu’au fond des batteries

    Va-t’en pas
    Dehors j’ai vu un ciel si dur
    Que tombaient les oiseaux

    Tu sais que je lis
    Sous les robes du temps
    Et dans les lignes du ciment
    Toi tu as des yeux
    Qui trahissent le sort
    Tu mérites l’amour

    Maintenant que tu vois
    Ce qui n’existe pas
    Et si tu veux venir
    Neptune me guide
    Où j’ai semé des larmes
    Mes armes sont en fleurs

    Va-t’en pas
    Moi j’ai tant d’amis
    Je peux pas les compter

    Va-t’en pas
    J’ai autant d’amis
    Que mille Mexico

    Va-t’en pas

    Richard Desjardins


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  • T'es pas beau l'humain

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Remontant donc les millénaires
    jusqu’au temps où (station debout)
    tu devins maître de la terre
    depuis l’éléphant jusqu’au pou,
    tu te déclaras bien tourné,
    te sacrant Narcisse à jamais.
    Horreur ! De quel oeil te vois-tu,
    toi mammifère mal fichu !
    Car pour te dire les choses en gros,
    t’es pas beau, l’Humain ! T’es pas beau !…

    Ta main te devenant l’outil
    qui soudain te différentie
    (étant quasi seul animal
    à marcher à la verticale),
    dès lors, balançant tes battoirs
    en un va-et-vient ridicule,
    tes bras te sont double pendule
    marquant ton pas. Sans le vouloir.
    Là, pour te dire les choses en gros,
    t’es pas beau, l’Humain ! T’es pas beau !…

    Dessous les voiles où tu enfermes
    les déserts de ton épiderme,
    tes crins en touffes et en bouquets
    (sortes de burlesques futaies,
    poils clairsemés et poils touffus,
    forêts, oasis incongrues
    où folichonnent tes attraits)
    te font paraître bien plus nu.
    Ça, pour te dire les choses en gros,
    t’es pas beau, l’Humain ! T’es pas beau !…

    Car te comparant au félin,
    tu es l’ivraie, et lui l’or fin.
    Le cheval a plus de noblesse
    en chaque patte, en chaque fesse
    que toi déployant ton meilleur.
    Total aveugle à ta laideur,
    tu ris pourtant comme un p’tit fou
    en regardant les singes au zoo.
    Vrai, pour te dire les choses en gros,
    t’es pas beau, l’Humain ! T’es pas beau !…

    Ô pesanteur ! Ô triste loi !
    Ô traction du haut vers le bas !
    C’est perpendiculaire au sol
    que ta colonne se détraque,
    te faisant vertèbres patraques
    dès l’âge où tes chairs seront molles.
    Alors, vieille outre flasque et terne,
    panoplie de drapeaux en berne…
    Bref, pour te dire les choses en gros,
    t’es pas beau, l’Humain ! T’es pas beau !…

     

    Esther Granek, Je cours après mon ombre, 1981


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