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  • Le pont Mirabeau

     

     

     

     

     

     

     

     

    Sous le pont Mirabeau coule la Seine

                 Et nos amours

    Faut-il qu’il m’en souvienne

    La joie venait toujours après la peine

     

    Vienne la nuit sonne l’heure

    Les jours s’en vont je demeure

     

    Les mains dans les mains restons face à face

                 Tandis que sous

    Le pont de nos bras passe

    Des éternels regards l’onde si lasse

     

    Vienne la nuit sonne l’heure

    Les jours s’en vont je demeure

     

    L’amour s’en va comme cette eau courante

                 L’amour s’en va

    Comme la vie est lente

    Et comme l’Espérance est violente

     

    Vienne la nuit sonne l’heure

    Les jours s’en vont je demeure

     

    Passent les jours et passent les semaines

                 Ni temps passé

    Ni les amours reviennent

    Sous le pont Mirabeau coule la Seine

     

    Vienne la nuit sonne l’heure

    Les jours s’en vont je demeure

     

     

    Guillaume Apollinaire


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  • Marie de France : "Ni vous sans moi"

    Marie de France (1160-1210) est une poétesse de la « Renaissance du XIIe siècle », la première femme de lettres en Occident à écrire en langue vulgaire. Elle appartient à la seconde génération des auteurs qui ont inventé l'amour courtois.

     

     

    D'eux deux il en fut ainsi
    Comme il en est du chèvrefeuille
    Qui au coudrier se prend:
    Quand il s'est enlacé et pris
    Et tout autour du fût s'est mis,
    Ensemble ils peuvent bien durer;
    Qui les veut ensuite désunir
    Fait tôt le coudrier mourir
    Et le chèvrefeuille avec lui.
    - Belle amie, ainsi est de nous:
    Ni vous sans moi, ni moi sans vous.

     

    Marie de France


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  • Paul Verlaine : "Green"

     

     

     

     

     

    Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches,

    Et puis voici mon cœur, qui ne bat que pour vous,

    Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches

    Et qu’à vos yeux si beaux l’humble présent soit doux.

     

    J’arrive tout couvert encore de rosée

    Que le vent du matin vient glacer à mon front.

    Souffrez que ma fatigue, à vos pieds reposée,

    Rêve des chers instants qui la délasseront.

     

    Sur votre jeune sein laissez rouler ma tête

    Toute sonore encor de vos derniers baisers ;

    Laissez-la s’apaiser de la bonne tempête,

    Et que je dorme un peu puisque vous reposez.

     

     

    Paul Verlaine


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  • Baudelaire : "Inviation au voyage"

     

     

     

     

      Mon enfant, ma sœur,

      Songe à la douceur

    D’aller là-bas vivre ensemble !

      Aimer à loisir,

      Aimer et mourir

    Au pays qui te ressemble !

      Les soleils mouillés

      De ces ciels brouillés

    Pour mon esprit ont les charmes

      Si mystérieux

      De tes traîtres yeux,

    Brillant à travers leurs larmes.

     

    Là, tout n’est qu’ordre et beauté,

    Luxe, calme et volupté.

     

    Des meubles luisants,

      Polis par les ans,

    Décoreraient notre chambre ;

      Les plus rares fleurs

      Mêlant leurs odeurs

    Aux vagues senteurs de l’ambre,

      Les riches plafonds,

      Les miroirs profonds,

    La splendeur orientale,

      Tout y parlerait

      À l’âme en secret

    Sa douce langue natale.

     

    Là, tout n’est qu’ordre et beauté,

    Luxe, calme et volupté.

     

      Vois sur ces canaux

      Dormir ces vaisseaux

    Dont l’humeur est vagabonde ;

      C’est pour assouvir

      Ton moindre désir

    Qu’ils viennent du bout du monde.

      — Les soleils couchants

      Revêtent les champs,

    Les canaux, la ville entière,

      D’hyacinthe et d’or ;

      Le monde s’endort

    Dans une chaude lumière.

     

    Là, tout n’est qu’ordre et beauté,

    Luxe, calme et volupté.

     

     

    Charles Baudelaire


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  • Herménégilde Chiasson : "Dans la rue..."Considéré comme le père de la modernité acadienne, le poète Herménégilde Chiasson (1946-  ) est aussi dramaturge, cinéaste et artiste visuel. Son regard poétique original et singulier fait de lui l’un des plus grands poètes du Canada français.

     

    dans la rue une jeune femme

    une rose rouge à la main

    s’avance en souriant

    un passant distrait l’accroche

    la fleur tombe sur le pavé

    le sourire déserte le visage

    je me précipite

    à genoux sur le trottoir

     

    nos mains se touchent

    elle se relève lentement

    son rire a la fraîcheur du vent

    elle reprend la rose et la marche

    la tache rouge s’éloigne

    je voudrais la rejoindre

     

     

    Herménégilde Chiasson


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  • Roger Des Roches : "Tu dessinais..."

     

     

     

     

    Tu dessinais des baisers.

    Le paysage exigeait des statues.

    Tu balayais les ombres.

    Tu m’as expliqué comment le fleuve,

    du coin de l’œil,

    apparaît et disparaît,

    s’ouvre et se ferme,

    comment les étoiles

    ne contiennent que le passé.

    Tu as dit :

    « Vas-y, raconte-moi notre histoire maintenant. »

    Je l’ai lue dans le temps qui fuyait,

    dans ce paysage

    dont je craignais à tout instant d’être chassé.

    Je n’ai rien avoué.

     

    Roger Des Roches


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  • Rachel Leclerc : "Je n'ai pas cessé..."

     

     

     

     

     

    Je n’ai pas cessé d’être l’ourse

    la fille qui rôde sous ta fenêtre

    qui t’appelle dans l’obscurité

    toi le garçon aux yeux pers

    mendiant un peu de ta chaleur

     

    Mais si tu refuses de sortir

    je forcerai ta porte et ton secret

    j’irai dans le jardin de ta mère

    pour y allumer des rangs de betteraves

    je me coucherai dans les topinambours

    je hurlerai avec les impatientes

    tu quitteras peut-être enfin ta demeure

    pour prendre la route avec moi

    tu me livreras ton inquiétude

    je t’imposerai ma bravoure et ma loi

    alors nous arracherons des étoiles

     

     

    Rachel Leclerc


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