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  • Ludovic Janvier


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  • Issa

     

     

     

     

     

     

     

    Nous marchons en ce monde

    sur le toit de l’enfer

    en regardant les fleurs

     

    Kobayashi Issa

    (1763 – 1827)


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  • Les effarés (Rimbaud)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Noirs dans la neige et dans la brume,

    Au grand soupirail qui s’allume,

                Leurs culs en rond,

     

    À genoux, cinq petits, — misère ! —

    Regardent le Boulanger faire

                Le lourd pain blond.

     

    Ils voient le fort bras blanc qui tourne

    La pâte grise et qui l’enfourne

                Dans un trou clair.

     

    Ils écoutent le bon pain cuire.

    Le Boulanger au gras sourire

                Grogne un vieil air.

     

    Ils sont blottis, pas un ne bouge,

    Au souffle du soupirail rouge

                Chaud comme un sein.

     

    Quand pour quelque médianoche,

    Façonné comme une brioche

                On sort le pain,

     

    Quand, sous les poutres enfumées,

    Chantent les croûtes parfumées

                Et les grillons,

     

    Que ce trou chaud souffle la vie,

    Ils ont leur âme si ravie

                Sous leurs haillons,

     

    Ils se ressentent si bien vivre,

    Les pauvres Jésus pleins de givre,

                Qu’ils sont là tous,

     

    Collant leurs petits museaux roses

    Au treillage, grognant des choses

                Entre les trous,

     

    Tout bêtes, faisant leurs prières

    Et repliés vers ces lumières

                Du ciel rouvert,

     

    Si fort, qu’ils crèvent leur culotte

    Et que leur chemise tremblote

                Au vent d’hiver.

     

    Arthur Rimbaud


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  • L'hiver (Philippe Jaccottet)

     

     

     

     

     

    J'ai su pourtant donner des ailes à mes paroles, je les voyais tourner en scintillant dans l'air, elles me conduisaient vers l'espace éclairé... '

    Suis-je donc enfermé dans le glacial décembre comme un vieillard sans voix, derrière la fenêtre à chaque heure plus sombre, erre dans sa mémoire, et s'il sourit
    c'est qu'il traverse une rue claire, c'est qu'il rencontre une ombre aux yeux clos,

    maintenant et depuis tant d'années froide comme décembre...

    Cette femme très loin qui brûle sous la neige, si je me tais, qui lui dira de luire encore, de ne pas s'enfoncer avec les autres feux dans l'ossuaire des forêts?
    Qui m'ouvrira dans ces ténèbres le chemin de la rosée?

    Mais déjà, par l'appel le plus faible touchée, l'heure d'avant le jour se devine dans l'herbe.

    Philippe Jaccottet


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  • Arbre l'hiver (Guillevic)

     

     

     

     

     

    L'arbre, ici, maintenant, debout,
    Rien que du bois,
    Comme un oiseau figé debout
    La tête en bas.

    L'arbre vécu
    Comme du bois
    Et comme oiseau
    Ne bougeant pas.

    Eugène Guillevic


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  • Noël (Jules Supervielle)

     

     

     

     

     

    Que prépare-t-on? se dit l'âne. On dirait qu'ils font un petit lit d'enfant.
    On aura peut-être besoin de vous cette nuit, dit la Vierge au boeuf et à l'âne.
    Les bêtes se regardent longuement pour tâcher de comprendre puis se couchent.
    Une voix légère mais qui vient de traverser tout le ciel les réveille bientôt.
    Le boeuf se lève, constate qu'il y a dans la crèche un enfant nu qui dort et,
    De son souffle, le réchauffe avec méthode, sans rien oublier.
    D'un souriant regard, la Vierge le remercie.
    Des êtres ailés entrent et sortent,
    feignant de ne pas voir les murs qu'ils traversent avec tant d'aisance.

    Joseph revient avec des langes prêtés par une voisine
    C'est merveilleux, dit-il de sa voix de charpentier,
    un peu forte en la circonstance.

    Jules Supervielle


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  • Noël (Pierre Gamarra)

     

     

     

     

     

     

    Voici la neige et la nuit bleue,
    voici le givre en sucre fin,
    voici la maison et le feu,
    voici Noël vêtu de lin .

    Les oiseaux se taisent, ce soir.
    Les lilas ont fermé les yeux.
    Les chênes tendent leurs bras noirs
    vers les chemins mystérieux.

    Voici les pauvres malheureux,
    voici la plaine de la bise
    dans les fentes et dans les creux,
    voici les vergers sans cerises.

    Un jour, renaîtront les grands lis,
    le parfum des profondes roses,
    et l’hirondelle, je suppose,
    reviendra frôler les iris.

    Voici Noël, voici les vœux ,
    Voici les braises sous la cendre,
    voici les bottes de sept lieues
    pour aller jusqu'à l’avril tendre.

    Et voici le pas d’une mère
    qui marche vers la cheminée
    pour ranimer les braises claires,
    et voici le chant d’une mère
    qui berce un enfant nouveau-né.

    Pierre Gamarra


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  • Aragon

     


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