• Pierre de Ronsard

     

     

     

     

     

     

     

     

    Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
    Assise auprès du feu, devisant et filant,
    Direz chantant mes vers, en vous émerveillant :
    Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle.

    Lors vous n'aurez servante oyant telle nouvelle,
    Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
    Qui au bruit de mon nom ne s'aille réveillant,
    Bénissant votre nom de louange immortelle.

    Je serai sous la terre, et, fantôme sans os,
    Par les ombres myrteux je prendrai mon repos ;
    Vous serez au foyer une vieille accroupie,

    Regrettant mon amour et votre fier dédain.
    Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain ;
    Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie.

    Pierre de Ronsard.


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  • La Pléiade

     

    La Pléiade est un groupe de huit poètes français du XVIe siècle, composé de Pierre de Ronsard, Joachim Du Bellay, Jean-Antoine de Baïf, Étienne Jodelle, Rémy Belleau, Jean Dorat, Jacques Peletier et Pontus de Tyard. À travers leurs œuvres littéraires et leurs textes théoriques, leur ambition était de renouveler et de perfectionner la langue française afin de la rendre indépendante d'autres idiomes alors plus « nobles » comme le latin. Le but politique était de participer à l'unification de la France par le biais de la langue française, sur le modèle mais aussi en rivalité avec l'italien, qui avait entamé un processus similaire un peu plus tôt.

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    Pendant plusieurs jours nous allons faire paraitre

    quelques uns des poèmes de ces écrivains.

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  • Francis Ponge... suite et fin

     

     

     

     

     

     


    On dit qu’au sein des géosynclinaux, sous des pressions énormes, la pierre se reforme. Eh bien, s’il s’en forme une, de nature particulière, à partir de la terre proprement dite, improprement appelée végétale, à partir de ces restes sacrés, qu’on me la montre ! Quel diamant serait plus précieux !
    Voici enfin l’image présente de ce que nous tendons à devenir.
    Et, ainsi, le passé et l’avenir présents.
    Tout y a concouru : non seulement la chair des trois règnes, mais l’action des trois autres éléments : l’air, l’eau, le feu.
    Et l’espace, et le temps.


    Ce qui est tout à fait spontané chez l’homme, touchant la terre, c’est un affect immédiat de familiarité, de sympathie, voire de vénération, quasi filiale.
    Parce qu’elle est la matière par excellence.
    Or, la vénération de la matière : quoi de plus digne de l’esprit ?
    Tandis que l’esprit vénérant l’esprit… voit-on cela ?
    — On ne le voit que trop.


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  • Francis Ponge (A terre 2)

     

     

     

     

     

    Comme on parlait de l’Histoire, quelqu’un saisit une poignée de terre et dit : « Voilà tout ce que nous savons de l’Histoire Universelle. Mais cela nous le savons, le voyons ; nous le tenons : nous l’avons bien en mains.
    Quelle vénération dans ces paroles !


    Voici aussi notre aliment ; où se préparent nos aliments. Nous campons là-dessus comme sur les silos de l’histoire, dont chaque motte contient en germe et en racines l’avenir.
    Voici pour le présent notre parc et demeure : la chair de nos maisons et le sol pour nos pieds.
    Aussi notre matière à modeler, notre Jouet.
    Il y en aura toujours à notre disposition. Il n’y a qu’à se baisser pour en prendre. Elle ne salit pas.


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  • Francis Ponge (A terre 1 )

     

     

     

     

     

    (Ramassons simplement une motte de terre)
    Ce mélange émouvant du passé des trois règnes, tout traversé, tout infiltré, tout cheminé d’ailleurs de leurs germes et racines, de leurs présences vivantes : c’est la terre.


    Ce hachis, ce pâté de la chair des trois règnes.
    Passé, non comme souvenir ou idée, mais comme matière.
    Matière à la portée de tous, du moindre bébé ; qu’on peut saisir par poignées, par pelletées.
    Si parler ainsi de la terre fait de moi un poète mineur, ou terrassier, je veux l’être ! Je ne connais pas de plus grand sujet.


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  • Paol KEINEG (Demande à la flamme)

     

     

     

     

     

     

     

    Demande à la flamme
    pourquoi elle brûle

    les chats de novembre
    ne craignent pas la pluie

    de seuil en deuil
    l’amour te déchire

    la joie saigne
    et remplit la joue

    cherches-tu sur cette herbe
    à convoquer les morts ?

    tourneras-tu toujours les yeux
    vers la voie lactée de l’enfance ?

    les mains sur le feu
    je suis né pour vaincre.

     

     

    Paol KEINEG


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  • Charles LE QUINTREC (le feu) 

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Je suis aussi nu que le feu
    Que la fougère
    Que la nuit où crèchent les bœufs
    Nu comme un ver.

    Mes mains. Des insectes dedans.
    Mes mains me brûlent.
    Les oiseaux y boivent souvent
    Une eau de lune.

    Mains qui consacrent Qui consolent.
    Messe des mains
    Qui déplacent la nuit des hommes
    Jusqu’au matin.

    Suis-je si seul d’être si vieux
    Quel est mon crime ?
    Je suis aussi nu que le feu
    Que Dieu domine…

     

     

    Charles LE QUINTREC


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  • Jules Supervielle (La terre)

     

     

     

     

     

    La Terre

     

    Petit globe de cristal,
    Petit globe de la terre,
    Je vois au travers de toi
    Ma jolie boule de verre.

     

    Nous sommes tous enfermés
    Dans ton sein dur et sévères
    Mais si poli, si lustré
    Arrondi par la lumière.

     

    Les uns: ce cheval qui court
    Une dame qui s'arrête
    Cette fleur dans ses atours
    Un enfant sur sa planète.

     

    Les autres : assis à table
    Ou fumant un petit peu,
    D'autres couchés dans le sable
    Ou chauffant leurs mains au feu,

     

    Et nous tournons sur nous- mêmes
    Sans vertige et sans effort
    Pareils au ciel, à ses pierres
    Nous luisons comme la mort.

     

    Jules Supervielle


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  • Jean Tardieu (Conversation)

     

     

     

     

     

     

     

     

    CONVERSATION
    (sur le pas de la porte avec bonhomie)

    Comment ça va sur la terre ?
    — Ça va ça va, ça va bien.

    Les petits chiens sont-ils prospères ?
    — Mon Dieu oui merci bien.

    Et les nuages ?
    — Ça flotte.

    Et les volcans ?
    — Ça mijote.

    Et les fleuves ?
    — Ça s’écoule.

    Et le temps ?
    — Ça se déroule.

    Et votre âme ?
    — Elle est malade
    le printemps était trop vert
    elle a mangé trop de salade.

    JEAN TARDIEU


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  • Federico Garcia LORCA (quatre ballades jaunes)

     

     

     

     

     

     

    QUATRE BALLADES JAUNES

    La terre était
    jaune.

    Lisière d’eau,
    pastoureau.

    Ni lune blanche
    ni étoile ne brillaient.

    Lisière d’eau,
    pastoureau.

    Une vendangeuse brune
    cueillait les larmes de la vigne.

    Lisière d’eau, pastoureau.

     

     

    Federico Garcia LORCA


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