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Par imaginelitécrit le 7 Novembre 2021 à 06:16
Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
Assise auprès du feu, devisant et filant,
Direz chantant mes vers, en vous émerveillant :
Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle.
Lors vous n'aurez servante oyant telle nouvelle,
Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
Qui au bruit de mon nom ne s'aille réveillant,
Bénissant votre nom de louange immortelle.
Je serai sous la terre, et, fantôme sans os,
Par les ombres myrteux je prendrai mon repos ;
Vous serez au foyer une vieille accroupie,
Regrettant mon amour et votre fier dédain.
Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain ;
Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie.Pierre de Ronsard.
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Par imaginelitécrit le 6 Novembre 2021 à 19:15
La Pléiade est un groupe de huit poètes français du XVIe siècle, composé de Pierre de Ronsard, Joachim Du Bellay, Jean-Antoine de Baïf, Étienne Jodelle, Rémy Belleau, Jean Dorat, Jacques Peletier et Pontus de Tyard. À travers leurs œuvres littéraires et leurs textes théoriques, leur ambition était de renouveler et de perfectionner la langue française afin de la rendre indépendante d'autres idiomes alors plus « nobles » comme le latin. Le but politique était de participer à l'unification de la France par le biais de la langue française, sur le modèle mais aussi en rivalité avec l'italien, qui avait entamé un processus similaire un peu plus tôt.
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Pendant plusieurs jours nous allons faire paraitre
quelques uns des poèmes de ces écrivains.
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Par imaginelitécrit le 2 Octobre 2021 à 06:37
On dit qu’au sein des géosynclinaux, sous des pressions énormes, la pierre se reforme. Eh bien, s’il s’en forme une, de nature particulière, à partir de la terre proprement dite, improprement appelée végétale, à partir de ces restes sacrés, qu’on me la montre ! Quel diamant serait plus précieux !
Voici enfin l’image présente de ce que nous tendons à devenir.
Et, ainsi, le passé et l’avenir présents.
Tout y a concouru : non seulement la chair des trois règnes, mais l’action des trois autres éléments : l’air, l’eau, le feu.
Et l’espace, et le temps.
Ce qui est tout à fait spontané chez l’homme, touchant la terre, c’est un affect immédiat de familiarité, de sympathie, voire de vénération, quasi filiale.
Parce qu’elle est la matière par excellence.
Or, la vénération de la matière : quoi de plus digne de l’esprit ?
Tandis que l’esprit vénérant l’esprit… voit-on cela ?
— On ne le voit que trop.
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Par imaginelitécrit le 1 Octobre 2021 à 06:33
Comme on parlait de l’Histoire, quelqu’un saisit une poignée de terre et dit : « Voilà tout ce que nous savons de l’Histoire Universelle. Mais cela nous le savons, le voyons ; nous le tenons : nous l’avons bien en mains.
Quelle vénération dans ces paroles !
Voici aussi notre aliment ; où se préparent nos aliments. Nous campons là-dessus comme sur les silos de l’histoire, dont chaque motte contient en germe et en racines l’avenir.
Voici pour le présent notre parc et demeure : la chair de nos maisons et le sol pour nos pieds.
Aussi notre matière à modeler, notre Jouet.
Il y en aura toujours à notre disposition. Il n’y a qu’à se baisser pour en prendre. Elle ne salit pas.
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Par imaginelitécrit le 30 Septembre 2021 à 14:33
(Ramassons simplement une motte de terre)
Ce mélange émouvant du passé des trois règnes, tout traversé, tout infiltré, tout cheminé d’ailleurs de leurs germes et racines, de leurs présences vivantes : c’est la terre.
Ce hachis, ce pâté de la chair des trois règnes.
Passé, non comme souvenir ou idée, mais comme matière.
Matière à la portée de tous, du moindre bébé ; qu’on peut saisir par poignées, par pelletées.
Si parler ainsi de la terre fait de moi un poète mineur, ou terrassier, je veux l’être ! Je ne connais pas de plus grand sujet.
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Par imaginelitécrit le 28 Septembre 2021 à 06:34
Demande à la flamme
pourquoi elle brûle
les chats de novembre
ne craignent pas la pluie
de seuil en deuil
l’amour te déchire
la joie saigne
et remplit la joue
cherches-tu sur cette herbe
à convoquer les morts ?
tourneras-tu toujours les yeux
vers la voie lactée de l’enfance ?
les mains sur le feu
je suis né pour vaincre.Paol KEINEG
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Par imaginelitécrit le 27 Septembre 2021 à 06:28
Je suis aussi nu que le feu
Que la fougère
Que la nuit où crèchent les bœufs
Nu comme un ver.
Mes mains. Des insectes dedans.
Mes mains me brûlent.
Les oiseaux y boivent souvent
Une eau de lune.
Mains qui consacrent Qui consolent.
Messe des mains
Qui déplacent la nuit des hommes
Jusqu’au matin.
Suis-je si seul d’être si vieux
Quel est mon crime ?
Je suis aussi nu que le feu
Que Dieu domine…Charles LE QUINTREC
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Par imaginelitécrit le 26 Septembre 2021 à 11:26
La Terre
Petit globe de cristal,
Petit globe de la terre,
Je vois au travers de toi
Ma jolie boule de verre.Nous sommes tous enfermés
Dans ton sein dur et sévères
Mais si poli, si lustré
Arrondi par la lumière.Les uns: ce cheval qui court
Une dame qui s'arrête
Cette fleur dans ses atours
Un enfant sur sa planète.Les autres : assis à table
Ou fumant un petit peu,
D'autres couchés dans le sable
Ou chauffant leurs mains au feu,Et nous tournons sur nous- mêmes
Sans vertige et sans effort
Pareils au ciel, à ses pierres
Nous luisons comme la mort.Jules Supervielle
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Par imaginelitécrit le 25 Septembre 2021 à 06:30
CONVERSATION
(sur le pas de la porte avec bonhomie)
Comment ça va sur la terre ?
— Ça va ça va, ça va bien.
Les petits chiens sont-ils prospères ?
— Mon Dieu oui merci bien.
Et les nuages ?
— Ça flotte.
Et les volcans ?
— Ça mijote.
Et les fleuves ?
— Ça s’écoule.
Et le temps ?
— Ça se déroule.
Et votre âme ?
— Elle est malade
le printemps était trop vert
elle a mangé trop de salade.
JEAN TARDIEU
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Par imaginelitécrit le 24 Septembre 2021 à 06:04
QUATRE BALLADES JAUNES
La terre était
jaune.
Lisière d’eau,
pastoureau.
Ni lune blanche
ni étoile ne brillaient.
Lisière d’eau,
pastoureau.
Une vendangeuse brune
cueillait les larmes de la vigne.
Lisière d’eau, pastoureau.Federico Garcia LORCA
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