• Ceux et celles qui ...

    Ceux et celles qui ...

     

     

     

     

     

     

     

    Celui qui me regarde en-dessous parce que je tousse.

    Ceux qui ont dit que le virus était une "gripette " et qui ont dit l'inverse deux semaines après, oubliant que les autres 'eux, avaient de la mémoire.

    Celle qui m'a dit au début du confinement qu'il ne fallait pas sortir et qui, au bout d'un mois et demi dit que cet enfermement est inutile.

    Ceux qui savent mieux que tout le monde, qui parlent, qui parlent encore et encore comme s'ils étaient spécialistes en épidémiologie.

    Ceux qui cherchent  un responsable : l'asiatique, les vieux, les jeunes qui enfreignent un peu la loi... et qui dénoncent le voisin comme au bon vieux temps de la seconde guerre mondiale.

    Celle qui veut respecter les directives et reste seule jusqu'à ce qu'elle craque, ne parvenant pas à être face à elle-même et à chasser ses vieux souvenirs. Elle sort vite, va courir dans les rues, dépasse le kilomètre et l'heure autorisés. Son souffle redevient régulier, la boule dans son ventre s'envole. Et puis, elle revient dans son appartement, se promettant de ne pas recommencer jusqu'à la prochaine fois.

    Celle qui a peur, qui reste enfermée toute la journée  ne sortant même pas le nez dehors, tellement l'extérieur  et l'autre lui semblent dangereux et dont le chagrin est insondable.

    Celui qui a dit souvent:"j'aimerais tant avoir du temps pour moi" et qui, face à cette situation obligée est déboussolé et se retrouve avachi pendant des heures face à la télévision.

    Celle qui téléphone une partie de la journée pour entendre la voix de l'autre, pour sentir du lien, une relation même si c'est une illusion.

    Celle qui s'active, qui fait du ménage, de la lessive, des gâteaux, nettoie les vitres, range, trie et qui, une fois toutes ces tâches accomplies, s'ennuie.

    Celui qui s'accorde une parenthèse de bonheur, bravant les gendarmes, pour apercevoir ses petits-enfants quelques minutes à leurs fenêtres de chambres.

    Il y a aussi tous ceux qui ont su prendre le meilleur du confinement pour lire, écrire, peindre, réfléchir, jardiner, des philosophes dans l'âme ou des amis de la solitude. Il y a ceux qui écoutent les oiseaux chanter, regardent les fleurs et l'herbe pousser sans hâte, sans contraintes juste pour le plaisir d'être en vie.

    Et moi, je vis avec  la douloureuse  amertume de ne pas revoir ma mère atteinte de ce satané virus.

     

    Claudine B. (Mai 2020)


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