• Atelier d'écriture

    Entre les murs de la bergerie nous trouverons bien  un coin afin de construire pour nos mots un pied-à-terre, un « abri d’infortune », une « étoile de tente » ou même un château en Espagne … dans un climat de partage, d'étonnement et de plaisir.

    Co-Animation : Lise Lundi et Gabriel Arnaud

     


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  • Frontières ?

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  • Le mal du pays, Yvon Le Men

     

     

     

     

    Suis-je encore russe par le poète Boris Pasternak
    si je suis ukrainien par le poète Tarass Chevtchenko
    si je suis ukrainien par les poèmes qui naissent aujourd’hui

    des cris de la guerre des larmes de la terre
    toute la terre qui habite aujourd’hui sur la terre d’Ukraine ?

    Combien de mots nous faudrait-il
    pour nommer les crimes qui se font et nous défont
    combien de mots nous faudrait-il pour ne pas les oublier
    quand la langue se défait à chaque mort qu’ils font
    combien de mots pour se souvenir de ce que fut la vie ?

    Une vie

    je l’imagine se lever le matin
    prendre son petit déjeuner
    peut-être regarder par la fenêtre
    et voir le rouge des coquelicots dépasser des blés

    peut-être regarder par les yeux
    et y voir le bleu de ceux dont elle partage le petit déjeuner
    puis le dîner puis le souper puis leur pays
    leur liberté de 603 550 kilomètres carrés

    Qui sont-ils ceux qui tirent en espérant d’abord
    ne pas être tachés par le sang de ceux qu’ils tuent encore
    et encore ?

    Ils nous ressemblent
    mais jusqu’à quel point
    le point où l’être humain se sépare
    sur la ligne de partage de l’homme

    avec l’enfant

    un enfant
    une peluche à la main
    une femme
    sans son homme à la main

    séparé de la main de son enfant.

    Je suis encore russe
    par le poète Boris Pasternak
    et la neige dont il ne pouvait se passer

    en suivant les traces que font ses mots dans la neige

    je suis ukrainien
    par le poète Tarass Chevtchenko
    et le jaune de ses blés et le bleu de son ciel

    le bleu de chez moi
    la neige de chez lui.

    Mais qui saigne.

     

    Yvon Le Men


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  • "Le copain de mon père" LeprestAllain Leprest est un poète-parolier et chanteur français, né le 3 juin 1954 à Lestre (Manche) et mort le 15 août 2011 à Antraigues-sur-Volane (chez Jean Ferrat en Ardèche).
    Jean Louis Trintignant a lu plusieurs de ses textes, dont "Le copain de mon père".
     
     
     
    Le copain de mon père
    Il venait en bout d'mois
    On lui servait un verre
    Il s'en resservait trois
     
    C'était un roi déchu
    Une épave un fantôme
    Qui pointait au chômdu
    En attendant son trône
     
    Mon père l'accompagnait
    Jusqu'au bout du chemin
    Et froissait un billet
    Dans sa poignée de main
     
    Il s'app'lait p't-être Marcel
    Il roulait en vespa
    À côté de sa selle
    Le copain de papa
     
    Le copain de mon père
    C'était un amiral
    Qui boitait de travers
    Et flottait du moral

    Il avait l'coeur cassé
    Il suçait des cachous
    Quand il nous embrassait
    On s'essuyait les joues
     
    Recalé d'la sécu
    Il brassait son roman
    Et des histoires de cul
    Qui f'saient rougir maman
     
    Il avait eu des femmes
    Des baisers du tabac
    Des mômes et même une âme
    Le copain de papa
     
    Le copain de mon père
    Il avait le nez bleu
    Un pull-over tout vert
    Et un regard pluvieux

    On l'appelait Train-train
    Il se taisait jamais
    Et quand il causait rien
    On croyait qu'il dormait
     
    Il avait cru des guerres
    Pacifié l'Algérie
    Mangé des pommes de terre
    Brûlé des champs de riz
     
    Il montrait des copains
    Vaguement morts là-bas
    On regardait ses mains
    Au copain de papa
     
    Le copain de mon père
    Un jour on l'a plus r'vu
    On s'regarde on se perd
    Ou on se perd de vue

    Il a dû changer d'peau
    Se re-refaire du fric
    S'envoler au loto
    Le cul dans une barrique
     
    C'est drôle mais c'est curieux
    C'est bizarre ça me manque
    Son vespa son pif bleu
    Sa gueule de saltimbanque
     
    Les souv'nirs sont des miettes
    Ça fait dix mille repas
    Que j'rajoute une assiette
    Pour le pote à papa

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  • Atelier


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  • Depuis mars 2020 plus de 400 poèmes, pour la plupart d'auteur(e)s différent(e)s, ont été mis sur ce blog. Il est temps de marquer une pause pour envisager d'autres critères de publication :

    - passer de un texte par jour à un texte par semaine ?

    - proposer des "séries" sur un thème, une époque, une forme ou un(e) auteur(e) ?

    - publier davantage de textes écrits en atelier ?

    ...?

    A bientôt pour la suite de ces "aventures poétiques"


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  • Christopher Okigbo Poète nigérian, Christopher Okigbo a publié un seul livre, Labyrinths, dont un certain nombre de poèmes préfigurent la guerre du Biafra, dans une langue poétique incantatoire, à l’immense pouvoir de suggestion. La dimension épique de ces poèmes inspirés par la situation explosive du Nigeria dans les années 1960 fait corps avec la quête métaphysique du poète. En 1967, beaucoup d’intellectuels nigérians sont impliqués dans la sécession du Biafra. Alors déjà considéré comme l’un des meilleurs poètes de sa génération, il est le seul à s’engager dans l’armée pour défendre ses idées. Okigbo est tué sur le front en 1967, à 35 ans.

     

    Je vois de multiples couleurs dans les dents salées de l’écume
    Qui n’est pas un endroit à affronter sous le clair-obscur
    L’arc-en-ciel disent-ils est rempli d’harmonies
    Nous prendrons un virage gris pour l’affronter.
    Des vents violents vocifèrent contre nous
    Nous avalerons notre cœur dans notre ventre
    Davantage de rides sur le visage salé du verre
    Le balai des vents déblaie seulement la surface.
    J’entends de multiples voix alentour de nous
    Nous porterons l’habit vert des noix de kola
    Le martin-pêcheur ramasse ses cordes à distance
    L’eau salée les ramasse en elle
    Les pales plongeantes des pagaies, les dauphins inconstants
    L’eau salée les ramasse en elle.
    L’eau va-t-elle nous ramasser dans sa chambre sibylline ?
    Et nos silences s’estomper en antilopes galopantes ?

     

    Christopher Okigbo 


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  • "Couvre feu" de Paul Eluard

    Paul Éluard, nom de plume d'Eugène Grindel (1895 - 1952), est un poète français. En 1916, il choisit le nom de Paul Éluard, patronyme emprunté à sa grand-mère maternelle, Félicie. Il adhère au dadaïsme et devient l'un des piliers du surréalisme en ouvrant la voie à une action artistique politiquement engagée auprès du Parti communiste.

      

     

    Couvre-feu

     

    Que voulez-vous la porte était gardée

    Que voulez-vous nous étions enfermés

    Que voulez-vous la rue était barrée

    Que voulez-vous la ville était matée

    Que voulez-vous elle était affamée

    Que voulez-vous nous étions désarmés

    Que voulez-vous la nuit était tombée

    Que voulez-vous nous nous sommes aimés.

     

     

    Paul Éluard


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