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Edmond Rostand, né en 1868 à Marseille et mort en 1918 à Paris, est un écrivain, dramaturge, poète et essayiste français. Il est l'auteur de l'une des pièces les plus connues du théâtre français, Cyrano de Bergerac, l'époux de la poétesse Rosemonde Gérard et le père de l'écrivain, biologiste et académicien français Jean Rostand.
Les Rois Mages
Ils perdirent l'étoile, un soir ; pourquoi perd-on
L'étoile ? Pour l'avoir parfois trop regardée,
Les deux rois blancs, étant des savants de Chaldée,
Tracèrent sur le sol des cercles au bâton.
Ils firent des calculs, grattèrent leur menton,
Mais l'étoile avait fui, comme fuit une idée.
Et ces hommes dont l'âme eût soif d'être guidée
Pleurèrent, en dressant des tentes de coton.
Mais le pauvre Roi noir, méprisé des deux autres,
Se dit "Pensons aux soifs qui ne sont pas les nôtres,
Il faut donner quand même à boire aux animaux."
Et, tandis qu'il tenait son seau d'eau par son anse,
Dans l'humble rond de ciel où buvaient les chameaux
Il vit l'étoile d'or, qui dansait en silence.Edmond Rostand
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Esther Granek (née le 7 avril 1927 à Bruxelles et morte le 9 mai 2016 à Tel Aviv) est une poétesse belgo-israélienne francophone, survivante de la Shoah.
Vous aviez dit, vous aviez dit,
maîtres de nos jeunes années,
devant vos classes d’enfants soumis,
vous aviez dit et répété
afin que nul jamais n’oublie
et qu’on en soit bien imprégné :
» Tant aujourd’hui, demain, qu’hier,
bien mal acquis ne profite guère. »Fallait quand même nous prévenir,
maîtres de nos jeunes années.
En douce, eh oui, fallait nous dire
que bien mal acquis prolifère
et que de sa nature prospère
lui vient visage de vertu
ainsi que formes qu’on vénère.
Un peu trop tard on l’aura su…Esther Granek
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Théophile Gautier, né en 1811, est un poète, romancier et critique d'art français. Il meurt en 1872 laissant l'image d'un témoin de la vie littéraire et artistique de son temps dont les conceptions artistiques ont compté et dont l'œuvre diverse est toujours reconnue.
Le ciel est noir, la terre est blanche ;
- Cloches, carillonnez gaîment ! -
Jésus est né ; - la Vierge penche
Sur lui son visage charmant.
Pas de courtines festonnées
Pour préserver l'enfant du froid ;
Rien que les toiles d'araignées
Qui pendent des poutres du toit.
Il tremble sur la paille fraîche,
Ce cher petit enfant Jésus,
Et pour l'échauffer dans sa crèche
L'âne et le bœuf soufflent dessus.
La neige au chaume coud ses franges,
Mais sur le toit s'ouvre le ciel
Et, tout en blanc, le chœur des anges
Chante aux bergers : " Noël ! Noël ! "Théophile Gautier
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Fagus est le pseudonyme de Eugène Faillet, poète, critique d’art, qui est né à Bruxelles en 1872 et mort à Paris en 1933.
Tant l’on crie Noël,
Qu’à la fin nous vient.
Tout mon cœur appelle
Noël, Noël !
Tout mon cœur appelle
Tant il se souvient.Dame neige est en voyage
Sur les routes de l’hiver ;
Les oiseaux du voisinage
Se sont enfuis par les airs.Seul, le rouge-gorge appelle
Avec sa fluette voix ;
Il fait : Noël, Noël !
À tous les échos des bois.Tant l’on crie Noël,
Noël, Noël !
Tant l’on crie Noël
Qu’enfin on le voit.L’espérance est en voyage ;
Dans les bois flambe le houx ;
Le petit enfant bien sage
Rêve au bonhomme aux joujoux.Tant l’on crie Noël,
Noël, Noël,
Tant l’on crie Noël
Qu’il s’en vient à nous.Fagus
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Jacques Prévert est un poète, né en 1900 et mort en1977 à Omonville-la-Petite (Manche).Auteur de recueils de poèmes il devint un poète populaire grâce à son langage familier et à ses jeux sur les mots. Ses poèmes sont depuis lors célèbres dans le monde francophone et massivement appris dans les écoles françaises.
Nos cheminées sont vides
nos poches retournées
ohé ohé ohé
nos cheminées sont vides
nos souliers sont percés
ohé ohé ohé
et nos enfants livides
dansent devant nos buffets
ohé ohé ohé
Et pourtant c’est Noël
Noël qu’il faut fêter
Fêtons fêtons Noël
ça se fait chaque année
Ohé la vie est belle
Ohé joyeux NoëlMais v’là la neige qui tombe
qui tombe de tout en haut
Elle va se faire mal
en tombant de si haut
ohé ohé éhoPauvre neige nouvelle
courons courons vers elle
courons avec nos pelles
courons la ramasser
puisque c’est notre métier
ohé ohé ohéjolie neige nouvelle
toi qu’arrives du ciel
dis-nous dis-nous la belle
ohé ohé ohéQuand est-ce qu’à Noël
tomberont de là-haut
des dindes de Noël
avec leurs dindonneaux
ohé ohé ého !Jacques Prévert
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Pierre Gamarra est un écrivain français né en 1919 et mort en 2009. Il est romancier, poète et critique. Il est aussi l'auteur d'essais et de pièces de théâtre. Pierre Gamarra est particulièrement connu à travers son œuvre pour la jeunesse, fréquemment enseignée dans les écoles.
PRÉSENCE
Ne bouge pas. Écoute.
Quelqu'un viendra ce soir,
Peut-être...
Les rideaux se balancent.
Le ciel est plein de fraises
Et de lis.
Écoute les paroles
De la brise, écoute
Les longs murmures
Du crépuscule,
Écoute les chansons bleues
Des arbres,
Les silences de la rue.
Ne bouge pas. Regarde.
Quelqu'un viendra ce soir,
Peut-être.
Une porte a gémi
Avec finesse.
Regarde au fil des rues
Les colliers des feux rouges.
Toutes les voitures
S'éloignent
Vers des maisons de velours noir.
Regarde. Les portes de l'ombre
Vont s'ouvrir.
Pierre Gamarra
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Transmises de génération en génération depuis des siècles, les comptines pour enfants font partie de notre patrimoine culturel. On les connaît par cœur, et on ne s'attarde pas sur leurs paroles parfois étranges. Marie-Claire Bruley, psychologue et auteure de plusieurs ouvrages sur la littérature jeunesse, décrypte ici le sens caché de ces comptines, en dévoile les origines, et apporte un éclairage sur ces vers mystérieux. Qu’il faut, malgré leur sens équivoque, continuer à chanter aux enfants pour les faire bien grandir...
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Sylvie Fabre G. est une poète née à Grenoble en 1951. Professeur de lettres, elle a enseigné en Bourgogne puis en Isère. D’une écriture au lyrisme maîtrisé, traversée par une interrogation métaphysique, son œuvre, poésie, prose poétique et récit, a pour thèmes principaux l’enfance et la femme, le paysage et l’art, l’amour, le temps et la mort.
Neige la neige
l’enfant tend les doigts
gants blancs
enfilés de mémoire
il neige
l’oubli floconne
sur le lierre
les statues
sur la grille vieillie
du jet d’eau
sur le poème qui claque des mots
il neige
dessus la douleur
et dessous l’oreiller du froid
des fleurs
des pierres
la petite voix loin
étouffe
dans le temps, murée
neige la neige
le mort tend la langue.
Sylvie Fabre G
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