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Né près de Paris, en 1979, Yekta est un poète et musicien français. Il a publié des textes poétiques dans des revues et participé à plusieurs anthologies poétiques, notamment aux « carnets Louis Guillaume » consacrés au poème en prose. Également auteur, compositeur, guitariste, pianiste et chanteur. Yekta collabore par ailleurs en tant que musicien à différents projets en relation avec la poésie.
tu viens d’un ventre ouvert aux quatre vents tu viens d’une volière de voyelles tu viens d’une plage où la nuit les épaves parlent en rêvant tu viens d’une maison vide où résonnent les cents pas de la pluie
tu viens des lèvres de l’ignare dans le miracle de la langue tu viens du babil des sibylles du bredouillage des vieillards des soliloques de l’ivrogne
tu viens du branlement des affidés sous les voûtes tremblantes de la divinité
tu viens des graines unies dans la braise au foyer de la chambre des merveilles dont le chant du plus misérable peut charmer les flammes***
tu viens du ballot de sang du bourreau tu viens des bâillement du cadavre
tu viens des traces dans la neige noire des terrains vagues où l’ange s’égare en quête d’un ciel tu viens des prunelles de verre où se mire l’éternel au fond des boutiques de jouets des hospices déserts
tu viens du gésier des montagnes tu viens des gisements du langage tu viens du silence que les mots couvent tu viens des éclats de l’encre sur la page qui ment
tu viens des paroles qui te dépassent des phonèmes qui t’offrent une forme éphémère vitrier véreux d’un vers qui jamais ne t’offre de reflet voltigeur de petite cervelle jongleur à langue verteYekta
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Je ne crois pas en Dieu
L'infiniment Puissant
Parce que je crois en l'homme
À son vol en suspens.
Je crois au grand soleil
Qui réchauffe la terre
À l'hymne de l'éveil
Au ventre de ma mère
À la vie sacrement
De sueur et de sang
Aux larmes de l'amour
À l'arbre du secours.
Et je crois au grand vent
Qui souffle nos mémoires
Au saint du temps présent
À l'issue provisoire
Aux germes du printemps
Aux courbes de l'été
Au regard transparent
de l'être tant aimé.
Et je crois aux mystères
De nos âmes en sursis
Aux fragments de la chair
De nos corps insoumis
Aux chemins de la croix
Qu'il nous faut supporter
En l'absence de la foi
Qu'il nous faut retrouver.
Je ne crois pas en Dieu
L'infiniment Puissant
Parce que je crois en l'homme
À son vol en suspens.
Paroles de Catherine Ribeiro et musique d’Anne Sylvestre
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Louise de Vilmorin, est une femme de lettres française, née en 1902 dans l’Essonne, où elle est morte en 1969. Elle était parfois surnommée « Madame de », en référence à son roman à succès porté au grand écran.
Solitude, ô mon éléphant
Je ne suis plus là pour personne,
Ô solitude ! Ô mon destin !
Sois ma chaleur quand je frissonne,
Tous mes flambeaux se sont éteints.Tous mes flambeaux se sont éteints,
Je ne suis plus là pour personne
Et j’ai déchiré ce matin
Les cartes du jeu de maldonne.Solitude, ô mon éléphant,
De ton pas de vague marine
Berce-moi, je suis ton enfant,
Solitude, ô mon éléphant.Couleur de cendres sarrasines,
Le chagrin me cerne de près,
Emmène-moi dans la forêt
Dont les larmes sont de résine.Si j’évite la mort, c’est que je veux pleurer
Tout ce qui me fut proche et ce qui m’a leurré.
Allons dans la forêt sous la sombre mantille
Que trame de tout temps la vertu des aiguilles.Je ne veux plus revoir dans l’océan du ciel
La lune voyager en sa blondeur de miel,
Ni sa barque en croissant me priver d’une idylle
Qu’elle emporte à son bord parmi d’autres cent mille !Louise de VILMORIN
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Eugenio Montale est un poète italien né à Gênes en 1896 et mort à Milan en 1981. Il a reçu le prix Nobel de littérature en 1975. Sa poésie, avec une grande sensibilité artistique, a interprété les valeurs humaines sous le signe d'une vision de la vie sans illusions.
J’ai descendu, en te donnant le bras, plus d’un million d’escaliers,
et maintenant que tu n’es plus là c’est le vide à chaque marche.
Même ainsi notre long voyage a été court.
Le mien dure encore, et je n’ai plus besoin
des correspondances, des réservations,
des embûches, des déboires de qui croit
que la réalité est celle qu’on voit.
J’ai descendu des millions d’escaliers en te donnant le bras,
et non parce que quatre yeux y voient sans doute mieux.
C’est avec toi que je les ai descendus, sachant que, de nous deux,
les seules vraies pupilles, malgré leur épais voile,
c’étaient les tiennes.Eugenio Montale
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Clarice Lispector (1920 -1977) est une femme de lettres brésilienne. Elle est née de parents juifs dans un petit village d'Ukraine et morte à Rio de Janeiro. Épouse de diplomate, mystique, elle est reconnue internationalement, mais elle est aussi une journaliste de renom, ayant assuré une chronique nationale de façon régulière. Elle est décrite par Benjamin Moser, comme : l'écrivain juif la plus importante depuis Kafka.
Il m’est arrivé de cacher un amour par peur de le perdre,
Il m’est arrivé de perdre un amour pour l’avoir caché.
Il m’est arrivé de serrer les mains de quelqu’un par peur
Il m’est arrivé d’avoir peur au point de ne plus sentir mes mains
Il m’est arrivé de faire sortir de ma vie des personnes que j’aimais
Il m’est arrivé de le regretter
Il m’est arrivé de pleurer des nuits durant, jusqu’à trouver le sommeil
Il m’est arrivé d’être heureuse au point de pas parvenir à fermer les yeux
Il m’est arrivé de croire en des amours parfaites
Puis de découvrir qu’elles n’existent pas.
Il m’est arrivé d’aimer des personnes qui m’ont déçue.
Il m’est arrivé de décevoir des personnes qui m’ont aimée
Il m’est arrivé de passer des heures devant le miroir pour tenter de découvrir qui je suis et d’être sure de moi au point de vouloir disparaître
Il m’est arrivé de mentir et de m’en vouloir ensuite, de dire la vérité et de m’en vouloir aussi.
Il m’est arrivé de faire semblant de me moquer de personnes que j’aimais avant de pleurer plus tard, en silence dans mon coin.
Il m’est arrivé de sourire en pleurant des larmes de tristesses et de pleurer tant j’avais ri.
Il m’est arrivé de croire en des personnes qui n’en valaient pas la peine, et de cesser de croire en ceux qui pourtant le méritaient.
Il m’est arrivé d’avoir des crises de rire quand il ne fallait pas.
Il m’est arrivé de casser des assiettes, des verres et des vases, de rage.
Il m’est arrivé de ressentir le manque de quelqu’un sans jamais le lui dire.
Il m’est arrivé de crier quand j’aurais dû me taire, de me taire quand j’aurais dû crier.
De nombreuses fois, je n’ai pas dit ce que je pensais pour plaire à certains, d’autres fois, j’ai dit ce que je ne pensais pas pour en blesser d’autres.
Il m’est arrivé de prétendre être ce que je ne suis pas pour plaire à certains, et de prétendre être ce que je ne suis pas pour déplaire à d’autres.
Il m’est arrivé de raconter des blagues un peu bêtes encore et encore, juste pour voir un ami heureux.
Il m’est arrivé d’inventer une fin heureuse à des histoires pour donner de l’espoir à celui qui n’en avait plus.
Il m’est arrivé de trop rêver, au point de confondre le rêve et la réalité…
Il m’est arrivé d’avoir peur de l’obscurité, aujourd’hui dans l’obscurité “je me trouve, je m’abaisse, je reste là“
Je suis déjà tombée un nombre innombrable de fois en pensant que je ne me relèverais pas.
Je me suis relevé un nombre innombrable de fois en pensant que je ne tomberais plus.
Il m’est arrivé d’appeler quelqu’un pour ne pas appeler celui que je voulais appeler.
Il m’est arrivé de courir après une voiture parce qu’elle emmenait celui que j’aimais.
Il m’est arrivé d’appeler maman au milieu de la nuit en m’échappant d’un cauchemar.
Mais elle n’est pas apparu et le cauchemar fut pire encore.
Il m’est arrivé de donner à des proches le nom d’ami et de découvrir qu’ils ne l’étaient pas.
D’autres en revanche, que je n’ai jamais eu besoin de nommer m’ont toujours été et me seront toujours chers.
Ne me donnez pas de vérités, parce que je ne souhaite pas avoir toujours raison.
Ne me montrez pas ce que vous attendez de moi parce que je vais suivre mon cœur !
Ne me demandez pas d’être ce que je ne suis pas, ne m’invitez pas à être conforme, parce que sincèrement je suis différente ! Je ne sais pas aimer à moitié, je ne sais pas vivre de mensonges, je ne sais pas voler les pieds sur terre. Je suis toujours moi-même mais je ne serais pas toujours la même !
J’aime les poisons les plus lents, les boissons les plus amères, les drogues les plus puissantes, les idées les plus folles, les pensées les plus complexes, les sentiments les plus forts.
Mon appétit est vorace et mes délires sont les plus fous.
Vous pouvez même me pousser du haut d’un rocher, je dirai : – et alors ?
J’adore voler !
Clarice Lispector
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Lina Zerón est née au Mexique en 1959. Diplômée en Relations Internationales de l'UNAM, elle est directrice et éditrice. Elle a publié plusieurs livres de poésie et des romans.
Le moment est venu de rompre
Le foyer en deux.
Bien :
Commençons par les recoins où les araignées
Ont aussi tissé leur histoire.
Parlons des murs et de leurs cadres.
Lequel choisis-tu ?
Celui du jour du mariage,
La photo de la petite
Ou celle de vacances en été ?
Je veux l’antique nature morte
Pour me rappeler les repas de famille.
Regarde la maison :
Elle demeure là
Debout
Mais sans âme.
Quelle alcôve désires-tu garder ?
Celle où les gémissements
Ont été parfois musique parfaite ?
Ou la chambre bleue
Où le berceau a pris racines pour toujours ?
Ou le jardin
Où se balancent encore les sourires ?
J’aimerais la terrasse,
Cette plate-forme rouge de briques minuscules
Où les pluies et pigeons ont trouvé leur refuge,
Où transpirent encore les étoiles
Et où aucune ombre ne cache les déloyautés.
Je t’offre les miroirs
Saturés de murmures, d’échos familiers,
Et visages défigurés
Qui ‘aujourd’hui se vident en saignant de reproches.
Mais tu as raison :
Peut être ici déjà plus rien ne nous retient.
Nous arrivons peut être à la frontière
Entre l’amour qui vacille et les cendres.
En y regardant bien
Je ne peux rompre en deux cette maison :
Je te l’offre toute
Avec tout et des promesse de futurs sublimes.
Comme de vieux rideaux
Je t’offre ce qui reste :
Ce ciel sombre
Et ce vent délabré
Que tu as laissé en fermant la porte principale.
Lina Zéron
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Myriam Montoya est née en 1963 à Bello (Colombie). Elle vit à Paris depuis 1994, où elle a publié ses deux premiers livres de poésie. En 2004 paraît une anthologie de son œuvre poétique, Vengo de la noche/Je viens de la nuit (éditions Ecrits des Forges et Castor Astral) traduite par Claude Couffon et Stéphane Chaumet.
Un rayon de soleil dénonce
l’invisible brin de soie
qu’a tendu l’araignée
dans le recoin obtus de mon balconLe talon nu du funambule
nous laisse en suspens
au mât du jourLa fleur brûlante
se penche dans le vide
sur le trottoir gît
son baiser agonisantMyriam Montoya
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Lawrence Ferlinghetti (1919 - 2021) est un poète américain, également connu comme co-fondateur de la librairie City Lights Booksellers & Publishers et d'une maison d'édition du même nom qui a fait paraître les travaux littéraires des poètes de la Beat Generation, dont Jack Kerouac et Allen Ginsberg. La poésie de Ferlinghetti aborde souvent la politique et les grands débats sociaux. Il est partisan d'un art non élitique, qui reste populaire.
SALUT D’AMOUR
A tout animal qui mange ou tire sur sa propre espèce
A chaque chasseur en 4×4 avec fusil à lunette monté à l’arrière
A chaque tireur d’élite ou ninja de Forces spéciales
A chaque redneek botté avec pitbull et fusil a canon scié
A chaque membre des forces de l’ordre avec chiens dressés pour traquer et tuer
A chaque flic ou indic en civil ou agent secret avec holster rempli de mort
A chaque serviteur du peuple tirant sur le peuple ou visant un malfaiteur en fuite pour tuer
A chaque guarde civil de tout pays gardien des citoyens avec menottes et carabines
A chaque garde frontière devant n’importe quel Check point Charley de n’importe quel côté de n’importe quel Mur de Berlin de Bamboo ou Totilla Curtain
A chaque motard CRS d’élite patrouille fédérale en pantalon de cheval fait sur mesure casque en plastique cravate lacet
A chaque voiture de patrouille avec fusil à pompe sirènes hurlantes chaque blindé anti-émeute avec lance-à-eau et matraques prêtes à servir
A tout pilote d’élite avec missile laser et napalm plein les ailes
A chaque commandant au sol donnant la bénédiction aux bombardiers qui décollent
A n’importe quel Département d’État de n’importe quelle superpuissance marchande d’armes vendant aux deux côtés de n’importe quel conflit à la fois
A n’importe quel nationaliste extrémiste de quelque nation que ce soit dans n’importe quel monde tiers est ouest nord sud
Qui tue pour sa nation chérie
A n’importe quel prophète poète enflammé armé de fusils de symboles ou de rhétorique
A chaque propagateur de la foi et de la raison de la lumière spirituelle par la force des armes
A chaque instrument attitré de la légitime puissance publique de n’importe quel pouvoir d’état
A tous et à chacun qui tuent tuent tuent encore et toujours au nom de la paix
Je lève – seul et unique salut possible ! – mon doigt majeur.Lawrence Ferlinghetti
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