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Louise Desjardins (1943 - )est une poète et romancière québécoise. Elle s’est d’abord fait connaître comme poète et compte à son actif plus d’une dizaine de recueils. Louise Desjardins est également traductrice de poésie et biographe. Elle est également la sœur de Richard Desjardins, auteur-compositeur-interprète.
Je ferme les yeux
Un rayon de soleil
Pénètre mes paupières
Infrarouge
Un filet de sang
Fait son chemin
Hors de moi
Chaque fois
Une voyelle muette
À la fin des mots
Nécessaire et invisible
Mon père me regarde
En pointe d'épingle
Ses yeux silex
Me coupent les ailes
Le silence scellé entre nous
Sur un pied de guerre
Ma mère nous sert une soupe
Tomate et alphabet
Tête baissée
Nous ingurgitons nos lettres rouges
Tous ces mots en vrac
Dans nos estomacs
Louise Desjardins
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Atelier "Ecrire avec Desnos" le 12 septembre
animée par Lise Lundi.
Enregistrement des textes écrits lors de la dernière consigne, avec les voix de Béatrice, Céline, Isabelle, Annick, Michèle, Edith, Chantal, Roselyne, Chantal, Elisabeth.
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TON SOURIRE EST ABSOLU
je ne
je
merde
je
je ne
me rappelle plus
je
jeûne
je n’ai
je
merde
le monde
je n’ai pas vu le monde
je n’ai pas vu le monde
naître
je n’ai pas vu le monde
je n’ai pas vu le jour
de ma naissance
je n’ai pas vu le jour
où ma main droite
rencontra la main gauche
je n’ai pas vu ta main s’ouvrir
je n’ai pas vu les liens se défaire
le maton a laissé la porte ouverte
j’ai quitté terre
j’ai sauté à pieds joints
dans les flaques
j’ai défait le jour
à coups de pioche
je me suis couché
chez les morts
corps contre morts
quand tu mourras
quand je te mourrais
quand je te murmurerais
quand je nous aurais murés mourants
placardés de murmures sérigraphiés de silence
copier/coller du réel à vendre
quand je nous aurais murés murmurés
quand je nous mourrais
quand j’ouvrirai les yeux…
alors je ne verrai plus rien
Pierre Soletti (1971 - ) Poète, dessinateur, artiste de rue, auteur de littérature pour la jeunesse, dramaturge, éditeur… Son œuvre est marquée par le rejet des fatalités de l'existence, de la barbarie et l'amertume devant la brièveté de la vie — non sans humour et un sens aiguisé de la formule.
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Can Yücel (1926 - 1999) est l'un des plus célèbres poètes turcs. Il est connu pour ses poèmes directs et sincères et pour son recours fréquent à une langue relâchée.
Plus le sol t’attire, plus tu es lourde
Plus tes ailes se débattent, plus tu es légère,
Plus ton cœur bat, plus tu es vivante…
Plus tes yeux voient au loin, plus tu es jeune…
Tu es aussi bien que ceux que tu aimes,
Aussi mauvaise que ceux que tu détestes…
Quelque soit la couleur de tes yeux et de tes sourcils,
Ta couleur est celle que ton prochain voit (en te regardant)…
Ne vois pas les choses que tu as vécues comme profitables :
Plus tu vis et plus tu te rapproche de la fin ;
Vis autant que tu pourras vivre,
Ta vie s’arrête à ce que tu aimes…Tu es aussi heureux que ce que tu as déjà pu rire.
Ne sois pas triste saches que tu seras aussi heureux que ce que tu as déjà pu pleurer
Surtout ne penses pas que tout est fini,
Tu vas être aimé autant que ce que tu as déjà pu aimer.
La valeur que la nature te donne est dans le lever du soleil
Et tu es aussi humain que la valeur que tu donnes à ton prochain.
Si un jour tu comptes mentir ;
Laisse, tu es aussi humain que la confiance que tu accordes à ton prochain
Le manque ressenti pour ton aimée se trouve dans la lumière de la lune
Tu es aussi proche de ton aimée qu’elle te manque.
N’oublie pas, plus il pleut et plus tu es mouillé,
Tu es aussi chaud que le soleil qui te réchauffe.
Tu es aussi seul que tu te sens l’être.
Tu es aussi fort que tu te sens l’être.
Tu es aussi beau que tu te sens l’être…Voilà c’est ça la vie !
Voilà ça vivre,
Tu vivras aussi longtemps que tu te souviendras de ça
En oubliant cela tu auras froid à chaque inspiration que tu prendras
Tu seras oublié aussi rapidement que tu oublieras ton prochain.
Plus la fleur est arrosée plus est belle,
Plus les oiseaux chantent plus ils sont mignons
Plus le bébé pleure plus c’est un bébé.
Saches le aussi, tu en sauras autant que tu en apprendras,
Plus tu aimes, et plus tu seras aimé.Can Yücel
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Authenticité solennelle rythme la poésie de Marie Uguay (1955-1981), poète québécoise. Victime d’un cancer des os, elle cherche à travers sa poésie une réponse à l’obscurité des mots.
Maintenant nous sommes assis
maintenant nous sommes assis à la grande terrasse
où paraît le soir et les voix parlent un langage inconnu
de plus en plus s’efface la limite entre le ciel et la terre
et surgissent du miroir de vigoureuses étoiles
calmes et filantes
plus loin un long mur blanc
et sa corolle de fenêtres noires
ton visage a la douceur de qui pense à autre chose
ton front se pose sur mon front
des portes claquent des pas surgissent dans l’écho
un sable léger court sur l’asphalte
comme une légère fontaine suffocante
en cette heure tardive et gisante
les banlieues sont des braises d’orange
tu ne finis pas tes phrases
comme s’il fallait comprendre de l’œil
la solitude du verbe
tu es assis au bord du lit
et parfois un grand éclair de chaleur
découvre les toits et ton corps
Marie Uguay
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Adalgisa María Feliciana Noel Annule Ferreira, plus connue sous le nom de Adalgisa Nery, née à Rio de Janeiro en 1905 , et morte à Rio de Janeiro, le 7 juin 1980, est une poétesse, militante, et journaliste brésilienne.
J'aurais voulu être avec toi quand tu étais dans la pensée de Dieu,
Quand ta mère t'a conçu et nourri de sa vie,
J'aurais voulu être avec toi
la première fois que tu as divisé les formes,
Les couleurs et les sons,
A ta première larme, à ta première joie,
j'aurais voulu être avec toi,
Avec toi dans ton enfance, dans ton adolescence,
suivant de près les changements de ton physique.
Dans ta première pudeur, comme dans ta première caresse,
Je voudrais être avec toi à l'instant du départ de ton âme,
De la décomposition de ta chaire de ton cerveau,
de ta bouche et de ton sexe,
Afin que je puisse continuer avec toi
dans le Monde sans Espace et sans Temps.Adalgisa Nery
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Benjamin Fondane est né en Roumanie en 1898 : avec Brancusi, Cioran, Tzara, Ionesco, Ilarie Voronca, Paul Celan, etc..., encore un "Roumain magnifique" dont la culture française peut s'enorgueillir, même si Fondane demeure occulté.
Décembre 1923 : départ de Bucarest pour Paris. Dans les années 30, disciple de Chestov, proche d'Adamov, de Tzara; poète, philosophe, critique de cinéma, il se trouve au cœur de la vie intellectuelle parisienne. Le 7 mars 1944, il est arrêté par la police française, en même temps que sa sœur Line. Ils sont internés à Drancy avant d’être déportés à Auschwitz où Fondane est assassiné dans une chambre à gaz.Tout à coup
J’étais en train
de lire un livre
quand tout à coup
je vis ma vitre
emplir son œil absent d’oiseaux légers et ivres
Oui, il neigeait.
La folle neige !
Elle tombait
tranquille et fraîche
dans le cœur tout troué comme un filet de pêche.
C’était si bon !
et j’étais ivre
de ces flocons
heureux de vivre
que ma main oublieuse, laissa tomber le livre !
En ai-je vu
neiger la neige
dans le cœur nu !
Ah Dieu ! Que n’ai-je
su garder dans mon cœur un peu de cette neige !
Toujours en train
de lire un livre !
Toujours en train
d’écrire un livre !
Et tout à coup la neige tranquille dans ma vitre
Benjamin Fondane
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Edith Södergran est une poétesse finlandaise d'expression suédoise née en 1892 et morte en 1923. Sa popularité en Scandinavie ne cesse de s'accroître. Elle est considérée aujourd'hui comme l'un des plus grands poètes scandinaves de ce siècle.
Le pays qui n’existe pas
Vers ce pays qui n’existe pas je me consume
car de tout ce qui existe je suis lasse
la lune m’a conté en runes argentées le pays qui n’existe pas
Pays, où tous nos souhaits
seront merveilleusement exaucés,
pays où nos chaînes tomberont
pays où nous trempons nos fronts blessés
dans la fraîche rosée de la lune.
Ma vie ne fut que brûlante illusion.
mais j’ai trouvé et vraiment il fait parti de moi
le chemin du pays qui n’existe pas
le pays qui n’existe pas
Là va celui que j’aime ceint d’une couronne étincelante.
Qui est mon amour ? La nuit est noire
et les étoiles tremblent de répondre.
Qui est mon amour? Quel est son nom ?
la voûte du ciel monte de plus en plus haut
et un enfant s’est noyé dans les brumes infinies
et il ne connaît pas la réponse.
Mais l’enfant n’est rien autre que confiance,
et il étend ses bras plus haut que tous les cieux.
Vient alors une réponse : Je suis celui
qui vous aime et sera toujours l’amour.Edith Södergran
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