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Libres sont les oiseaux migrants
ils suivent les chemins du vent
ils ne se fient qu'à leur étoile
à leur soleil
à leurs courants
ils sont en bandes, ou solitaires
dorment aux branches des vieux chênes
dans les sapins ou sur les toits
ils vont là où est leur destin
retrouver leur nid de cigogne
ou leur famille d'hirondelles
tout un verger de pommes en fleurs
petits bois ou grande forêt
bord des étiers, roches des mers
ils y resteront tout le temps
le temps qu'il faut jusqu'à l'automne
repartiront avec le vent
un soir dans le soleil couchant
là bas derrière les barbelés
ou dans les camps
les enfants regardent étonnés
ces migrateurs
sans passeport
venus du nord ou du levant
qui suivent les chemins du temps
du temps qu'il fait vers le printemps
quand la nuit vient il faut dormir
les pieds mouillés le cœur serré
les yeux fermés
ils entendent comme un bruit d'ailes
leurs rêves deviennent des oiseaux
libres et joyeux dans le soleil
ils montent de plus en plus haut
loin au dessus des barbelés
là, il n'est jamais demandé
de montrer son laisser passer
H. D.
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C'est un lundi de mars. Le second jour du printemps. Une grisaille tempérée inocule au matin sa lumière particulière. Autrement dit, il pleut sur les jonquilles. Je me suis levé tôt dans notre chaos velouté, avec déjà la volonté de ne rien faire de plus. Disons d'en faire le moins possible. Rester à l'écart de la marche du monde. Laisser la télé éteinte. Faire tourner le même disque, Smoking, drinking / never thinking / of tomorrow. Ne pas aller voir plus loin que le bout de son nez. En rester là. Au bout de son nez. Aujourd'hui la parenthèse est possible. Dehors les gouttes font comme une deuxième salve de bourgeons aux branches nues des arbres. La terre brille. Quelque chose dit : D'accord, réessayons. Quelque chose dit : Tu n'as pas besoin de te souvenir. Pas aujourd'hui. Tu n'es pas obligé de repenser à ton enfance. Aux poils longs du tapis rouge du salon. Tu n'as pas à mesurer ce que tu as perdu. A te demander ce qui a cloché ni quand ça a cloché. À repenser aux absents. Le monde d'où tu viens n'a pas disparu. Regarde, tu te souviens encore des mains de ta grand-mère. De la terre labourée. Des chansons dans la voiture. De Winnie l'ourson. Regarde, tu as encore des rêves. Même tordu, tu as grandi dans leur ombre. Ils sont encore entiers. Debout. Tu récites des poèmes. Tu n'as pas fait de mal. Du moins pas tant que ça. Jean Rochefort n'est pas encore mort. Ne regarde pas devant. Ne regarde pas derrière. Reste là.
Thomas Vinau (écrit bien avant la mort de Jean Rochefort!)
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Chemin de lumière vers
le cercle de lueurs vacillantes.
Chaleur et terrasses sous le ciel étoilé,
partage et amitié au son du oud,
mur qui s'écroule.
Cicatrices dans la terre qui se referment,
oliviers et vignes en terrasses au soleil,
thé à la menthe et discussions sans fin,
la pleine lune orange se lève
sur la muraille de Jérusalem.
Ma tête et mes espoirs sont là-bas,
bercés par cette musique qui me transporte.
Enfin le quotidien devient apaisé,
sans entrave, sans contraintes,
sans crainte.
Fini les barrières et le barbelé,
fini les miradors et les contrôles.
Enfin tu respires, tu circules,
Enfin tu vaques, tu rêves,
Enfin tu souffles,
Enfin tu es LIBRE .
C. P. (écrit lors de la dernière nuit de l'écriture)
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Dans le harem, l’attente…
jours et nuits se ressemblent
L’ennui, la crainte, le désir
Flamme oscillante
Femme tremblante
Encens, musc, parfums enivrants, corps envoûtants
Dans le harem, je t’attends…
H. P. (écrit lors de la dernière nuit de l'écriture)
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J’aime la nuit avec passion.
C’est beau, c’est doux, c’est langoureux. Une nuit d’été, douce comme la toison d’un mouton. Petit cocon silencieux.
Silencieux ? Pas tant que ça si l’on écoute bien…
Un hérisson qui passe, une chouette qui hulule sous la lune décroissante.
Le rai de lumière inonde celui qui a habitué ses yeux. Les détails se révèlent et deviennent un monde nouveau, inconnu et connu à la fois.
Une ombre s’approche, inquiétante, puis, finalement familière…
Un bruissement de feuille s’invite, c’est le fantôme des arbres…
L’oreille est attentive. Plus qu’à l’accoutumée. Aux aguets. Réceptive au-delà de ses capacités diurnes.
Les sens se déploient, se réveillent.
Ils sont nocturnes.
La nuit les hypnotise et le jour les endort.
On croit les maîtriser mais leur réveil est intense et nous dépasse.
Et nous, nous dormons.
Il s’en passe des choses, la nuit…
L’imaginaire approvisionne le chariot des sens. Les alimente, pour qu’ils deviennent actifs.
On croit aux fantômes la nuit mais les fantômes sont en fait nos sens qui s’échappent pour aller casser la gueule aux dangers potentiels qui voudraient s’approcher de notre corps endormi.
Sentinelles actives, combattantes, déployées, aux aguets.
Et nous, Pauvres Dormeurs… Dans quelle quiétude naïve sommes-nous ?
Il ne se passe rien la nuit dites-vous ?
La fraîcheur se dépose. On frissonne. Et les sens nous recouvrent de leur enveloppe protectrice. Nos poils se soulèvent, au garde à vous contre les sorcières de la nuit.
Car pour nos sens, le jour est fatigant et ennuyeux.
C. M. (écrit lors de la dernière nuit de l'écriture)
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Co-animation Lise et Gabriel
Dans les salles et les jardins de la maison de la vie rurale
nous aurons toute une nuit blanche pour noircir des pages
avec des mots de toutes les couleurs.
S'inscrire avant le 20 juin (cf "contact" colonne de gauche)
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Depuis le mois de Janvier, ils sont venus nous rejoindre
le mardi à la bibliothèque.
Ils sont passés parmi les livres
puis, se sont assis autour de la grande table
ou dans les fauteuils d'un coin "salon"
et les mots se sont mis à danser.
Ensemble on a écouté des histoires, on s'est offert des couleurs,
on a deviné, questionné, commenté, dessiné...
On a cueilli des mots "fleurs", on a fait mûrir des mots rouges,
on a semé des mots bleus, récolté des mots verts.
Dans une boîte à secrets on a touché
des mots doux, des mots pointus, des mots ronds.
On a plané au-dessus d'une forêt.
On a découvert un grand arbre au milieu des maisons
et une cabane dans les branches
Dans la cabane on a installé des mots objets.
On a accroché la première lettre de nos prénoms dans le grand arbre.
Puis des noms d'oiseaux sont venus s'y poser.
On a entendu des musiques et trouvé des mots qui chantent.
On a dessiné des mots mystères, des mots silence, des mots qui disaient oui,
des mots qui disaient non
On a secoué nos ailes pour que les mots s'envolent
On a frôlé nos rêves
On a parlé
On a partagé
On a ÉCRIT
Lise et Gabriel
à l'occasion des séances d'atelier d'écriture
avec les 6 jeunes du Service d'Accueil de Jour des Herbiers
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