• Un poème de Jules Supervielle

     

     

     

     

     

     

    Jules Supervielle par Studio Harcourt RMN

     

    Ces jours qui sont à nous, si nous les déplions

    Pour entendre leur chuchotante rêverie

    Ah c'est à peine si nous les reconnaissons.

    Quelqu'un nous a changé toute la broderie.

     

    Jules Supervielle, extrait du recueil Le Forçat innocent


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    "Art poétique" , suite scandée de Eugène Guillevic, lu par Laurent Stocker. Et pour celles et ceux qui ne peuvent pas entendre, en voici un extrait :

    Si je n'écris pas ce matin,
    Je n'en saurai pas davantage,

    Je ne saurai rien
    De ce que je peux être"

    " Si j'écris, c'est disons
    Pour ouvrir une porte.

    Le plus curieux:
    J'ignore

    A quel moment se fait
    Cette ouverture.

    - D'ailleurs, ce qui se lève
    C'est peut-être un rideau"


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  • L'espérance

     

     

     

     

     

    J’ai ancré l’espérance
    Aux racines de la vie

     

    Face aux ténèbres
    J’ai dressé des clartés
    Planté des flambeaux
    A la lisière des nuits

     

    Des clartés qui persistent
    Des flambeaux qui se glissent
    Entre ombres et barbaries

     

    Des clartés qui renaissent
    Des flambeaux qui se dressent
    Sans jamais dépérir

     

    J’enracine l’espérance
    Dans le terreau du cœur
    J’adopte toute l’espérance
    En son esprit frondeur.

     

    Andrée Chédid (1920 - 2011)


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  • Bonsoir

     

     

     

     

     

     

     

     

    Les enfants pleurent
    la grand-mère appelle dans le noir
    l'homme réclame la paix.
    Les fleurs sont calmes.

    La jeune femme les étale avant d'éteindre
    leur sourit comme à son miroir
    change l'eau
    change l'air
    joue au bonheur.

    elle est la seule chose douce de la journée, et le sait.

    Guy Bellay, poète français (1932 - 2015). Familier de René Char, de Georges-Louis Godeau et de Georges Mounin.


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  • Avant que tout éclate en morceaux

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Avant que tout éclate en morceaux

    j’aimerais écrire dans ta main

    un tout petit poème

    du bout du doigt.

    Un tout petit poème plein de chaleur

    de lait

    de miel

    et de lumière.

    Un poème où tu voudras passer l’hiver.

     

    Avant que tout éclate en morceaux.

     

    Vivre. Écrire.

    Regarder la rhubarbe monter en graine.

    La poussière recouvrir les meubles.

    Faire le point. Poursuivre.

     

    Tout détruire pour tout recommencer

    parce que rendue là où j’en suis

    je n’aime plus tellement l’histoire anyway.

     

    Revenir échouer

    sur une plage loin de tout.

    Se demander pour la millième fois

    jusqu’où peut-on aller trop loin?

     

    Dyane Léger est une artiste-peintre et une poétesse acadienne née en 1954.


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    Le Père Joël

    Ne porte pas de barbe blanche

    Ni de capuche rouge

    Ni de houppelande

    Le Père Joël

    Ne vient pas qu'à Noël

    Il vient nous voir souvent

    Presque tous les soirs

    Le Père Joël

    N'apporte jamais rien

    Il est pauvre

    Il n'a pas de quoi

    Mais il a un si joli sourire

    Et nous conte des histoires

    Aussi belles que celle du Père Noël

    Le Père Joël.

     

    François David


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  • Les mots ont parfois le pouvoir des trolls et ils sont capables d'abattre les dieux, ils peuvent sauver des vies et les anéantir. Les mots sont des flèches, des balles de fusil, des oiseaux légendaires lancés à la poursuite des héros, les mots sont des poissons immémoriaux qui découvrent un secret terrifiant au fond de l'abîme, ils sont un filet assez ample pour attraper le monde et embrasser les cieux, mais parfois, ils ne sont rien, des guenilles usées, transpercées par le froid, des forteresses caduques que la mort et le malheur piétinent sans effort.

    Les mots sont cependant tout ce que le gamin possède. À part les lettres de sa mère, un pantalon de grosse toile, ses vêtements de laine, trois livres peu épais ou plutôt des fascicules qu'il a emportés avec lui en quittant le baraquement, des bottes de mer et de mauvaises chaussures. Les mots sont ses compagnons les plus dévoués et ses amis les plus fidèles, ils se révèlent pourtant inutiles au moment où il en aurait le plus besoin…

     

    Extrait de "Entre ciel et terre" de Jon Kalman Stefansson


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  • C'est un lundi de mars. Le second jour du printemps. Une grisaille tempérée inocule au matin sa lumière particulière. Autrement dit, il pleut sur les jonquilles. Je me suis levé tôt dans notre chaos velouté, avec déjà la volonté de ne rien faire de plus. Disons d'en faire le moins possible. Rester à l'écart de la marche du monde. Laisser la télé éteinte. Faire tourner le même disque, Smoking, drinking / never thinking / of tomorrow. Ne pas aller voir plus loin que le bout de son nez. En rester là. Au bout de son nez. Aujourd'hui la parenthèse est possible. Dehors les gouttes font comme une deuxième salve de bourgeons aux branches nues des arbres. La terre brille. Quelque chose dit : D'accord, réessayons. Quelque chose dit : Tu n'as pas besoin de te souvenir. Pas aujourd'hui. Tu n'es pas obligé de repenser à ton enfance. Aux poils longs du tapis rouge du salon. Tu n'as pas à mesurer ce que tu as perdu. A te demander ce qui a cloché ni quand ça a cloché. À repenser aux absents. Le monde d'où tu viens n'a pas disparu. Regarde, tu te souviens encore des mains de ta grand-mère. De la terre labourée. Des chansons dans la voiture. De Winnie l'ourson. Regarde, tu as encore des rêves. Même tordu, tu as grandi dans leur ombre. Ils sont encore entiers. Debout. Tu récites des poèmes. Tu n'as pas fait de mal. Du moins pas tant que ça. Jean Rochefort n'est pas encore mort. Ne regarde pas devant. Ne regarde pas derrière. Reste là.

    Thomas Vinau (écrit bien avant la mort de Jean Rochefort!)


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    Pourquoi est-ce que j'écris ? Parce que j'écris ! Autant demander à un escargot pourquoi il fait de la bave. C'est dans sa nature de laisser un sillage argenté derrière lui,   voilà tout.

    Pourquoi écrire ?

     

     

     

     

    Frédéric Dard

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    J'écris pour être seul. J'écris pour dissiper la présence des choses réelles, pour écarter les événements, pour franchir l'épaisseur, pour déjouer l'invivable. En somme, oui, c'est bien ça, j'écris pour qu'on me foute la paix.

    Pourquoi écrire ?

    Philippe Djian

    - - - 

    J’écris pour pouvoir lire ce que je ne sais pas que j’allais écrire.

    Pourquoi écrire ?

    Claude Roy

    - - -


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  • "Écrire pour obéir au besoin que j’en ai.

    Écrire pour apprendre à écrire. Apprendre à parler.

    Écrire pour ne plus avoir peur.

    Écrire pour ne pas vivre dans l’ignorance.

    Écrire pour panser mes blessures. Ne pas rester prisonnier de ce qui a fracturé mon enfance.

    Écrire pour me parcourir, me découvrir. Me révéler à moi-même.

    Écrire pour déraciner la haine de soi. Apprendre à m’aimer.

    Écrire pour surmonter mes inhibitions, me dégager de mes entraves.

    Écrire pour déterrer ma voix.

    Écrire pour me clarifier, me mettre en ordre, m’unifier.

    Écrire pour épurer mon oeil de ce qui conditionnait sa vision.

    Écrire pour conquérir ce qui m’a été donné.

    Écrire pour susciter cette mutation qui me fera naître une seconde fois."

     

    Extrait d'un texte de Charles Juliet.

    Pour lire le texte dans son intégralité :http://remue.net/spip.php?article366

    Écrire...Charles Juliet est né en 1934 à Jujurieux (Ain). À trois mois, il est placé dans une famille de paysans suisses qu’il ne quittera plus. À douze ans, il entre dans une école militaire dont il ressortira à vingt, pour être admis à l’École de Santé Militaire de Lyon. Trois ans plus tard, il abandonne ses études pour se consacrer à l’écriture. Il vit à Lyon. Charles Juliet prépare actuellement ce qui sera son dernier journal.

    Pour sa bibliographie : ICI

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