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Par imaginelitécrit le 5 Mai 2020 à 09:15
Hélène Dorion (née en 1958 à Québec) a publié plus de trente livres pour lesquels elle a reçu plusieurs prix littéraires dont le prix Mallarmé, elle recevra le prix Athanase-David, la plus haute distinction accordée par le gouvernement du Québec en littérature.
Ses livres sont traduits et publiés dans une quinzaine de pays. En 2012, la Bibliothèque Nationale de France lui a consacré une soirée hommage.
Pour en savoir plus : http://www.helenedorion.com/
Vient le jour où la beauté borde notre chemin.
On se penche sur la vie, et aussitôt
on se relève, le cœur tremblant, plus fort
d’une vérité ainsi effleurée.Vient le jour où l’on pose la main
sur un visage, et tout devient la clarté
de ce visage. Tout se nourrit
du même amour, d’un même rayon de bleu
et boit au même fleuve. Tout va
et vient dans un unique balancement des choses.Hélène Dorion
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Par imaginelitécrit le 3 Mai 2020 à 18:51
Paul Mahieu, poète belge (1925 - 2005), grand amoureux des mots, qu’ils soient français, wallons, picards ou chtimis, ou même inventés de toutes pièces, il a mis tout son cœur dans sa propre écriture, mais aussi dans le « coup de pouce » à l’inspiration et à la confiance de tous ceux qui avaient envie de se lancer dans l’écriture.
Tu prends le mot « sein »
attention c'est un mot sensible, à manier avec infiniment de précautions, de la douceur s'il te plaît, de l'aménité, j'oserai dire du respect
c'est un mot de main, de paume, de doigt, de bout d'ongle
c'est un mot de regard, de voile, de halo
ou de flambance, d'étincelle
ou de prière, de poème
c'est un mot de bouche, de lèvre, de bout de dent,
de bout de langue
et d'un rien de salive
c'est un mot de framboise et de pêche
d'aubépine et de serpolet
c'est un mot d'écoute-cœur
tu le prends, tu l'environnes, tu l'envoisines, tu l'encotonnes, de partout mais, je te le dis encore il a besoin d'amour, tu sais
Paul Mahieu
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Par imaginelitécrit le 1 Mai 2020 à 12:24
Emily Elizabeth Dickinson (1830 - 1886), est une poétesse américaine. L’essentiel de sa production poétique a été publié après sa mort. Elle a été surnommée la « Reine recluse » car à l’âge de 30 ans elle cessa de sortir de chez elle. Même les obsèques de son père ne la firent pas quitter sa chambre. Emily Dickinson a inspiré et continue d’inspirer des artistes d’horizons différents (Sylvia Plath, Simon & Garfunkel, la chorégraphe Martha Graham, Christian Bobin, Jerome Charyn …)
Partie tôt - Pris mon chien -
Et rendu visite à la Mer -
Les Sirènes logées en Bas
Sont sorties pour me regarder -
Et les Gallions - au Premier Étage
M'ont tendu des Mains de Chanvre -
Me prenant pour une Souris -
Échouée - sur les Sables -
Dérangée par Personne - avant que le Flot
N'ait trempé ma simple Chaussure -
Et puis mon Tablier - et puis ma Ceinture
Et puis mon Corsage - aussi -Emily Dickinson, poème extrait du recueil Le Paradis est au choix
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Par imaginelitécrit le 26 Avril 2020 à 13:31
René Char (1907 - 1988) est un poète et résistant français. Parmi ses écrits on peut citer, entre autres : Feuillets d'Hypnos, Fureur et Mystère, La Parole en archipel… ainsi que ses correspondances en particulier avec Albert Camus et Nicolas de Staël.
L'été chantait sur son roc préféré quand tu m'es apparue, l'été chantait à l'écart de nous qui étions silence, sympathie, liberté triste, mer plus encore que la mer dont la longue pelle bleue s'amusait à nos pieds.
L'été chantait et ton cœur nageait loin de lui.
Je baisais ton courage, entendais ton désarroi.
Route par l'absolu des vagues vers ces hauts pics d'écume où croisent des vertus meurtrières pour les mains qui portent nos maisons.
Nous n'étions pas crédules.
Nous étions entourés.
René Char, extrait du poème "Fastes"
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Par imaginelitécrit le 22 Avril 2020 à 07:52
Nâzım Hikmet (1901 - 1963 ) est un poète turc, puis citoyen polonais, longtemps exilé à l'étranger pour avoir été membre du Parti communiste de Turquie.
Cela fait cent ans
que je n'ai pas vu ton visage
que je n'ai pas passé mon bras
autour de ta taille
que je ne vois plus mon visage dans tes yeux
cela fait cent ans que je ne pose plus de question
à la lumière de ton esprit
que je n'ai pas touché à la chaleur de ton ventreNazim Hikmet
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Par imaginelitécrit le 20 Avril 2020 à 10:33
René Arcos (1881 - 1959) est un poète et écrivain français. Il était membre d’un groupe d’artistes appelé « groupe de l’Abbaye » avec, entre autres, Charles Vildrac et George Duhamel. Il est le deuxième à gauche au premier plan sur la photo ci-contre.
Tout n’est peut-être pas perdu
Puisqu’il nous reste au fond de l’être
Plus de richesses et de gloire
Qu’aucun vainqueur n’en peut atteindre ;
Plus de tendresse au fond du cœur
Que tous les canons ne peuvent de haine
Et plus d’allégresse pour l’ascension
Que le plus haut pic n’en pourra lasser
Peut-être que rien n’est perdu
Puisqu’il nous reste ce regard
Qui contemple au-delà du siècle
L’image d’un autre univers.
Rien n’est perdu puisqu’il suffit
Qu’un seul de nous dans la tourmente
Reste pareil à ce qu’il fut
Pour sauver tout l’espoir du monde.
René Arcos
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Par imaginelitécrit le 18 Avril 2020 à 09:17
Boris Vian (1920 - 1959), est un écrivain, poète, parolier, chanteur, critique musical, musicien de jazz (trompettiste) et directeur artistique français. Ingénieur formé à l'École centrale, il s'est aussi adonné aux activités de scénariste, de traducteur (anglais américain), de conférencier, d'acteur et de peintre.
Je veux une vie en forme d'arête
Sur une assiette bleue
Je veux une vie en forme de chose
Au fond d'un machin tout seul
Je veux une vie en forme de sable dans des mains
En forme de pain vert ou de cruche
En forme de savate molle
En forme de faridondaine
De ramoneur ou de lilas
De terre pleine de cailloux
De coiffeur sauvage et d'édredon fou
Je veux une vie en forme de toi
Et je l'ai, mais ça ne me suffit pas encore
Je ne suis jamais content
Boris Vian, "Je veux une vie en forme d'arête"
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Par imaginelitécrit le 17 Avril 2020 à 10:26
Louis Aragon est un poète, romancier et journaliste français (1897-1982). Il fut l'un des animateurs du surréalisme. À partir de la fin des années 1950, nombre de ses poèmes sont mis en musique et chantés par Léo Ferré ou Jean Ferrat, contribuant à porter son œuvre poétique à la connaissance d'un large public.
J’ai rêvé d’un pays où dans leur bras rompus les hommes avaient repris la vie comme une biche blessée, où l’hiver défaisait le printemps, mais ceux qui n’avaient qu’un manteau le déchiraient pour envelopper la tendresse des pousses, j’ai rêvé d’un pays qui avait mis au monde un enfant infirme appelé l’avenir… J’ai rêvé d’un pays où toute chose de souffrance avait droit à la cicatrice et l’ancienne loi semblait récit des monstres fabuleux, un pays qui riait comme le soleil à travers la pluie, et se refaisait avec des bouts de bois le bonheur d’une chaise, avec des mots merveilleux la dignité de vivre, un pays de fond en comble à se récrire au bien.
Et comme il était riche d’être pauvre, et comme il trouvait pauvres les gens d’ailleurs couverts d’argent et d’or ! C’était le temps où je parcourais cette apocalypse à l’envers, fermant l’œil pour me trouver dans la féérie aux mains nues, et tout manquait à l’existence, oh qui dira le prix d’un clou? mais c’étaient les chantiers de ce qui va venir, et qu’au rabot les copeaux étaient blonds, et douce aux pieds la boue, et plus forte que le vent la chanson d’homme à la lèvre gercée!
J’ai rêvé d’un pays tout le long de ma vie, un pays qui ressemble à la douceur d’aimer, à l’amère douceur d’aimer.
Louis Aragon
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Par imaginelitécrit le 16 Avril 2020 à 11:56
Jean-Pierre Siméon est né en 1950. Il a écrit des œuvres de poésie et de théâtre. Il a été longtemps le directeur artistique du Printemps des Poètes. Agrégé de lettres modernes, il a enseigné à l’IUFM de Clermont-Ferrand. Il a parallèlement composé une œuvre variée : quatorze recueils de poèmes, mais également sept romans, onze livres pour la jeunesse et seize pièces de théâtre.
LA DIFFÉRENCE
Pour chacun une bouche deux yeux
deux mains et deux jambes
Rien ne ressemble plus à un homme
qu’un autre homme
Alors
entre la bouche qui blesse
et la bouche qui console
entre les yeux qui condamnent
et les yeux qui éclairent
entre les mains qui donnent
et les mains qui dépouillent
entre les pas sans trace
et les pas qui nous guident
où est la différence
la mystérieuse différence ?Jean-Pierre SIMEON, La nuit respire, 1987
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Par imaginelitécrit le 15 Avril 2020 à 16:42
Je ne connais pas Elodie Santos mais j'ai trouvé ce poème sur le site https://www.poetica.fr/
Comprendre
Écrire un poème c’est
comprendre le jour
comprendre la nuit
comprendre l’amourComme une fleur qui s’est fanée
J’ai oublié la belle histoire
qu’on me racontait quand j’étais petite
Une histoire simple
Une histoire bleueComme le vent qui s’est mis à souffler
j’ai volé à toute vitesse
Par dessus la prairie
Par dessus la maisonComme la vie qui ainsi continue
Je continue de croire
Qu’il faut
ComprendreElodie Santos
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