• Un poème d'Hélène Dorion

    Hélène Dorion (née en 1958 à Québec)  a publié plus de trente livres pour lesquels elle a reçu plusieurs prix littéraires dont le prix Mallarmé, elle recevra le prix Athanase-David, la plus haute distinction accordée par le gouvernement du Québec en littérature.

    Ses livres sont traduits et publiés dans une quinzaine de pays. En 2012, la Bibliothèque Nationale de France lui a consacré une soirée hommage. 

    Pour en savoir plus : http://www.helenedorion.com/

     

    Vient le jour où la beauté borde notre chemin.
    On se penche sur la vie, et aussitôt
    on se relève, le cœur tremblant, plus fort
    d’une vérité ainsi effleurée. 

    Vient le jour où l’on pose la main
    sur un visage, et tout devient la clarté
    de ce visage. Tout se nourrit
    du même amour, d’un même rayon de bleu
    et boit au même fleuve. Tout va
    et vient dans un unique balancement des choses.

     

    Hélène Dorion


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  • Un poème de Paul MahieuPaul Mahieu, poète belge (1925 - 2005), grand amoureux des mots, qu’ils soient français, wallons, picards ou chtimis, ou même inventés de toutes pièces, il a mis tout son cœur dans sa propre écriture, mais aussi dans le « coup de pouce » à l’inspiration et à la confiance de tous ceux qui avaient envie de se lancer dans l’écriture.

     

    Tu prends le mot « sein »

    attention c'est un mot sensible, à manier avec infiniment de précautions, de la douceur s'il te plaît, de l'aménité, j'oserai dire du respect

    c'est un mot de main, de paume, de doigt, de bout d'ongle

    c'est un mot de regard, de voile, de halo

    ou de flambance, d'étincelle

    ou de prière, de poème

    c'est un mot de bouche, de lèvre, de bout de dent,

    de bout de langue

    et d'un rien de salive

    c'est un mot de framboise et de pêche

    d'aubépine et de serpolet

    c'est un mot d'écoute-cœur

    tu le prends, tu l'environnes, tu l'envoisines, tu l'encotonnes, de partout mais, je te le dis encore il a besoin d'amour, tu sais

     

    Paul Mahieu


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  • Un poème d'Emily Dickinson

     

    Emily Elizabeth Dickinson (1830 - 1886), est une poétesse américaine. L’essentiel de sa production poétique a été publié après sa mort. Elle a été  surnommée la « Reine recluse » car à l’âge de 30 ans elle cessa de sortir de chez elle. Même les obsèques de son père ne la firent pas quitter sa chambre.  Emily Dickinson a inspiré et continue d’inspirer des artistes d’horizons différents  (Sylvia Plath, Simon & Garfunkel, la chorégraphe Martha Graham, Christian Bobin, Jerome Charyn …) 

     

     

    Partie tôt - Pris mon chien -
    Et rendu visite à la Mer -
    Les Sirènes logées en Bas 
    Sont sorties pour me regarder -

    Et les Gallions - au Premier Étage
    M'ont tendu des Mains de Chanvre -
    Me prenant pour une Souris - 
    Échouée - sur les Sables -

    Dérangée par Personne - avant que le Flot
    N'ait trempé ma simple Chaussure -
    Et puis mon Tablier - et puis ma Ceinture
    Et puis mon Corsage - aussi -

    Emily Dickinson, poème extrait du recueil Le Paradis est au choix

     


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  • Un poème de René Char

     

     

    René Char (1907 - 1988) est un poète et résistant français. Parmi ses écrits on peut citer, entre autres : Feuillets d'Hypnos, Fureur et Mystère, La Parole en archipel… ainsi que ses correspondances en particulier avec Albert Camus et Nicolas de Staël.

     

     

     

    L'été chantait sur son roc préféré quand tu m'es apparue, l'été chantait à l'écart de nous qui étions silence, sympathie, liberté triste, mer plus encore que la mer dont la longue pelle bleue s'amusait à nos pieds.

    L'été chantait et ton cœur nageait loin de lui.

    Je baisais ton courage, entendais ton désarroi.

    Route par l'absolu des vagues vers ces hauts pics d'écume où croisent des vertus meurtrières pour les mains qui portent nos maisons.

    Nous n'étions pas crédules.

    Nous étions entourés.

     

    René Char, extrait du poème "Fastes"


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  • Un poème  de Nazim Hikmet

     

     

    Nâzım Hikmet (1901 - 1963 ) est un poète turc, puis citoyen polonais, longtemps exilé à l'étranger pour avoir été membre du Parti communiste de Turquie. 

     

     

     

    Cela fait cent ans
    que je n'ai pas vu ton visage
    que je n'ai pas passé mon bras
    autour de ta taille
    que je ne vois plus mon visage dans tes yeux
    cela fait cent ans que je ne pose plus de question
    à la lumière de ton esprit
    que je n'ai pas touché à la chaleur de ton ventre

     

    Nazim Hikmet


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  • Un poème de René Arcos

     

    René Arcos (1881 - 1959) est un poète et écrivain français. Il était membre d’un groupe d’artistes appelé « groupe de l’Abbaye » avec, entre autres, Charles Vildrac et George Duhamel. Il est le deuxième à gauche au premier plan sur la photo ci-contre.

     

     

    Tout n’est peut-être pas perdu

    Puisqu’il nous reste au fond de l’être

    Plus de richesses et de gloire

    Qu’aucun vainqueur n’en peut atteindre ;

    Plus de tendresse au fond du cœur

    Que tous les canons ne peuvent de haine

    Et plus d’allégresse pour l’ascension

    Que le plus haut pic n’en pourra lasser

    Peut-être que rien n’est perdu

    Puisqu’il nous reste ce regard

    Qui contemple au-delà du siècle

    L’image d’un autre univers.

    Rien n’est perdu puisqu’il suffit

    Qu’un seul de nous dans la tourmente

    Reste pareil à ce qu’il fut

    Pour sauver tout l’espoir du monde.

     

    René Arcos


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    Boris Vian (1920 -  1959), est un écrivain, poète, parolier, chanteur, critique musical, musicien de jazz (trompettiste) et directeur artistique français. Ingénieur formé à l'École centrale, il s'est aussi adonné aux activités de scénariste, de traducteur (anglais américain), de conférencier, d'acteur et de peintre.

     

     

     

     

    Je veux une vie en forme d'arête

    Sur une assiette bleue

    Je veux une vie en forme de chose

    Au fond d'un machin tout seul

    Je veux une vie en forme de sable dans des mains

    En forme de pain vert ou de cruche

    En forme de savate molle

    En forme de faridondaine

    De ramoneur ou de lilas

    De terre pleine de cailloux

    De coiffeur sauvage et d'édredon fou

    Je veux une vie en forme de toi

    Et je l'ai, mais ça ne me suffit pas encore

    Je ne suis jamais content

     

    Boris Vian, "Je veux une vie en forme d'arête"


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    Louis Aragon est un poète, romancier et journaliste français (1897-1982). Il fut l'un des animateurs du surréalisme. À partir de la fin des années 1950, nombre de ses poèmes sont mis en musique et chantés par Léo Ferré ou Jean Ferrat, contribuant à porter son œuvre poétique à la connaissance d'un large public.

     

     

     

    J’ai rêvé d’un pays où dans leur bras rompus les hommes avaient repris la vie comme une biche blessée, où l’hiver défaisait le printemps, mais ceux qui n’avaient qu’un manteau le déchiraient pour envelopper la tendresse des pousses, j’ai rêvé d’un pays qui avait mis au monde un enfant infirme appelé l’avenir… J’ai rêvé d’un pays où toute chose de souffrance avait droit à la cicatrice et l’ancienne loi semblait récit des monstres fabuleux, un pays qui riait comme le soleil à travers la pluie, et se refaisait avec des bouts de bois le bonheur d’une chaise, avec des mots merveilleux la dignité de vivre, un pays de fond en comble à se récrire au bien.

    Et comme il était riche d’être pauvre, et comme il trouvait pauvres les gens d’ailleurs couverts d’argent et d’or ! C’était le temps où je parcourais cette apocalypse à l’envers, fermant l’œil pour me trouver dans la féérie aux mains nues, et tout manquait à l’existence, oh qui dira le prix d’un clou? mais c’étaient les chantiers de ce qui va venir, et qu’au rabot les copeaux étaient blonds, et douce aux pieds la boue, et plus forte que le vent la chanson d’homme à la lèvre gercée!

    J’ai rêvé d’un pays tout le long de ma vie, un pays qui ressemble à la douceur d’aimer, à l’amère douceur d’aimer.

    Louis Aragon


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  • Un poème de Jean Pierre Siméon

     

    Jean-Pierre Siméon est né en 1950. Il a écrit des œuvres de poésie et de théâtre. Il a été longtemps le directeur artistique du Printemps des Poètes. Agrégé de lettres modernes, il a enseigné à l’IUFM de Clermont-Ferrand. Il a parallèlement composé une œuvre variée : quatorze recueils de poèmes, mais également sept romans, onze livres pour la jeunesse et seize pièces de théâtre.

     

      

    LA DIFFÉRENCE


    Pour chacun une bouche deux yeux
    deux mains et deux jambes

    Rien ne ressemble plus à un homme
    qu’un autre homme

    Alors
    entre la bouche qui blesse
    et la bouche qui console

    entre les yeux qui condamnent
    et les yeux qui éclairent

    entre les mains qui donnent
    et les mains qui dépouillent

    entre les pas sans trace
    et les pas qui nous guident

    où est la différence
    la mystérieuse différence ?

     

    Jean-Pierre SIMEON, La nuit respire, 1987


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  • Un poème de Elodie Santos

     Je ne connais pas Elodie Santos mais j'ai trouvé ce poème sur le site  https://www.poetica.fr/ 

     

    Comprendre 

    Écrire un poème c’est
    comprendre le jour
    comprendre la nuit
    comprendre l’amour 

    Comme une fleur qui s’est fanée
    J’ai oublié la belle histoire
    qu’on me racontait quand j’étais petite
    Une histoire simple
    Une histoire bleue 

    Comme le vent qui s’est mis à souffler
    j’ai volé à toute vitesse
    Par dessus la prairie
    Par dessus la maison 

    Comme la vie qui ainsi continue
    Je continue de croire
    Qu’il faut
    Comprendre

     

    Elodie Santos 


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