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Par imaginelitécrit le 15 Mai 2021 à 06:40
Journaliste, poète et passeuse de poésie, Françoise Siri a mené de nombreux entretiens avec des personnalités comme Stéphane Hessel, Jean-François Kahn, Christiane Taubira, François Cheng, Matthieu Chedid… (tous grands amateurs de poésie !) pour différents médias. Elle monte également des lectures théâtralisées et a réalisé des soirées d’hommage à Andrée Chedid et, avec l’acteur Michael Lonsdale, à Laurent Terzieff.
La poésie du théâtre
à Laurent Terzieff, i. m.
Dans les salles de théâtre où brille toujours une petite lumière
Qui ressuscite Adamov, Brecht, Rilke, Pirandello
Est-ce qu’il y a quelqu’un ?Est-ce qu’il y a cette voix
Qui prononce lentement
La première syllabe de « l’om-bre »
Si vous lui demandez pourquoi,
Il répond :
Parce que l’ombre, c’est long !Et l’ombre s’étend
Est-ce qu’il y a quelqu’un ?
Dans le dernier salut au théâtre de l’Odéon
Il ouvre les bras large comme un oiseau
Appelant, d’un côté, la main d’Ulysse
De l’autre, la main de Néoptolème
Ses longues mains vibrent appellent d’une manière pressante : « La main ! »
Il se passe quelques secondes
Et les mains se joignent
Dans le salut des acteurs et les applaudissements
Est-ce qu’il y a encore quelqu’un ?Françoise Siri
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Par imaginelitécrit le 13 Mai 2021 à 06:43
Bernadette Sanou Dao, née le 25 février 1952 à Bamako (alors au Soudan français, aujourd'hui au Mali) est une enseignante, écrivaine de langue française et femme politique burkinabé.
Je voulais simplement dire
Mon peuple
Faire mien le gamin tout nu
Au ventre bombé par la malnutrition
Mien le gamin en haillons
Traînant dans la poussière des rues
La peau du visage si blanchie par l'harmattan
Tendant aux passants une boîte de tomate vide
En guise de sébile
Mien, le vieil homme au talon crevassé
À même le sol sec.
Tirant et tirant encore la daba sur le sol sec.
Mienne, l'épouse pilant le mil pour la pâte du soir,
Pilant les feuilles de baobab sèches pour la sauce du soir
Et je quête en vain un goût de viande dans cette sauce.
Mienne, la triste cohorte de femmes
Vers un point d'eau lointain, incertain;
Et sur leurs lèvres desséchées, un chant se meurt doucement
Mienne, la femme au ventre mûr revenant du champ :
Elle porte sur la tête un fagot de bois énorme
Et dans son dos le babil du bébé de l'an dernier.
Je voulais simplement dire
Mon peuple
Faire mienne la femme en couches qui s'éteint
La science des vieilles accoucheuses a failli,
Et les matrones du centre n'ont pu faire mieux.
Mienne, la fillette aux yeux hagards :
On la tient fermement, on lui écarte les jambes, brutalement
Et le couteau, souillé déjà
Arrache de sa gorge tendre un cri de douleur atroce!
Bernadette Sanou Dao
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Par imaginelitécrit le 11 Mai 2021 à 06:40
George Sand (1804-1876) compte parmi les écrivains les plus prolifiques, avec plus de 70 romans à son actif et 50 volumes d'œuvres diverses dont des nouvelles, des contes, des pièces de théâtre et des textes politiques.
À Aurore
La nature est tout ce qu’on voit,
Tout ce qu’on veut, tout ce qu’on aime.
Tout ce qu’on sait, tout ce qu’on croit,
Tout ce que l’on sent en soi-même.
Elle est belle pour qui la voit,
Elle est bonne à celui qui l’aime,
Elle est juste quand on y croit
Et qu’on la respecte en soi-même.
Regarde le ciel, il te voit,
Embrasse la terre, elle t’aime.
La vérité c’est ce qu’on croit
En la nature c’est toi-même.George Sand
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Par imaginelitécrit le 9 Mai 2021 à 06:01
Jean-Claude Pirotte (1939 - 2014) est avocat puis est rayé du barreau pour avoir favorisé la tentative d’évasion d’un de ses clients. S’il ne cessera de nier avoir commis cet acte, il fut condamné à un emprisonnement auquel il se soustrait en vivant clandestinement en France. Il partage, depuis la péremption de sa peine en 1981, sa vie entre le vagabondage, ses collaborations à France-Culture, la peinture et la rêverie poétique. Peintre, écrivain et éditeur, Il reçoit le prestigieux Prix Apollinaire en 2011.
Que la ville au soleil s’éveille ou se rendorme
on entend sur les seuils les ombres des défunts
timides murmurer que la beauté des mortes
comme la dentelle est dans la graine du linNous ne saurons jamais de quels cris étouffés
nous naissons à la mort dans nos rêves de lymphes
ni de quels souvenirs nos lendemains sont faits
et de quels crimes nos mains nues gardent l’empreinteApprendrons-nous jamais quel souffle nous emporte
ou quel trouble désir de futures étreintes
mène nos jours éteints vers des nuits où les mortes
infidèles sans fin vivent leurs amours feintesJean-Claude Pirotte
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Par imaginelitécrit le 8 Mai 2021 à 06:53
Marie-Ange Sebasti vit à Lyon, où elle est née. Habilitée à diriger des recherches en lettres classiques, elle est également l’auteur de publications dans le domaine de la littérature grecque de l’Antiquité tardive.
Le phare inextinguible
Le sémaphore infatigable
signalant l’embellie des prochains sillagesLa tour qui prévient de l’orage
et proclame les mots
des anciens seuilsMon nécessaire de voyage
Marie-Ange Sebasti
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Par imaginelitécrit le 7 Mai 2021 à 06:15
Jean Pérol est né en 1932 dans la région lyonnaise. Il part en 1961 pour le Japon où il résidera plus de vingt ans ; Il obtient le Prix Mallarmé, en 1988, pour Asile exil (La Différence) et pour l’ensemble de son œuvre.
Je suis neuf
Je suis neuf tu m’agrandis
passe tes mains dans mes cheveux
passe tes doigts dans mes jours morts
pose tes lèvres sur mes yeuximage double du secret
fermé trois fois dans ma colère
au bord d’un soir tu apparais
mon rêve exact de chair et d’airdepuis ce lit entends la flûte
errant la nuit parmi les rues
sommeil au loin baisers de flûte
et le chant d’ombre en moi s’est tuJ’ai traversé le poids des choses
je te conduis au fil des nuits
tu as fendu la porte close
si je suis neuf accueille-moi.Jean Pérol
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Par imaginelitécrit le 6 Mai 2021 à 06:08
Née dans les Côtes D’Armor, Jacqueline Saint-Jean a longtemps vécu en Bretagne. Rédactrice de la revue Rivaginaires, membre du Comité de rédaction d’Encres Vives, participe à de nombreuses manifestations et actions pour la poésie, et anime des ateliers d’écriture depuis 1972, en France et au Maroc. Prix Xavier Grall 2007 pour l’ensemble de son œuvre poétique
On s’avance entre des épaves
de portes debout dans l’espace
comme en rêve de seuil en seuil
une présence se dérobeLa distance tressaille
Quelqu’un se tenait dans le noir
frère friable murmurant
dans la gravitation secrète des imagesJacqueline Saint-Jean
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Par imaginelitécrit le 5 Mai 2021 à 06:19
Né en 1984 à Rodez, Jean-Baptiste Pedini vit et travaille en région toulousaine. Des publications dans une trentaine de revues ainsi que des livrets chez -36° édition, Clapàs, Encres vives et La Porte. Il a reçu en 2012 le Prix de Poésie de la Vocation pour son recueil Passant l’été, publié chez Cheyne.
C’est du noir que l’on vient. Du manque de profondeur, de cette sérénité qui lentement dégorge du bois de la jetée. Un soleil timide apparaît et essore le ciel. Les dernières gouttes de pluie semblent agripper l’horizon, s’accrocher à ces instants sombres que le corps couve secrètement, les ramener à quai. Pourtant on ne bouge plus. On cherche à distinguer le phare dans les vapeurs d’obscurité. Et quand un rayon sans éclat s’étire sur l’océan, c’est tout le matin qui remonte. Les pieds font des traces rouges dans le sable. Les yeux se décollent des rêves. Et la mélancolie reste suspendue loin derrière. Comme baignée d’absence. Rincée par la lumière.
Jean-Baptiste Pedini
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