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Par imaginelitécrit le 31 Mars 2021 à 06:36
Georges Louis Godeau (1921-1999) Né dans les Deux-Sèvres en 1921. Il devient ingénieur au Génie rural tout en se consacrant à l’écriture. Il manie la langue avec le regard d’un journaliste ou d’un photographe évoquant la vie ordinaire, le travail, les vacances, les joies et les difficultés du quotidien… Mais dans ces courts textes en prose, la poésie s’immisce constamment, dans la force d’un détail, d’une image, dans ses phrases elliptiques, concrètes qui laissent toujours échapper l’invisible.
LE VRAI PRINTEMPS
Parce que le soleil s’est enfin installé dans un ciel bleu à ne pas y croire elles ont jailli de leurs manteaux, de leurs bottes, en une nuit et les voilà qui promènent maintenant sur les trottoirs les robes de l’année, à peine posées sur leurs épaules, à peine descendues
si bien que la foule en oublie de rentrer comme au soir d’une révolution.Georges Louis Godeau
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Par imaginelitécrit le 30 Mars 2021 à 06:28
Passionnée de voix et de poésie, Marie Ginet explore avec fougue la texture, le rythme et la sonorité des mots qu’elle exprime tant sur scène que par écrit.
Elle se produit depuis 2005 sur les scènes slam et poétiques de France et de Belgique sous le pseudonyme d’Ange Gabriel.e.Sensation du phare
Marcher côte à côte
vers l’écluse bleue grise l’aventure légère
saisir à plein poumons le rayon de soleil le vent tiède
et sa main dans la mienne en voilure de printempsSoir suspendu arbres en bourgeons
Paix sur le monde
qui volute en écho de sourire à ses lèvresRemonter la digue submersible
noyée de lumière
horizon de sable et de flaques bleues
sensation du phareÉcrire côte à côte
hirondelles en stridence aérienneÉcrire dit-il
même si les mots n’accostent pas la sensationAccueillir ingénus
pulsation prodigieuse la marée montanteLe bruit d’abord
coureur haletant à l’avant de la vague lenteAiles blanches soulevant leur cri dans le crépuscule
Poussée des eaux arc liquide
rebord d’ombreÉcrire geste en célébration
doux lichen des secondes immobilisant le souffleMarie Ginet
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Par imaginelitécrit le 29 Mars 2021 à 06:08
Luc Bérimont (1915 -1983) Il passe une enfance heureuse dans le Nord au sein d’une famille modeste originaire des Ardennes. Sa rencontre avec Jean Bouhier, fondateur de l’École de Rochefort sera décisive. Il s’installe à Rochefort et se reconnaît pleinement dans ce cercle poétique où se nouent de profondes amitiés. Sa poésie, puisant sa force dans la nature traduit un rêve d’unité avec une allégresse traversée cependant par une profonde inquiétude.
LA NUIT D’AUBE
Une rose a percé la pierre de la neige
Une rose a percé la pierre de l’hiver
Galopez dans le ciel, chevaux blancs des cortèges
Une rose a percé la pierre de la neige.
Une rose a tremblé sur la paille, à l’auberge
L’ange au gantelet noir roule sous les sapins
Une rose a tremblé, plus frileuse qu’un cierge
La neige lacérait le ciel ultramontain.
Édifice du temps un enfant vous renverse
Une rose, une lampe, une larme au matin.
Il suffit d’un baiser qui réchauffe la neige
Et notre rose à nous brûle déjà ta main.Luc Bérimont
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Par imaginelitécrit le 28 Mars 2021 à 06:00
Née en 1976 en Espagne, de père italien et de mère argentine, Samantha Barendson vit aujourd’hui à Lyon et travaille à l’École normale supérieure. Poète et romancière, elle aime surtout travailler avec d’autres artistes, poètes, peintres, musiciens, illustrateurs ou photographes. Elle aime ensuite dire ses textes sur scène, un peu frustrée de n’être pas une chanteuse de tango.
Il y a comme un air
De cimetière militaire
Pourtant tout est vivantCourir derrière les mouettes
Avec des cris d’enfant
Attraper les ficelles
Qui mènent aux cerfs-volantsSamantha Barendson
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Par imaginelitécrit le 27 Mars 2021 à 06:19
La poésie s'en est allée
Je la soupçonne d'être passé par chez toi
De s'être allongée dans ton lit
Et d'avoir écouté la pluie sur le toit
Elle avait si peu à confier
Pas du genre à trop s'épancher quelques mots
Qu'elle a laissé sur ton bureau
Quelques ratures au stylo
Puis elle s'en est allée
Puis elle s'en est alléeIl nous a fallu quelques jours
Pour être moins aveugle et sourd et trouver
Que l'air était un peu plus lourd
Nos épaules un peu plus rentrées et penser
Qu'après avoir tant annoncé
Un départ mille fois reporté, elle rêve
Ôter le manteau du crochet
Où depuis des siècles il pendait
Puis s'en était allé
Puis s'en était alléSommes-nous des enfants perdus?
La forêt à perte de vue pour le soir
Refuse de nous abandonner
De laisser à l'obscurité tout pouvoir
Sur notre histoire mal engagée
La pleine lune est convoquée pour déjouer
Les pièges d'une nuit trop noire
Aux abords d'un abattoir
Sans un poème pour nous sauver
Sans un poème pour nous sauverJe n'sais pas pourquoi je pensais
Qu'elle n'avait pas pu s'en aller, sans passer
Par chez toi et sur ton bureau
J'ai vu les ratures au stylo, quelques mots
Qui se sont glissés sur ma peau
Sur ton visage et sur tes mains ils ont pris
Le rythme d'un cœur en sursis
Et leur peau était faible aussi
Mais il faudrait s'y accrocher
Mais il faudrait s'y accrocherDominique A
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Par imaginelitécrit le 26 Mars 2021 à 20:50
Anne-Lise Blanchard qui fut danseuse, chorégraphe avant d’être thérapeute puis conférencière, nomadise entre Lyon, les Alpes et le Proche-Orient où elle travaille depuis 2014 au sein d’une organisation humanitaire. Elle est l’auteure d’une trentaine de livres dont plusieurs recueils de haïkus, des récits, et des poèmes en anthologie.
A l’ombre du figuier
Je recense mes paysages
tableau pour une vie
*
Voussure d’une hanche
sur un drap blanc étarqué
souvenir d’un émoi
*
Couple de gabians
face à la montagne violette
mieux qu’une carte postale
*
A pic des falaises
au delà du romarin
tenir son chapeau
*
Comme oiseaux transis
les bateaux sous la tempête
serrés flanc à flanc
*
La chair de la figue
son duvet lissé du doigt
cède sous nos dents
Anne-Lise Blanchard
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Par imaginelitécrit le 25 Mars 2021 à 06:44
Né à Paris en 1950, Zéno Bianu est l’auteur d’une œuvre multiforme, interrogeant à la fois la poésie, le théâtre et l’Orient, œuvre que Bernard Noël a pu comparer à une "sueur d’étoiles internes". En 2017, il reçoit Le Prix Robert Ganzo pour l’ensemble de son œuvre à l’occasion de ses deux livres : Infiniment proche/Le désespoir n’existe pas aux Éditions Poésie/Gallimard) et Satori Express aux Éditions Le Castor Astral.
et je nage
dans cette eau d’avant tous les ciels
en haute et douce écume
et je nage
là où tous les deltas
commencent
à remonter vers leurs sources
et je nage dans cette eau si eau
qu’elle en devient
rêve liquide
offrande de silence
mille siècles de vieZéno Bianu
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Par imaginelitécrit le 24 Mars 2021 à 06:38
Anne Marie Bernad est née à Decazeville et réside actuellement à Rodez. Elle est membre de la Société des Lettres de l’Aveyron et a été trésorière pendant dix ans des Écrivains du Rouergue. Elle a été honorée du Prix Voronca en 1973 pour son œuvre Entre sable et argile, aux Éditions Subervie
Temps
au regard vide
d’une rue
d’une fenêtre noire
page mouillée
innocence
hurlée dans l’inutile
le drame
sans un mot
concert anorexique
rire enfoui
tournant du rêve
la galaxie de l’être
s’entoure de l’étrange
l’essentiel se concentre
dans l’inépuisable
il peut naître
du noir et du blanc
une silhouetteAnne Marie BERNAD
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Par imaginelitécrit le 23 Mars 2021 à 06:31
Jean-Marie Barnaud naît à Saintes en 1937. Habitant Mougins, il collabore notamment aux revues N4728, Europe, Nu(e), entre autres…Son œuvre poétique est majoritairement publiée au Cheyne éditeur où il dirige par ailleurs, avec Jean-Pierre Siméon, la collection Grands fonds. Il a reçu le Prix Apollinaire 2010 pour Fragments d’un corps incertain publié au Cheyne éditeur en 2009, ainsi que le Prix Georges Perros pour Bleu et quoi d’autre paru au Cheyne éditeur en 2001.
TERRE EN VUE
Le plus souvent
la joie court sa chance
loin des beautés somptuaires
se nouant impérieuse à vous
soudaine dans le temps gris
où le corps s’époumone
pieds et poings liés et le dos convulsifEt la voilà chanteuse qui vous dresse
pour presque rien
rendu enfin au vrai labeur
à ce rien de liberté faroucheEt pour un peu on volerait
porté par elle depuis ces traces menues
abandonnées comme autant d’effilures :
un éclat de lumière
sur le vitrage plombé d’un immeuble
un regard dans les reflets d’une vitrine
où la foule tressaute
un visage posé là comme un phare
sur le quai
quand la dernière rame vous arrache
dans les soubresauts d’un voyage sans autre paysage
que sa boucle d’amertume
sans aventure pour les corps terrassés des voyageurs
indifférents à leur propre rumeurune terre enfin
une Italie
dans ce profil dépris de soi
dépris du temps
comme un dormeur qui s’est confié aux dieux du seuilJean-Marie Barnaud
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Par imaginelitécrit le 22 Mars 2021 à 06:14
Née le 02 août 1973 à Alès (Gard), Edith Azam est diplômée en Lettres modernes et Sciences de l’éducation. Après trois ans d’enseignement dans une école, elle se consacre à l’écriture. Elle participe à de nombreux festivals de poésie.
Chante pour cette histoire
qui danse sur nos vertèbres !
Nous sommes l’inconnu Maman
nous sommes ce grand feu
qui ne brûle que pour nous
qui ne nous brûle que nous
mais qu’importe Maman chante !
Chante pour l’impossible
pour un peu d’air voilà !
Des caissons d’oxygène !
Des océans du ciel !
La lumière des orages !
Du vent de la douceur !
Un air à emporter !Edith Azam
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