• Maurice Audejean

    Maurice Audejean (1942-1992) Berger en Camargue, amoureux de la poésie, il est filmé en 1967 par Michel Polac dans le cadre de l’émission « Bibliothèque pour tous ». Il dit alors son admiration pour René Char. Celui-ci qui voit l’interview le contacte. Une correspondance et une amitié naissent entre les deux hommes. Poésie dépouillée, proche de l’aphorisme parfois, elle exprime une certaine fragilité de la vie.

     

    Je cherche ce qui n’existe pas. Je chante ce qui n’a pas de nom.

    J’ai une grande réserve de soleils levants.

    Terre de la très douce étrangeté à soi.

    Cette pluie nous fait une respiration plus douce, le soleil lui-même coule vers les prés.

    L’eau coule, bouche ouverte.

    Au singulier, il y a tout le pouvoir du mot.

    Front, à petits coups répétés, pour franchir l’appartenance.

    La vie cristalline, la vie rosée, où s’appuie la patience.

    La vie comme un peu d’eau guérie, échappée du réel.

    Sous la neige aux petits yeux brillants, se rassemblent les fous.

     

    Maurice Audejean


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  • Nikolina Andova Shopova

    Nikolina Andova est née en 1978 à Skopje. Elle est diplômée de Littérature slave méridionale et Macédonien de l’université Saint Cyril de Skopje. Auteure de haïkus, ses textes ont été publiés dans une anthologie des nouveaux haïkus macédoniens. Elle fait partie des cinq auteurs étrangers invités en France dans le cadre de Versopolis.

     

     

    Ici tout est transpercé
    le ciel que l’on scrute dans les lunettes astronomiques
    et les chemises perforées des dossiers sur nos bureaux
    les petits hublots des cabines de bateaux lorsque nous naviguons
    et les murs massifs des églises dans lesquelles nous prions

     

    Nikolina Andova Shopova


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  • Claude AlbarèdeClaude Albarède  est né à Sète en 1937. Fils d’ouvrier et de petits vignerons, il a passé son enfance sur les contreforts du Larzac, entre les vignes et les garrigues languedociennes. Ces paysages l’ont définitivement marqué, en lui offrant l’image d’une poésie âpre et ensoleillée, où les travaux et les vents écrivent dans la pierre la mémoire des hommes et leur identité contrariée.

     

    LE POEME 

    Le poème tient dans la main
    le temps d’un voyage à fleur de chair 

    A la lisière d’un bruit fragile
    dont l’envie dure 

    Au remous des sables galants
    quand la mer se retrousse
    pour arranger l’étoile… 

    Avec ses trous d’oiseaux
    c’est la maison du printemps 

    Avec ses veines bleues
    c’est l’habité par ses douleurs 

    Avec ses feuilles
    qui ont plus que du vent à raconter
    c’est la permission de séjour 

    Avec ses fruits
    tombés à terre
    il décide des grands départs.

     

    Claude Albarède


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  • Jamila Abitar

    Poète née à Marrakech en 1969. Jamila Abitar a essentiellement travaillé dans les services administratifs universitaires puis à l’UNESCO en qualité de commis de documents à Paris. Par ailleurs, auteure de poésie, elle participe à de nombreuses lectures en France et à l’étranger.

     

    Ce soir je n’aurai de mots que pour toi,
    ô âme passagère !

     

    Écoute mon refrain,
    demain, peut-être, ne serais-je plus là,
    allongée sur les pages de l’oubli.

    Murmures, silences,
    pour écrire
    ces petits titres,
    mineurs,
    qui comme l’injustice
    ont leur pouvoir de passer
    dans la masse
    sans qu’aucun choc
    ne puisse les freiner.

     

    Jamila Abitar


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  • Le Temps De Finir La Bouteille

     

    Le temps de finir la bouteille
    J'aurai rallumé un soleil
    J'aurai réchauffé une étoile
    J'aurai reprisé une voile
    J'aurai arraché des bras maigres
    De leurs destins mille enfants nègres

    En moins de deux, j'aurai repeint
    En bleu le coeur de la putain
    J'aurai renfanté mes parents
    J'aurai peint l'avenir moins grand
    Et fait la vieillesse moins vieille
    Le temps de finir la bouteille

    Le temps de finir la bouteille
    J'aurai touché la double paye
    J'aurai ach'té un cerf-volant
    Pour mieux t'envoler, mon enfant
    Un lit doux et un abat-jour
    Pour mieux l'éteindre mon amour
    Dans une heure, un litre environ
    J'aurai des lauriers sur le front
    Je s'rai champion, j'aurai cassé
    La grande gueule du passé
    Ca s'ra enfin demain la veille
    Le temps de finir la bouteille

    Le temps de finir la boutanche
    Et vendredi sera dimanche
    J'aurai planté des îles neuves
    Sur les vagues de la mère veuve
    J'aurai dilué la lumière
    Dans la perfusion de grand-mère
    J'aurai agrandi la maison
    Pour y loger tes illusions
    J'aurai trouvé du pain qui rime
    Avec des pièces d'un centime
    Rire et pleurer, ce s'ra pareil
    Le temps de finir la bouteille

    Le temps de finir la bouteille
    Et chiche que la poule essaye
    De voler plus haut qu'un gerfeau
    Chiche que le vrai devient le faux
    Que j'abolis le noir, le blanc,
    La prochaine guerre et celle d'avant
    Les adjudants de syndicats
    La soutane des avocats
    Les carnets bleus du tout-Paris
    Le dernier-né du dernier cri
    La force, le sang et l'oseille
    Le temps de tuer la bouteille
    Le temps de tuer la bouteille

    Allain Leprest

     

    Allain Leprest est un poète-parolier et chanteur français né en 1954 dans la Manche et mort en 2011 en Ardèche. Bien qu’un des plus grands paroliers de la chanson française, il a été snobé par les médias.


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  • Heather Dohollau

    Née en 1925 au Pays de Galles, Heather Dohollau vit en Bretagne (l’île de Bréhat et Saint-Brieuc) depuis 1951. Elle a publié des recueils de poésie aux éditions Folle Avoine, un ouvrage sur Rilke "Les cinq jardins et autres textes" en 1996 où il est question aussi de Victor Segalen et de Pierre Jean Jouve.

     

     

    Le ciel passait
    Par dessus les murs
    Des jardins.
    Chacun découpait
    Son drap du jour
    L’air fut bruissant d’anges
    Mitoyens.
    Des autres
    J’avais connaissance
    Par le ciel.

     

    Heather Dohollau


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  • Claude DauberciesNé à Valenciennes en 1935, Claude Daubercies a été Prof de lettres à Lille, en IUT et en école d'ingénieurs. Il aime le St Julien, la sieste, les chiens, les chats, les vaches et certains humains. Ce qu’il n'aime pas, il préfère l'oublier.

     

     

     

     

    Petit almanach de la jardinière friponne

     

    Avez vous vu, bien vu, le jardinier tout nu
    Qui court et gesticule et qui chante et gambade
    Et fait la révérence au carré de salades
    Et se tresse un collier d’oignons dits "des vertus" ?
    Mais que faire du soleil quand on aime la vie
    Comme tout jardinier, sinon faire le fou ?
    Viens danser avec lui au milieu des choux
    Cérès aux petits pieds, bergère d’Arcadie.

     

    Claude Daubercies


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  • Júlia da Costa

    Júlia da Costa, de son nom complet Júlia Maria da Costa (1844 - 1911) est une poétesse brésilienne. Très jeune, elle se consacre notamment au piano et à la poésie. Aujourd’hui, il n’existe qu’une seule anthologie de poésie brésilienne traduite en français disponible en librairie. Il s’agit de La Poésie du Brésil parue en 2012 aux Éditions Chandeigne.

     

    Allons ! suivons en souriant le bruit des hymnes festifs,
    Que la nature dispense dans la voix de la brise
    À tous les cœurs qui croient !

     

    Ton idéal n’existe pas, c’est un vain songe,
    Mais poursuivons à la lumière des candélabres
    Cette illusion des rêves !

     

    Júlia da Costa


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  • Matthias Vincenot

    Matthias Vincenot, né en 1981, est poète, président de l’association Poésie et Chanson Sorbonne, fondateur et directeur artistique du Festival DécOUVRIR de Concèze, directeur artistique de Poésie en liberté, sociétaire de l’Académie Charles Cros. Il a publié plusieurs recueils et anthologies il a aussi créé, avec Thierry Cadet, le Prix Georges Moustaki de l’album indépendant et/ou autoproduit.

     

    CROIRE QU’ON EXISTAIT 

    Il y a ce murmure
    Ce murmure incessant, répété, éternel
    Il y a ce vide assourdissant
    Il y a ce cœur impavide, insensible,
    Il y a ce cœur inexistant
    Il y a ce murmure
    Il y a ces mots démodés, incertains
    Ces mots qui nous raccrochent à plus rien que nous-mêmes
    Et ce monde écrasant
    Et puis ce qu’on invente, ce qu’on crée, ce qu’on croit
    Mais on crève
    Dans le temps qui nous brise, nous nourrirons le monde
    Nous resterons ensemble avant ça
    Nous nous murmurerons des mots sans intérêt
    Et sans éternité
    Nous n’avons pas longtemps pour prolonger le rêve
    Celui de croire qu’on existait

     

    Matthias Vincenot


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  • Laura Vazquez

    Laura Vazquez est née en 1986, elle vit à Marseille. Elle est lauréate 2014 du prix de la Vocation pour son livre La main de la main, à paraître aux éditions Cheyne. Elle a publié dans de nombreuses revues de poésie. Elle pratique la lecture poétique performée et a lu ses textes en divers lieux et festivals. Elle publie régulièrement des vidéos de lectures et des textes sur Internet.

      

    Les mains bien noires 

     

    tu ne vas pas me laisser comme un arbre
    tu ne peux pas me laisser comme un sac
    je ne suis pas un arbre 

    mon ventre ne fait pas de miel, moi
    mon ventre ne fait pas de bruit 

    quand tu viendras, tu pourras voir
    je sais rouler les cigarettes
    je sais m’endormir en bougeant 

    je m’ennuie quand je pense à tout
    je voudrais être un château crevé
    je voudrais être un cheval pourri 

    je voudrais être vraiment simple 

    je suis en train de me graver des tatouages partout sur les yeux
    viens me toucher sur les yeux 

     

    Laura Vazquez


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