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Par imaginelitécrit le 11 Avril 2021 à 06:53
Denis Emorine est né en 1956 près de Paris. Ses thèmes de prédilection sont la recherche de l’identité, le thème du double et la fuite du temps. Poète, essayiste, nouvelliste et dramaturge, Emorine est traduit en une douzaine de langues. Son théâtre a été joué en France, en Grèce, au Canada (Québec) et en Russie.
Elle me prendra dans ses bras
Lorsqu’il sera trop tard
Et que ma tête sera vide
De tous les mots empruntés
Je ne parviendrai jamais à
Oublier le sang et la douleur
Qui ruissellent le jour durant
Je n’ai pas su apaiser le deuil
Qui souffle sur ma vie
Je voudrais parfois
M’enfuir dans une ville étrangère
Où l’exil serait tellement lourd à porter
Et mes pensées rapiécées
Les habitants que je ne comprendrais pas
Me repousseraient à coups de pierre
Vers la mer
Mon pas est lourd
Mes gestes tremblants
Je ne sais toujours pas
Vivre les yeux ouverts
Ni m’endormir et rêver
Les yeux fermés
Mais j’aimerais par-dessus tout
Vibrer au chant d’une femme
Qui s’élèverait vers moi
Dans la fertilité de l’abîmeDenis Emorine
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Par imaginelitécrit le 10 Avril 2021 à 06:00
Marie-Florence Ehret est née à Paris où elle vit toujours. Elle se déplace beaucoup pour mener des ateliers d’écriture, en France et à l’étranger. Elle a publié son premier livre en 1986, avec une préface de Bernard Noël. Puis elle a enchaîné les proses, les livres d’artistes…tous plus inclassables les uns que les autres.
Il y a des cris d’enfants, des cris violents
Le chat a fui
Les vélos passent
Les oiseaux continuent à pépier
Le soleil vient de disparaître derrière le toit
La fraîcheur de l’automne
Saisit la nudité des bras
Les quatre clochetons de l’église
Ont été refaits à neuf
Sur la tombe de ma grand-mère
Les lettres de son nom
Qui est aussi le mien
S’effacent peu à peu
Son fantôme marche à petit pas
Dans le soir tombant
Sur le chemin du mailLes cerfs font le mur
Ils sortent du parc au petit matin
Pour aller brouter les légumes
Dans les potagersMarie-Florence Ehret
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Par imaginelitécrit le 9 Avril 2021 à 06:06
J’ai exercé les métiers d’atteleur, d’aiguilleur et de chef de triage à la SNCF.
Mes premiers poèmes ont été remarqués par Jacques Charpentreau, André Parinaud et Andrée Chedid. J’organise chaque année le concours (gratuit) de Poésie Anaïs Brulet à l’intention des enfants.seul
sur un banc
de la cour d’écoletrois enfants viennent avec leurs ailes
se posentprès de moi
je récite pour eux
un poème de Verlaine
en espagnol
un poème de Federicoune petite fille me dit
qu’elle est née à Moscou
un petit garçon me dit
qu’il ne m’oubliera jamaisune autre
s’appuie à mon épauleGilles Brulet
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Par imaginelitécrit le 8 Avril 2021 à 06:57
Stéphanie Bodet, née le 14 mars 1976 à Limoges, est une grimpeuse et écrivain, française. Elle est connue pour ses expéditions ouvertures en grandes voies, souvent partagées avec son mari Arnaud Petit.
J’ai demandé la lune au rocher
J’ai pensé qu’en m’agrippant
Je sauverais l’instant
J’ai pensé qu’en m’accrochant
J’arrêterais le tempsJ’ai demandé la lune au rocher
Et j’y ai cru longtemps
M’entraînant
Soulevant des poids
Brisant des plumesJe n’ai pas vu venir
Passer
Rides années
Tout entière absorbée par le rocherJe le caresserai toujours
Car je crois au vieil amour qu’on rajeunit
De l’aile chaque jour
Mais je cède maintenant aux caprices du vent
Va mon cœur
Mène moi où tu voudrasJ’ai demandé la lune au rocher
Et j’ai cru lire un jour sur sa face
Impassible
« Oublie-la »Et j’ai reçu en partage
L’étoffe des nuages
Qui déploie ses formes étranges
Le sourire des mésanges
Le vieux pin qui là-haut
Doucement se balance
L’amour
Encordé à jamaisJ’ai demandé la lune au rocher
Et il m’a tout donnéStéphanie Bodet
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Par imaginelitécrit le 7 Avril 2021 à 06:16
Jean-François Mathé est né le 30 mai 1950, à Fontgombault, dans l’Indre. De 1970 à 1980, parallèlement à l’écriture, il se consacre au dessin d’humour. Il a reçu en 2013 le Grand Prix International de Poésie Guillevic-Ville de Saint Malo pour l’ensemble de son œuvre.
Sur de fragiles lignes de frontières,
des trains rouillés s’arrêtent.Contrebandiers, émigrants
retiennent les bruits
pour ne pas faire trembler
la lune énorme des pays repus.Les feuilles des arbres sont comme
des pas posés nulle part,
suspendus, attendant que s’effacent
les blessures qui disent d’où l’on vient.Il y a le moment d’espoir
qui s’allume comme une cigarette,
mais on sait que c’est la fumée
qui décide des lendemains.Jean-François Mathé
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Par imaginelitécrit le 6 Avril 2021 à 06:19
Mérédith Le Dez est née en 1973. Elle vit à Saint-Brieuc. Elle a créé en 2007 les éditions MLD qui ont développé pendant six ans un catalogue de littérature et poésie principalement. Poète et écrivain publiée depuis 2008, elle a obtenu le Prix Yvan Goll 2015 pour Journal d’une guerre (Folle Avoine 2013).
Couteau de la nuit
simplement posé
sur la plaineSi la gorge tranchée
du silence
offrait à nos mains
des pavots rougesMais à peine
une fleur d’écume
tremble
dans l’ombre
et s’oublie aux portes closesMérédith Le Dez
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Par imaginelitécrit le 4 Avril 2021 à 06:08
Je suis né à Cannes (06) en 1959. Petit je rêvais de l’an 2000 et m’y voici. Je lis et j’écris principalement de la poésie mais pas uniquement. Si j’aime rencontrer les poètes, j’ai grand plaisir à partir à la rencontre des lecteurs : dans leurs classes, les bibliothèques…
Maisons bleues
Je connais des maisons qui, envers et contre tout, transmettent la vie et leurs secrets. Abritent des promesses bleues. Cachent des jeux d’enfants. Complicent des amours cachées. Tissent des rêves de gosses. Chauffent de profondes espérances. Chantent comme une douce source et engrangent des provisions de rire.
Patrick Joquel
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Par imaginelitécrit le 3 Avril 2021 à 06:54
Colette Andriot est née en 1941. Institutrice, puis animatrice à la Maison de la culture de Chalon sur Saône et plus de 20 ans bibliothécaire. Maintenant à la retraite, elle met aujourd’hui en place de nombreuses animations scolaires, des rencontres avec des bibliothécaires autour de la poésie, des lectures à haute voix…
…au coin de la rue
J’écoute la nuit qui va
Comme un grand corps errant .
J’écoute la nuit qui gronde doucement, la nuit qui
souffle comme un cheval asthmatique .
J’écoute la nuit qui éclate de rire dans les étoiles filantes
hurle sa colère se déchire dans l’orage .
J’écoute la nuit qui se faufile à pas feutrés dans
les mots cherchés du poème comme une haleine fraîche
sur la peau brûlante .La nuit glisse sur la feuille .Sa respiration devient
régulière .La vie trois lettres Cette énigme
Trop loin
Je reviens à l’odeur du café
à celle de la tarte aux fruits qui inscrit l’été
dans nos mémoires .
Ici il y a des fleurs que je cultive sous la fenêtre
comme je cherche un rythme un accord .Je reviens au déroulement des gestes
à ton regard
à la volonté de tes mains .Trois lettres dans la nuit
dans l’amour.Colette Andriot
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Par imaginelitécrit le 2 Avril 2021 à 06:40
Auteur de proses poétiques, de récits et de nouvelles, Pierre Autin-Grenier (1947 - 2014) est devenu un adepte de la forme brève. On trouve ces textes brefs dans ses premiers livres (Jours anciens, Histoires secrètes, Les Radis bleus, Chroniques des faits, Légende de Zahkor) et dans ses recueils de nouvelles (Je ne suis pas un héros, Toute une vie bien ratée, L’éternité est inutile).
De longs jours et de longues nuits nous vivons en ces lieux ou les chevaux, même morts, encore cavalent a la folie, crin hérissé sous les rafales, écorniflant au gré des bruyères ou des forêts l’instant de répit qu’il faut pour éclaircir les tourments de l’infini et continuer la course, ensemble, vers de lointaines et fraternelles utopies.
Nous ne connaissons ni caparaçon ni mèche de cravache, seulement menés que nous sommes par les désordres voulus du vent, le tremblement confus des étoiles dans l’eau des lacs, l’ obstination des grands arbres a défier le carnage du temps. Le plus souvent seul le silence nous sert de signe de reconnaissance et nous savons aussi comment appréhender l’ aube sans avoir même à la nommer.
Notre liberté n’ est pas celle du cavalier pomponné comme pour la parade et caracolant sur l’esplanade en plein soleil ; elle tient au contraire tout entière dans les quelques mots fragiles que trace le poète d’une plume incertaine sous la lumière rouge de la lune.Pierre Autin-Grenier
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