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Par imaginelitécrit le 5 Février 2021 à 06:36
Robert Ganzo, né en 1898 à Caracas, mort en 1995 à Boulogne-Billancourt, est un poète d’origine vénézuélienne d'expression française. Décerné pendant le festival « Étonnants voyageurs », le prix Robert Ganzo entend saluer un poète de tempérament, un aventurier du verbe et de la vie, un passeur d’émotions et de défis, un arpenteur de grand large et d’inconnu.
Si même il ne restait qu'un écriteau sur terre : « défense de pêcher car c'est notre rivière » : nous serions révolutionnaires.
Si même il ne restait qu'un prince sur la terre, qu'un prince et sa couronne et son divin mystère, nous serions révolutionnaires.
Si même il ne restait, aux confins de la terre, qu'un douanier gardant un mètre de frontière, nous serions révolutionnaires.
Si même il ne restait qu'un canon sur la terre, rien qu'un canon et rien qu'un dernier jour de guerre, nous serions révolutionnaires
Si même il ne restait qu'un bagne sur la terre, qu'une seule catin, qu'une seule misère, nous serions révolutionnaires.
Et s'il ne restait sur la terre,
Sur terre, parmi nous enfin
qu'un prolétaire avec sa faim,
nous serions révolutionnaire
Robert Ganzo
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Par imaginelitécrit le 4 Février 2021 à 06:08
Océanographe, ethnologue, écrivain et humaniste, Anita Conti (1899-1997), née Caracotchian, dans le Val d’Oise, et morte à Douarnenez, est l’une des grandes photographes du XX siècle, l’inoubliable "Dame de la Mer ".
Pourrais-tu ignorer
Que chaque jour, Pour Toi,
un ciel entier s’éclaire ?À Tous les pas de cet élan
qu’est notre vie
À tous les jeux de cette rage
J’ai ouvert les bras
Et gémiEt sur le grand vent refermé,
Au long des temps
Mes bras heureux brûlent encore
De leur désir.Anita Conti
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Par imaginelitécrit le 3 Février 2021 à 06:13
Hubert Mingarelli : Né en1956, mort en 2020. Ce lorrain arrête l'école à 17 ans pour s'engager dans la marine. Il va donc voyager, surtout en Méditerranée.et dans le Pacifique. A son retour, il entreprend un périple à travers l'Europe, qui le conduit à Grenoble où il s'installe. Il commence à publier en 1990. Il est lauréat du Prix Médicis en 2003 pour son roman "Quatre Soldats".
J’ai ouvert la cage
J'ai ouvert la cage en pensant
il ne partira pas parce qu'il est bien ici.
En plus, j'ai posé la cage
sur le bord de la fenêtre
à côté du soleil
il y avait un peu de vent aussi.
Et la porte de la cage
s'ouvrait et se refermait
Je ne l'ai pas vu s'envoler.
Je l'ai vu sur la branche du tilleul
devant la maison
et comme il y avait du vent
les feuilles de l'arbre
le cachaient par moments
Peut-être qu'il n'était pas assez bien
ou peut- être qu'il ne savait pas
je ne sais pas
Ce soir, j'irai poser la cage
au pied du tilleul
Hubert Mingarelli
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Par imaginelitécrit le 2 Février 2021 à 06:04
Robyn Sarah est une poète canadienne anglophone. Née à New York en 1949 de deux parents canadiens, elle a grandi à Montréal. Ses œuvres sont nombreuses et diverses : poésie, fiction, essais.... Robyn Sarah possède l’étonnante habileté de rendre poétiques les petits détails d’une scène, d’un objet ou d’une situation. Ainsi, sa plume agit comme une loupe sous laquelle les moments du quotidien prennent vie.
Ça commence avec un homme seul au milieu de son champ, les yeux dans le vide;
Ça commence avec les os debout d’un orme mort, les os debout d’un orme;
Avec un enfant sur une clôture qui regarde les nuages défiler au travers de l’orme mort et qui sent lentement l’arbre tomber;
Ou avec un enfant couché dans l’herbe qui regarde les nuages défiler au travers du toit de la grange et qui sent lentement la grange tomber;
Ou avec ce même enfant, qui croit sentir la Terre tourner.
Ça commence avec un homme seul au milieu de sa grange, les yeux dans le vide;
Ça commence avec une voiture qui prend le tournant d’un chemin de terre, qui glisse dans le fossé, au ralenti, et s’immobilise à l’oblique contre un mur de buissons,
Et dans le silence, un enfant sur le siège arrière s’écrie : « J’ai peur : on va mourir! », même si la voiture s’est déjà arrêtée.
Ça commence avec un homme plus bas dans le pré, sa chemise bleue qu’on entrevoit parmi les arbres,
Ou avec une voix de femme annonçant l’heure du souper, juste avant le couchant, puis la réponse : silence et un coup de vent.
Ça commence avec un enfant qui trouve une balle de fusil vide dans la poussière sur le bord de la route et qui la glisse dans sa poche,
Ou qui trouve une taupe morte sur le bord de la route, flatte son pelage soyeux, s’émerveille devant ses mains d’homme et creuse un trou pour l’enterrer près de la grange.
Ça commence avec un homme seul au milieu d’un champ labouré, les yeux dans le vide.
Et il commence à pleuvoir sur son cou découvert, sur l’angle de ses épaules.
Et la pluie mouille maintenant les poils blondis de ses bras musclés qui pendent,
Et il pleut plus fort sur sa tête qu’il penche pour se protéger,
Il pleut sur une tête indomptable.
Robyn Sarah
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Par imaginelitécrit le 1 Février 2021 à 06:40
José Maria de Heredia (1842-1905), né à Cuba, appartient au groupe des poètes parnassiens, qui s'inscrivent en réaction contre le romantisme sentimental et intimiste. De Heredia perfectionne l’art du sonnet par sa maîtrise technique, la justesse de ses termes rares, et la précision des détails. Ses sonnets frappent l’imagination, lançant le lecteur vers l’infini.
Les conquérants
Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal,
Fatigués de porter leurs misères hautaines,
De Palos, de Moguer, routiers et capitaines
Partaient, ivres d’un rêve héroïque et brutal.
Ils allaient conquérir le fabuleux métal
Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines,
Et les vents alizés inclinaient leurs antennes
Aux bords mystérieux du monde occidental.
Chaque soir, espérant des lendemains épiques,
L’azur phosphorescent de la mer des Tropiques
Enchantait leur sommeil d’un mirage doré ;
Ou, penchés à l’avant des blanches caravelles,
Ils regardaient monter en un ciel ignoré
Du fond de l’Océan des étoiles nouvelles.
José Maria de Heredia
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Par imaginelitécrit le 31 Janvier 2021 à 06:31
Carole David (1954 - ) est une poète et écrivaine québécoise. Allant de la transparence à l’énigme, ses poèmes sollicitent l’accession à la vie, l’ouverture au monde, et le défi de l’amour.
Dans la cuisine
ma mère recousait des ailes
rapiéçait des membres
ma mère était une magicienne
elle faisait des costumes
des armures avec des pattes
des pyjamas pour chiens
des abris pour les âmes
Un jour
par une chaude journée d'été
elle est disparue
devant le barbecue
les instruments à la main
aspirée par un nuage de fumée
et d'assaisonnements exotiques
Et moi assise à la table de jardin
je pressais des citrons
pour la limonade
dans la cour inondée de lumière
Carole David
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Par imaginelitécrit le 30 Janvier 2021 à 06:24
Francis Carco (1886 - 1958) est un écrivain, poète, journaliste et parolier français. Il définit lui-même son œuvre comme « un romantisme plaintif où l’exotisme se mêle au merveilleux avec une nuance d’humour et désenchantement ».
Il pleut
Il pleut — c’est merveilleux. Je t’aime.
Nous resterons à la maison :
Rien ne nous plaît plus que nous-mêmes
Par ce temps d’arrière-saison.
Il pleut. Les taxis vont et viennent.
On voit rouler les autobus
Et les remorqueurs sur la Seine
Font un bruit... qu’on ne s’entend plus !
C’est merveilleux : il pleut. J’écoute
La pluie dont le crépitement
Heurte la vitre goutte à goutte...
Et tu me souris tendrement.
Je t’aime. Oh ! ce bruit d’eau qui pleure,
Qui sanglote comme un adieu.
Tu vas me quitter tout à l’heure :
On dirait qu’il pleut dans tes yeux.Francis Carco
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Par imaginelitécrit le 29 Janvier 2021 à 06:35
Geneviève Rousseau travaille en tant que journaliste pour enfants dans la presse scolaire belge et auteur d'ouvrages pour la jeunesse depuis une dizaine d'années. Elle participe également à différents projets d'écriture pour adultes. "Mots choisis" (2015) est son deuxième roman.
J'écris des mots bizarres, j'écris des longues histoires
J'écris juste pour rire des choses qui ne veulent rien dire.
Écrire c'est jouer
J'écris le soleil, j'écris les étoiles
J'invente des merveilles et des bateaux à voiles.
Écrire c'est rêver
J'écris pour toi, j'écris pour moi
J'écris pour ceux qui liront et pour ceux qui ne liront pas.
Écrire c'est aimer
J'écris pour ceux d'ici ou pour ceux qui sont loin
Pour les gens d'aujourd'hui et pour ceux de demain.
Écrire c'est vivre
Geneviève Rousseau
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Par imaginelitécrit le 28 Janvier 2021 à 06:56
Vaja Pchavéla, né le 26 juillet 1861 et mort le 10 juillet 1915, est un poète, écrivain et dramaturge notoire de la littérature géorgienne.
L’hôte et l’invité
Enfoui dans la nuit opaque
Et affadi par les ténèbres,
Le pays montagneux des Kistes
Se hérisse en trônes rocheux.
Une rivière crie sa peine
Au fond d'un défilé obscur.
Les montagnes se sont penchées
Et se débarbouillent, pensives :
Plus d'un expira sur leur sein,
L'eau ne les lave pas du sang.
Cet homme qui suit son chemin
Veut verser le sang de son frère.
Vaja-Pchavela
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Par imaginelitécrit le 27 Janvier 2021 à 06:27
Né en 1940 à Kirkuk en Irak, basé depuis 1983 à Berlin, Fadhil al-Azzawi a joué un grand rôle dans l’innovation poétique irakienne des années 1960. Ce poète et romancier fonde en 1969 une revue d’avant-garde irakienne qui fut interdite dès le quatrième numéro. Al-Azzawi quitte l’Irak et s’installe en 1977 en Allemagne. Son œuvre compte des romans, des essais et une dizaine de recueils de poésie en arabe ainsi qu’un recueil écrit directement en allemand.
La cheminée
Une cheminée exhale de la fumée dans le vent
Parfois elle exhale des rêves,
De la tristesse
Elle exhale des traces d’hommes
Rapportant dans la chambre la parole des anciens
Elle exhale le silence d’une femme
Entre les bras d’un homme
Se rappelant la capitale de terreur
Érigée dans le désert
Elle exhale nos souvenirs
Cette cheminée nous exhale jour après jour
Dans la nuit d’un autre ciel
Dans le vent.
Fadhil al-Azzawi
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