• Tristan Tzara

    Tristan Tzara, de son vrai nom Samuel Rosenstock, né le 16 avril 1896 en Roumanie, et mort en1963 à Paris, est un écrivain, poète et essayiste de langues roumaine et française et l'un des fondateurs du mouvement Dada dont il sera par la suite le chef de file.

     

     

     

    Pour faire un poème dadaïste
    Prenez un journal.
    Prenez des ciseaux.
    Choisissez dans ce journal un article ayant la longueur que vous comptez donner à votre poème.
    Découpez l’article.
    Découpez ensuite avec soin chacun des mots qui forment cet article et mettez-les dans un sac.
    Agitez doucement.
    Sortez ensuite chaque coupure l’une après l’autre.
    Copiez les consciencieusement dans l’ordre où elles ont quitté le sac.
    Le poème vous ressemblera.
    Et vous voilà un écrivain infiniment original et d’une sensibilité charmante, encore qu’incomprise du vulgaire.

     

    Tristan Tzara


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  • Ils cassent le monde en petits morceaux,

    Ils cassent le monde à coup de marteau.

     

    Mais ça m'est égal, ça m'est bien égal,

    Il en reste assez pour moi, il en reste assez.

     

    Il suffit que j'aime une plume bleue,

    Un chemin de sable, un oiseau peureux.

     

    Il suffit que j'aime un brin d'herbe mince,

    Une goutte de rosée, un grillon de bois.

     

    Ils peuvent casser le monde en petits morceaux

    Il en reste assez pour moi, il en reste assez.

     

    Boris Vian


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  • Karen Press

    Karen Press, née au Cap en 1956, est écrivain et éditrice depuis 1987. Elle a publié huit livres de poésie, un scénario de film, des nouvelles ainsi que des outils pédagogiques pour l’éducation. Des traductions de ses poèmes dans deux anthologies : Afrique du Sud, une traversée littéraire, Institut Français, 2011 et Poèmes d’Afrique du sud, Actes Sud, 2001

     

     

     

    Le tikolosh 

    « C’est le tikolosh
    qui a tué mon enfant, c’est le tikolosh »,
    Elle ne voulait pas en démordre. « Je l’ai vu. »
    On a eu beau lui montrer l’impact des balles,
    trouver les douilles vides et les lui montrer,
    elle n’y voyait qu’une preuve de plus.
    « Puisque j’ai même vu le pistolet. Le tikolosh en avait un gros. »

    L’idée d’un procès lui plut.
    « Ça effraiera les mauvais esprits », dit-elle,
    « même si ça ne fait pas revenir mon pauvre gosse. »
    Le policier au banc des accusés était gêné
    qu’elle le prenne pour un tikolosh.
    Á la fin il explosa, « C’était moi
    vieille folle, c’était pas un esprit nègre
    qui tenait le pistolet, je sais tirer moi! »

    Quand on l’emmena, elle insista pour l’approcher,
    lui toucha la main, il fut bien forcé de la regarder,
    elle lui dit, « pauvre type, un esprit vous hante
    et vous ne le connaissez même pas. »

    Dans sa prison, il pleura longtemps,
    car la vieille avait raison. 

     Le Tikolosh, Tikoloshe est un esprit maléfique lié à l’eau dans la mythologie zoulous. Il peut devenir invisible en avalant un galet. 

    Karen Press


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  • Dorothea Mackellar : "Mon pays"

    Isobel Marion Dorothea Mackellar (1885-1968) est une poétesse et écrivaine australienne connue sous le nom de Dorothea Mackellar. Elle écrit My Country en 1908, un des poèmes les plus célèbres d'Australie. Elle a écrit la poésie évocatrice en tant qu'Australienne nostalgique à Londres, rejetant les notions d'anglophilie de son époque.

     

     

     

     

    Mon pays 

    J’aime un pays brûlé de soleil
    Une terre de vastes plaines,
    De chaînes de montagnes irrégulières
    De sècheresses et de pluies torrentielles.
    J’aime ses horizons lointains;
    J’aime sa mer couleur émeraude
    Sa beauté et sa terreur
    Cette immense terre marron pour moi ! 

    Un pays au cœur d’opale
    Une terre insoumise et généreuse –
    Vous tous qui ne l’avez pas aimé
    Vous ne comprendrez jamais –
    Bien que la terre possède de nombreuses splendeurs,
    Où que je meurs
    Je sais vers quel pays marron
    Mes pensées s’en retourneront. 

    Dorothea Mackellar


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  • Jean-Joseph Rabearivelo

    Jean-Joseph Rabearivelo, (1901-1937), poète, dramaturge, critique littéraire et romancier de Madagascar, a publié entre autres ouvrages de poésie, des anthologies de poésie malgache. La plupart de ses écrits n'ont été publiés qu'après sa disparition. Il est considéré comme étant une figure littéraire majeure à Madagascar et également en Afrique.

     

     

    Les trois oiseaux

    L’oiseau de fer, l’oiseau d’acier,
    après avoir lacéré les nuages du matin
    et voulu picorer des étoiles
    au-delà du jour,
    descend comme à regret
    dans une grotte artificielle. 

    L’oiseau de chair, l’oiseau de plumes
    qui creuse un tunnel dans le vent
    pour parvenir jusqu’à la lune qu’il a vue en rêve
    dans les branches,
    tombe en même temps que le soir
    dans un dédale de feuillage. 

    Celui qui est immatériel, lui,
    charme le gardien du crâne
    avec son chant balbutiant,
    puis ouvre des ailes résonnantes
    et va pacifier l’espace
    pour n’en revenir qu’une fois éternel. 

    Jean-Joseph Rabearivelo 


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  • Ágnes Nemes Nagy Ágnes Nemes Nagy (1922-1991) est née à Budapest et a obtenu un diplôme d'enseignement de l'Université de Budapest . Elle a été employée par la revue pédagogique Köznevelés puis elle a enseigné au lycée. Après 1957, elle s'est consacrée à l'écriture. En 1946, Nemes Nagy a publié son premier volume de poésie « Dans un double monde ». Dans les années 1950, son propre travail a été supprimé et elle a travaillé comme traductrice, traduisant les œuvres de Molière, Racine  Corneille, Bertolt Brecht et d'autres.

     

     

    NUIT 

    Je n'avais vu pareille nuit

    Vu rien de plus noir que ce noir

    Un fouet qui cingle est cette pluie

    Délivrez-nous du mal ce soir

     

    Délivrez-nous du mal ce soir

    Je n'avais vu pareille nuit

    Du ciel monte un grand cheval noir

     

    Le haut du ciel s'épanouit.

    Sur ses pas des taches de sang

    De sang son fer est tout couvert

    L'éclair fait des sillons sanglants

    Sous la voûte ils suivent l'éclair

     

    Sillons sanglants taches de sang

    Je n'avais vu pareille nuit

    Un fouet qui cingle est cette pluie

    Délivrez-nous du mal ce soir

    Délivrez-nous du mal ce soir

     

    Ágnes Nemes Nagy (traduction : Guillevic)


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  • Dashdorjiin Natsagdorj

    Dashdorjiin Natsagdorj (1906 - 1937) était un poète, écrivain et dramaturge mongol. Fondateur de l'Union des écrivains de Mongolie, il est considéré comme l'un des pères fondateurs de la littérature mongole moderne et le premier écrivain "socialiste classique" de Mongolie.

     

     

     

     

    Ma Terre natale

     

    Eaux cristallines des rivières sacrées de Kerluren, Ono et Tuul,

    ruisseaux, courants et sources irriguant de santé mon peuple,

    bleus lacs Khovsgol, Ubs et Buir -si larges et si profonds -

    fleuves et lacs où hommes et bétail viennent étancher leur soif,

    ceci, tout ceci est ma terre natale,

    mon adorable patrie, ma Mongolie

     

    Pays de prairies pures ondulant dans la brise,

    pays des steppes ouvertes nimbées de mirages fantastiques,

    de roches fermes, d'inaccessibles hauteurs où les hommes de bien

    avaient usage de se rencontrer,

    des antiques ovoos -menhirs aux dieux et aux ancêtres -

    ceci, tout ceci est ma terre natale,

    mon adorable patrie, ma Mongolie

     

    Pays où en hiver tout est couronné de neige et de glace,

    avec les herbes scintillantes comme verre ou cristal,

    Pays où en l'été la terre n'est qu'immense tapis de fleurs

    de chants d'oiseaux des terres distantes jusqu'au Sud

    ceci, tout ceci est ma terre natale

    mon adorable patrie, ma Mongolie

     

    Dashdorjiin Natsagdorj


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  • Adélia Prado

    Adélia Prado (1935 - ), est une poétesse, enseignante, philosophe et écrivain brésilienne liée au modernisme. Ses textes littéraires illustrent la vie quotidienne guidés par la foi chrétienne et imprégnés par un aspect ludique, l'une des caractéristiques de son style.

     

     

    Canicule 

     

    À midi débouche l’ amour

    les rêves les plus frais et les plus intrigants;

    je suis où sont les torrents.

    Autour de la maison du maître s’élargit un verger sans enclos,

    pris par les bananiers, seulement des bananiers,

    hauts comme des cocotiers.

    J’ arrive et c’est au bord de la mer crépue de courants,

    des gouffres bleus.

    Il y a un danger sur la bande exiguë

    qui est de sable et qui est blanche.

    Je veux des bracelets

    et la compagnie du mâle que j’ai choisi.

     

    Adélia Prado


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  • Rabindranath Tagore

    Rabindranath Thakur dit Tagore  (1861 - 1941) est un compositeur, écrivain, dramaturge, peintre et philosophe indien dont l'œuvre a eu une profonde influence sur la littérature et la musique du Bengale à l'orée du xxe siècle. Il est couronné par le Prix Nobel de littérature en 1913. Nombre de ses romans et nouvelles ont été adaptés au cinéma, notamment par le cinéaste Satyajit Ray.

     

     

    Je sens que toutes les étoiles palpitent en moi.

    Le monde jaillit dans ma vie comme une eau courante;

    les fleurs s'épanouiront dans mon être.

    Tout le printemps des paysages et des rivières

    monte comme un encens dans mon cœur, et le souffle

    de toutes choses chante en mes pensées comme une flûte.

     

    Quand la terre est endormie je viens à ta porte.

    Les étoiles sont muettes et j'ai peur de chanter;

    J'attends et je veille, jusqu'à ce que ton ombre

    passe sur le balcon de la nuit alors je m'en retourne

    avec un cœur rempli de toi.

    Puis au matin, je chante sur le bord de la route;

    les fleurs de la haie me répondent, et l'air matinal écoute.

    Les voyageurs s'arrêtent soudain pour me regarder

    en face: ils croient que je les ai appelés par leur nom.

     

     

    Rabindranath Tagore


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  • Hester Knibbe

    Hester Knibbe est née aux Pays-Bas en 1946. Elle a travaillé toute sa vie dans le domaine de la biochimie clinique et vit à Rotterdam. Elle publie son premier recueil de poésie « Entre gestes et mots » en 1982. Son œuvre compte une quinzaine d’ouvrages qui interrogent avec acuité et distance les comportements humains. On retrouve également ses poèmes dans divers magazines littéraires et anthologies. 

     

    Nous étions les filles sans nom d'Adam

    nées en silence, sans engendrer

     

    de tapage, accomplissant muettes

    notre devoir près du feu. En sourdine

     

    nous tombions enceintes, accouchions de créatures

    innocentes, les allaitions, tentions

     

    en tout de les garder des calamités.

    Mourions sans bruit.

     

    Hester Knibbe


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