• "Mon rêve familier" - Verlaine

     

     

     

     

     

    Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
    D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
    Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
    Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.

    Car elle me comprend, et mon cœur, transparent
    Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème
    Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
    Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

    Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l'ignore.
    Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore
    Comme ceux des aimés que la Vie exila.

    Son regard est pareil au regard des statues,
    Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
    L'inflexion des voix chères qui se sont tues.


    Paul Verlaine


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  • Marguerite DurasFace à la cheminée, le téléphone, il est à côté de moi. A droite, la porte du salon et le couloir. Au fond du couloir, la porte d’entrée. Il pourrait revenir directement, il sonnerait à la porte d’entrée: « Qui est là. — C’est moi. » Il pourrait également téléphoner dès son arrivée dans  un centre de transit: «Je suis revenu,je suis a l’hôtel Lutetia pour les formalités. » Il n’y aurait pas de signes avant-coureurs. Il téléphonerait. Il arriverait. Ce sont des choses qui sont possibles. Il en revient tout de même. Il n’est pas un cas particulier. Il n’y a pas de raison particulière pour qu’il ne revienne pas. Il n’y a pas de raison pour qu’il revienne. Il est possible qu’il revienne. Il sonnerait: «Qui est là. — C’est moi.» Il y a bien d’autres choses qui arrivent dans ce même domaine. Ils ont fini par franchir le Rhin. La charnière d’Avranches a fini par sauter. Ils ont fini par reculer. J’ai fini par vivre jusqu’à la fin de la guerre. Il faut que je fasse attention : ça ne serait pas extraordinaire s’il revenait. Ce serait normal. Il faut prendre bien garde de ne pas en faire un événement qui relève de l’extraordinaire. L’extraordinaire est inattendu. Il faut que je sois raisonnable : j’attends Robert L. qui doit revenir.

     


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  • Et nos chemins qui se séparent
    Il va où, le tien ?
    Le mien ?
    J'ai l'impression qu'il va nulle part
    Et nos chemins

    Et nos chemins qui se séparent

    Un petit goût, ils avaient, de paradis
    Un petit, maintenant, goût de trop tard

    Et nos mains qui se séparent
    Elles font quoi, les tiennes ?
    Les miennes ?
    J'ai l'impression qu'elles se bagarrent
    Et nos mains
    Nos mains qui se séparent

    Un petit goût, elles avaient, de paradis
    Un petit, maintenant, goût de trop tard

    Et nos yeux qui se séparent
    Les tiens qui se ferment
    Les miens
    J'ai l'impression qu'ils se réparent
    Et nos yeux
    Nos yeux qui se séparent

    Un petit goût, ils avaient, de paradis
    Un petit, maintenant, goût de trop tard

    Couvre-toi bien si par hasard
    Tu décidais
    Au paradis
    D'aller te promener le soir
    Couvre-toi
    Couvre-toi bien si par hasard

    Il a quel goût, toi, tu sais, le paradis ?
    Un petit, maintenant, goût de va savoir

    Moi, ce soir, je vais veiller tard
    Et prendre soin
    C'est promis
    De marcher seul et au hasard
    Ce soir
    Ce soir, je vais veiller tard

    Un petit goût, ça aura de toi, mon ami
    Un petit, maintenant, goût d'à plus tard
    Un petit goût, ça aura de toi, mon ami
    Un petit, maintenant, goût d'à plus tard

    Gaétan Roussel


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  • Hervé Le Tellier (Zindien)

     

     

     

     

     

     

    Un beau jour forcément, je serai un vieux con.
    Tu vois quand on vieillit
    On s’en va de la caisse, on part du carafon,
    il se peut même que je sois un très vieux con
    (Il faudra me le dire)
    Mais à choisir si on pouvait choisir,
    Je préfèrerais devenir
    Un con très vieux
    Plutôt qu’un vieux très con.

     

    Hervé Le Tellier


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  • Autour de l'amour

    Au-dessus de nous, des nuages font
    et défont le paysage du ciel,
    rappelant que le temps est compté
    d’avoir des ailes et de danser.
    Danser seule ne me plaisait pas,
    je voulais danser avec toi.
    Avec toi, toujours, dans la lumière
    des beaux matins.
    Voir les doux paysages du désir,
    les villes de soie et d’ambre.

     

    Francis Dannemark (Le Castor Astral)


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    Dis papa
    des histoires à raconter
    y en aurait combien ?

    C’est à l’infini !

    Mais combien
    même à peu près ?

    On ne peut pas compter !
    C’est à l’infini
    et l’infini
    n’a pas d’à peu près

    Autant que des mites ?

    Je ne sais pas

    Autant que des rats ?

    Ma foi !

    Autant que quoi
    à ton avis ?

    Autant que des sardines
    que des papillons
    Autant qu’il y a de chevaux
    et d’hirondelles
    autant et même plus !

    Et même plus ça ferait combien ?

    Et même plus ça ferait des histoires
    à n’en plus finir

    Ah ! C’est bien !
    Dis papa
    tu m’en diras plein ?

     

    Philippe de Boissy  


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