• Théophile Gautier "Noël"

    Théophile Gautier, né en 1811, est un poète, romancier et critique d'art français. Il meurt en 1872 laissant l'image d'un témoin de la vie littéraire et artistique de son temps dont les conceptions artistiques ont compté et dont l'œuvre diverse est toujours reconnue.

     

     

     

     

    Le ciel est noir, la terre est blanche ;
    - Cloches, carillonnez gaîment ! -
    Jésus est né ; - la Vierge penche
    Sur lui son visage charmant.

    Pas de courtines festonnées
    Pour préserver l'enfant du froid ;
    Rien que les toiles d'araignées
    Qui pendent des poutres du toit.

    Il tremble sur la paille fraîche,
    Ce cher petit enfant Jésus,
    Et pour l'échauffer dans sa crèche
    L'âne et le bœuf soufflent dessus.

    La neige au chaume coud ses franges,
    Mais sur le toit s'ouvre le ciel
    Et, tout en blanc, le chœur des anges
    Chante aux bergers : " Noël ! Noël ! "

     

    Théophile Gautier


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  • Fagus "Noël"

    Fagus est le pseudonyme de Eugène Faillet, poète, critique d’art, qui est né à Bruxelles en 1872 et mort à Paris en 1933.

     

     

     

     

     

    Tant l’on crie Noël,
    Qu’à la fin nous vient.
    Tout mon cœur appelle
    Noël, Noël !
    Tout mon cœur appelle
    Tant il se souvient.

     

    Dame neige est en voyage
    Sur les routes de l’hiver ;
    Les oiseaux du voisinage
    Se sont enfuis par les airs.

     

    Seul, le rouge-gorge appelle
    Avec sa fluette voix ;
    Il fait : Noël, Noël !
    À tous les échos des bois.

     

    Tant l’on crie Noël,
    Noël, Noël !
    Tant l’on crie Noël
    Qu’enfin on le voit.

     

    L’espérance est en voyage ;
    Dans les bois flambe le houx ;
    Le petit enfant bien sage
    Rêve au bonhomme aux joujoux.

     

    Tant l’on crie Noël,
    Noël, Noël,
    Tant l’on crie Noël
    Qu’il s’en vient à nous.

     

    Fagus


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  • Prévert "Noël des ramasseurs de neige"

    Jacques Prévert est un poète, né en 1900 et mort en1977 à Omonville-la-Petite (Manche).Auteur de recueils de poèmes il devint un poète populaire grâce à son langage familier et à ses jeux sur les mots. Ses poèmes sont depuis lors célèbres dans le monde francophone et massivement appris dans les écoles françaises.

     

    Nos cheminées sont vides
    nos poches retournées
    ohé ohé ohé
    nos cheminées sont vides
    nos souliers sont percés
    ohé ohé ohé
    et nos enfants livides
    dansent devant nos buffets
    ohé ohé ohé


    Et pourtant c’est Noël
    Noël qu’il faut fêter
    Fêtons fêtons Noël
    ça se fait chaque année
    Ohé la vie est belle
    Ohé joyeux Noël

     

    Mais v’là la neige qui tombe
    qui tombe de tout en haut
    Elle va se faire mal
    en tombant de si haut
    ohé ohé ého

     

    Pauvre neige nouvelle
    courons courons vers elle
    courons avec nos pelles
    courons la ramasser
    puisque c’est notre métier
    ohé ohé ohé

     

    jolie neige nouvelle
    toi qu’arrives du ciel
    dis-nous dis-nous la belle
    ohé ohé ohé

    Quand est-ce qu’à Noël
    tomberont de là-haut
    des dindes de Noël
    avec leurs dindonneaux
    ohé ohé ého !

     

    Jacques Prévert


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  • Pierre Gamarra "Présence"

    Pierre Gamarra est un écrivain français né en 1919 et mort en 2009. Il est romancier, poète et critique. Il est aussi l'auteur d'essais et de pièces de théâtre. Pierre Gamarra est particulièrement connu à travers son œuvre pour la jeunesse, fréquemment enseignée dans les écoles.

     

     

     

     

    PRÉSENCE

      

    Ne bouge pas. Écoute.

    Quelqu'un viendra ce soir,

    Peut-être...

    Les rideaux se balancent.

    Le ciel est plein de fraises

    Et de lis.

     

    Écoute les paroles

    De la brise, écoute

    Les longs murmures

    Du crépuscule,

    Écoute les chansons bleues

    Des arbres,

    Les silences de la rue. 

     

    Ne bouge pas. Regarde.

    Quelqu'un viendra ce soir,

    Peut-être.

    Une porte a gémi

    Avec finesse. 

     

    Regarde au fil des rues

    Les colliers des feux rouges.

    Toutes les voitures

    S'éloignent

    Vers des maisons de velours noir.

    Regarde. Les portes de l'ombre

    Vont s'ouvrir.

     

    Pierre Gamarra


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  • Sylvie Fabre G.

    Sylvie Fabre G. est une poète née à Grenoble en 1951. Professeur de lettres, elle a enseigné en Bourgogne puis en Isère. D’une écriture au lyrisme maîtrisé, traversée par une interrogation métaphysique, son œuvre, poésie, prose poétique et récit, a pour thèmes principaux l’enfance et la femme, le paysage et l’art, l’amour, le temps et la mort. 

     

    Neige la neige

    l’enfant tend les doigts

    gants blancs

    enfilés de mémoire

    il neige

    l’oubli floconne

    sur le lierre

    les statues

    sur la grille vieillie

    du jet d’eau

    sur le poème qui claque des mots

    il neige

    dessus la douleur

    et dessous l’oreiller du froid

    des fleurs

    des pierres

    la petite voix loin

    étouffe

    dans le temps, murée

    neige la neige

    le mort tend la langue.

     

    Sylvie Fabre G


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  • Jules Laforgue

    Jules Laforgue, né à Montevideo en 1860 et mort à Paris en 1887, est un poète du mouvement décadent français. Il jouait avec les mots et en créait fréquemment. Il refusait toute règle de forme pour l’écriture de ses vers. Les écrits de Jules Laforgue sont empreints d’un fort mal de vivre – son spleen –, par le sentiment de malheur et la recherche vaine de l’évasion.

     

     

     

     

    Notre petite compagne 

    Si mon Air vous dit quelque chose,
    Vous auriez tort de vous gêner ;
    Je ne la fais pas à la pose ;
    Je suis La Femme, on me connaît. 

    Bandeaux plats ou crinière folle,
    Dites ? quel Front vous rendrait fou ?
    J’ai l’art de toutes les écoles,
    J’ai des âmes pour tous les goûts. 

    Cueillez la fleur de mes visages,
    Buvez ma bouche et non ma voix,
    Et n’en cherchez pas davantage…
    Nul n’y vit clair ; pas même moi. 

    Nos armes ne sont pas égales,
    Pour que je vous tende la main,
    Vous n’êtes que de naïfs mâles,
    Je suis l’Éternel Féminin ! 

    Mon But se perd dans les Étoiles !….
    C’est moi qui suis la Grande Isis !
    Nul ne m’a retroussé mon voile.
    Ne songez qu’à mes oasis…. 

    Si mon Air vous dit quelque chose,
    Vous auriez tort de vous gêner ;
    Je ne la fais pas à la pose :
    Je suis La Femme ! on me connaît.

     

    Jules LAFORGUE

    (Ce texte a été chanté par Juliette Gréco)


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  • Inger Hagerup

    Inger Hagerup (1905 - 1985)  était une poétesse et traductrice norvégienne. Écrivant en norvégien bokmål, c'est l'une des poétesses norvégiennes des années 1900 les plus connues.

     

     

     

     

    Je suis le poème que personne n’a écrit.
    Je suis la lettre qu’on brûle sans cesse.

    Je suis le sentier jamais emprunté,
    la note sans mélodie.

    Je suis la prière de la lèvre muette.
    Je suis le fils d’une femme non née,

    une corde qu’aucune main n’a encore tendue,
    un brasier jamais encore allumé.

    Réveille-toi ! Délivre-moi ! Soulève-moi !
    des terres, des monts, de l’esprit et du corps !

    mais rien ne répond à mes prières.
    Je suis les choses qui n’arrivent jamais.

     

    Inger Hagerup


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  • Seamus Heaney

    Seamus Heaney est un poète irlandais, né en 1939 en  Irlande du Nord, et mort à Dublin en 2013. Il est un des poètes anglophones les plus connus du xxe siècle et très apprécié dans le monde anglo-saxon, pour une poésie mêlant l'évocation sensuelle de la nature et du cadre celtique à la violence désespérée de la situation politique actuelle en Irlande du Nord. Il a reçu le prix Nobel de littérature en 1995.

     

     

     

    Depuis la frontière de l’écriture

     

    L’oppression et le vide autour de cet espace
    quand, l’auto arrêtée sur la route, l’armée 
    examine sa marque et sa plaque et, tandis qu’à la vitre

    un soldat se penche, tu en aperçois d’autres 
    sur la colline au-delà, qui observent 
    derrière leurs mitrailleuses pointées sur toi

    et tout est pure interrogation 
    jusqu’à ce qu’un fusil bouge et que tu avances 
    accélérant avec prudence et détachement –

    un peu plus vide, plus épuisé, comme toujours 
    par ce frissonnement de l’être, 
    soumis pourtant, et docile.

    Et tu conduis vers la frontière de l’écriture 
    où tout recommence. Les mitrailleuses sur leurs trépieds ; 
    le sergent qui répète au talkie-walkie

    ton état-civil, attendant le braillement 
    qui te libérera ; et le tireur d’élite 
    qui te vise depuis le soleil comme un faucon.

    Et soudain tu es au-delà, suspect mais libre, 
    comme ayant gagné au travers d’une cascade 
    le sombre courant d’une route asphaltée,

    passant les voitures blindées, fuyant entre 
    les soldat postés qui affluent et refluent 
    pareils à l’ombre des arbres sur la vitre luisante.

     

    Seamus Heaney 


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  • Viola VOß

    Viola Vob (1977 - ). Depuis 1996, elle fait des études de philologie française et allemande et de linguistique générale. Elle s’intéresse à tout ce qui concerne la langue et la musique classique.

     

     

     

     

    PLEIN D’ESPOIR

     

    je regarde
    par la fenêtre pendant des heures entières
    peut-être que, par hasard, tu passeras

    j’emmène
    mon téléphone au lit
    peut-être que, par hasard, tu m’appelleras

    je rêve
    de me retrouver dans tes bras
    peut-être que cette nuit il pleuvra des étoiles

     

    Viola VOß


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